4. Troubles sur le chemin

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   Ma reprise de connaissance fut terriblement douloureuse. Ma joue droite était littéralement en feu. Je ne pouvais pas me voir mais j'étais certain que les chausses renforcées de Vetrov m'avaient laissé des dégâts. J'étais allongé dans la cage et en face de moi Vlad le galeux me fixait avec un grand sourire.

   -   Alors ? Bien dormit ? T'es vraiment plus con que t'en a l'aire toi ! T'enfuir et puis ensuite te rendre bien sagement. Tu croyais quoi qu'il allait te faire un câlin ? Hahahaha ! Quoi qu'il en soit tu te démerde pas trop mal avec un arc. T'étais quoi avant ? Chasseur ?

   -   Tu pourrais te taire ? Grommelais-je douloureusement.

   Je passais ma main sur mon visage et y sentit une éraflure. Sans ce froid elle se serait déjà probablement infectée. Voilà qui devrait m'apprendre à aider des chevaliers de Strav. Quelle connerie... Je tournais la tête et remarquais que le vieux prêtre avait bien disparu.

   -   Il s'est fait la mal. Glissa Melty. Tu le poursuivais non ?

   -   Il s'est passé quoi dans les bois alors ?

   -   Rien du tout.

   -   Peu importe... ce type ne m'inspirais pas confiance je suis content qu'il soit plus là. Même si j'aurais préféré le voir crever, il survivra probablement pas dehors sans eau ni rien à manger.

   J'ignorais ce qu'il venait de dire et m'étirait pour faire état des dégâts. Les plaies de mon séjour en prison étaient en bonne voie pour guérir totalement. Je soulevais la couverture pour savoir combien les engelures m'avaient pris d'orteils et fus on ne peut plus surpris de trouver à mes pieds des semelles en toiles lassées. Je levais un œil interrogateur vers le Leprechaune qui écarta les mains avec une grimace ignorante.

   -   C'est Vetrov qui te les a données. Dit Melty. Pour avoir aidé pendant l'attaque l'autre nuit.

   -   Et qui c'était au final ?

   -   Des Olavéens selon les chevaliers. Probablement des rescapés d'une bataille qui ont brigandé pour survivre.

   -   Alors les tribus de l'Ouest n'ont toujours pas cessé le combat...

   -   Peu importe au final c'est à Starv qu'on va. Pourquoi t'a l'aire toute contente microbe ? On est en route pour servir de chair fraîche à ceux du Nord. Et me colle pas comme ça putain j'suis pas ta putain de nourrice bordel.

   -   Arrête de dire putain tout le temps ! Et j'ai jamais eu de nourrice !

   -   Ferme ton putain de...

   -   Pourquoi t'es là ? Dis-je pour arrêter leur querelle trop bruyante.

   -   J'étais dans une bande. On volait des trucs, on se battait et on survivait comme on pouvait. Et puis un mercenaire nous est tombé dessus. Il a tué tous les autres et à vendu ma peau au bailli.

   -   Toi t'étais dans une bande de voleurs ? Et vous voliez quoi ? Railla Vlad le galeux. Des pommes ?

   -   On attaquait des marchands ambulants.

   -   Rien que ça ! Comment des marmots ont pu croire que ça finirait autrement ?

   -   C'était ça, ou crever de faim.

   Je ne répondis rien. C'était une histoire banale par ici. Les gens avaient froids, ils avaient faim alors ils faisaient ce qui était nécessaire pour survivre. C'était bien là le plus grand point commun de toutes les races. Peu importait, j'avais posé la question uniquement pour qu'ils arrêtent de crier. La réponse ne m'intéressait pas vraiment. Je me rallongeai et farfouillai dans mes linges pour retrouver ma pièce et commençait à jouer avec. Manquant de la perdre à chaque fois que le chariot roulait dans un trou ou sur une pierre. L'odeur n'avait fait qu'empirer depuis la bataille. Peut-être était-ce dû aux trois cafards qui moisissaient dans une cage ou peut-être était-ce tout simplement le cadavre du chevalier mort la veille qu'ils avaient mis dans l'autre chariot. Quoi qu'il en soit je commençais à être pressé d'arriver à Starv. Les mouches commençaient à devenir gênantes.

Copper CoinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant