Les hommes sont souvent d'une simplicité enfantine, assoiffés d'attention et vulnérables quand ils se sentent négligés. Comme une toile vierge attend un artiste, ils sont prêts à faire mille choses pour attirer un regard ou une once de reconnaissance. Les enfants pleurent pour obtenir ce qu'ils veulent ; les hommes, eux, sortent leur portefeuille. La comparaison pourrait s'arrêter là, mais j'éprouve un plaisir coupable à les voir sourire triomphalement quand je leur accorde enfin un peu d'attention. Ils se réjouissent de cette victoire, sans se douter que la véritable stratège, c'est moi.
Je franchis le seuil du bar, sanctuaire des cocktails les plus enivrants, aimant à puissants et célèbres de ce monde. Ce lieu, théâtre de mes escapades nocturnes, où se côtoient magnats de la finance londonienne, banquiers en pleine séduction commerciale, voire des ministres de passage, devient mon domaine de prédilection.
Dans son élégance discrète, le bar déploie une atmosphère cosy, bercée par la lumière tamisée et la mélodie évocatrice d'un pianiste solitaire, comme échappé d'un film de gangsters des années 80. Les regards se braquent sur moi dès mon entrée, désir et envie se lisant aisément dans les yeux de ces messieurs. Ignorant ces regards, je poursuis ma route, vêtue d'un pantalon au tombé impeccable, d'une blouse Etro vaporeuse et de mes escarpins Jimmy Choo, cadeaux d'un ancien amant.
Peu après m'être installée au comptoir, un Bloody Mary m'est servi, reflétant la couleur de ma manucure. C'est alors qu'un homme tente sa chance, s'approchant avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
- Puis-je vous offrir un verre ?, lance-t-il, espoir teinté d'audace dans la voix.
Mon regard, d'abord fixé sur mon verre, se lève lentement vers lui, chargé d'un mépris feutré. Sa proposition, bien que prévisible, ne suscite chez moi qu'indifférence. Son allure, tentant vainement d'impressionner par une montre Omega et un costume aux antipodes de l'élégance, trahit ses aspirations. Un sourire poli suffit pour clore l'échange, avant même qu'il ne prenne réellement forme.
- C'est gentil, mais non merci, dis-je, détournant le regard pour signifier la fin de notre interaction.
Il insiste, maladroit, mais un nouveau refus, plus ferme, le convainc de battre en retraite. Je reprends ma contemplation du bar, jusqu'à ce que mes yeux croisent ceux d'un homme en retrait, dont le regard intense et la silhouette taillée par un costume Armani ne tardent pas à captiver mon attention.
Notre échange est bref ; il comprend vite que le jeu a commencé.
Je soutiens son regard, plongeant dans l'océan de ses yeux d'un bleu profond, et une subtile tension électrique s'installe entre nous. Il sourit légèrement, un sourire empreint de confiance et de mystère. C'est un défi silencieux, un jeu de pouvoir qui commence sans un mot.
Il s'avance avec une élégance mesurée, chaque pas calculé, maîtrisé. Le costume Armani épouse parfaitement sa silhouette, soulignant une stature imposante et une assurance naturelle. Lorsqu'il atteint le comptoir, il ne demande pas la permission de s'asseoir à côté de moi ; il le fait avec une autorité tranquille, comme s'il avait déjà conquis cet espace.
Je lui adresse un regard énigmatique avant de détourner du regard. Ses mouvements sont fluides et gracieux, et je sens son parfum boisé, subtilement entêtant.
- Je suis en ville depuis que quelques semaines, mais je surpris de ne pas vous avoir vue ici auparavant. dit-il en commandant un verre de whisky, sans détourner le regard de moi.
« Peut-être que vous ne regardez pas assez attentivement. » répliqué-je avec un sourire en coin, savourant la tension qui monte entre nous.
Il rit doucement, un son riche et velouté qui résonne agréablement à mes oreilles.
- Vous avez raison. Je devrais peut-être corriger cela.
Le barman revient avec son whisky, qu'il porte à ses lèvres, sans me quitter des yeux. Je sens son regard m'examiner, m'analyser, et il me semble qu'il voit au-delà de mon apparence soigneusement façonnée. Cela m'intrigue et m'effraie à la fois.
- Et vous, que faites-vous dans un endroit comme celui-ci ? demande-t-il finalement, une lueur de curiosité sincère dans ses yeux.
- Je cherche des moments d'évasion. dis-je en haussant les épaules avec nonchalance. Et vous ?
- Je suis ici pour affaires, mais parfois les affaires et le plaisir s'entremêlent.
- Les affaires et le plaisir, hein ? Je joue avec mon verre, laissant la tension s'épaissir entre nous. Et où commence l'un et finit l'autre pour vous ?
Il prend une gorgée de son whisky, ses yeux brillant d'une intensité brûlante.
- Parfois, il est difficile de les distinguer. Mais ce soir, j'ai l'impression que le plaisir l'emportera. dit-il en se penchant légèrement vers moi, réduisant la distance entre nous.
Cette proximité soudainement intime me fait frissonner, mais je refuse de montrer la moindre faiblesse. Le jeu est en cours, et je suis déterminée à en rester la maîtresse.
- Eh bien, » dis-je en relevant le menton, un sourire provocateur aux lèvres. Voyons jusqu'où ce plaisir peut nous mener.
La nuit s'annonce longue et pleine de promesses, et je suis prête à explorer chaque recoin de ce jeu.
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Usurpatrice Tome 1 : Tentation (EN REECRITURE)
ChickLitMia 23 ans, a tout pour plaire. Depuis son plus jeune âge, elle s'est toujours servie de son physique plutôt avantageux pour obtenir tout ce qu'elle désire. Sa soif d'argent, de pouvoir et de domination la pousse à manipuler, séduire et jouer avec l...