22. Nid de guêpes

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   -   Skaya ? Qui est-ce ? Je n'ai jamais entendu parler de cet homme. Affirma le seigneur innocemment en allumant sa pipe.

   Mon regard s'étreignit et les mots s'étranglèrent dans ma gorge alors que ma main se refermait sur la lettre de Natalya.

   -   Nos informations disent qu'il est retenu prisonnier dans cette ville et est sera exécuté dans la semaine qui vient. Insistais-je.

   -   Je suis désolé que vous ayez fais cette route pour rien... Mais votre homme n'est pas ici. J'assiste à chaque jugement dans cette citée et une exécution ne passerai pas inaperçue. De quoi était-il accusé ?

   -   Peu importe. Dis-je alors. S'il n'est pas ici, cette discussion n'est qu'une perte de temps...

   -   Je suis conscient des dangers que vous avez dû braver pour arriver jusqu'ici. Dit le seigneur Vysotsky d'un air conciliant. Je suis navré de ne pouvoir accéder à la demande du clan Iegorov. Vous vous offrirai bien entendu le gîte et le couvert à l'abri des murs de Trigislavit pour le restant de l'hiver.

   -   Merci de votre hospitalité. Dis-je poliment avant de faire demi-tour.

   Sasha qui m'accompagnait me suivit à l'extérieur où nous retrouvâmes le reste du groupe. Dès lors que nous passâmes la porte, mon expression de « déconvenue » se transforma en une froide détermination.

   -   Il a dit quoi ? Demanda Melty.

   -   Pas ici. Dis-je en jetant des regards furtifs aux va-et-vient des hommes du fortin.

   Nous nous éloignâmes sous les regards de la garde. Une fois assez loins, je reportais l'entrevue au groupe.

   -   J'imagine que tu ne le crois pas... Dis Solomone. Qu'est-ce que tu comptes faire ?

   -   Si le seigneur refuse de nous aider, on est enchaînés. Affirma Vlad. Un mot de sa part et on nous jette dehors.

   -   S'ils ont pris soin de nous jusqu'à présent c'est parce que tu ne leur avais rien dit sur le motif de notre venue, je me trompe ? Reprit Solomone.

   -   C'est ce que je crois. Mais je crois aussi que cet Aldrich est bien là, quelque part. Il n'y a qu'une poignée d'Archers Noirs dans tous l'Empire. Les cadavres ambulants qu'on a vus ne sont pas sortis de nulle part.

   -   On le cherches alors ?

   -   Non. On accepte gentiment l'hospitalité du seigneur Vysotsky. Dis-je en fixant un garde qui avait ralenti sa marche en nous croisant.

   -   Il va nous surveiller l'enfoiré...

   -   Bon ben, si on peut rien faire pour cet Aldrich allons à la taverne ! Lâcha mollement Vlad.

   -   Oh, la fer... Cracha Sasha avant d'être interrompu.

   -   Bonne idée. Dis-je alors.

* * *

   La lumière du soleil commençait déjà à disparaître au travers des nuages. La température chutait, mais nous n'étions plus dehors. Les braseros brûlaient de plus belle entretenus par un bois fabriqué par quelque sorcellerie. Un feu que nul gel ne pourrait éteindre et qui, contrairement aux simples torches, se consumerait toute la nuit durant. Voilà bien des mois que je n'avais pas touché à de l'alcool. Il en était sûrement de même pour les autres. S'empoisonner lentement en plein hiver. Maintenant je comprenais mieux. Avoir le luxe de boire au chaud et à l'abri, de se rendre vulnérable, d'être détendu... c'était une manière pour tous de cracher au visage de ce ciel glacial. De lui dire que nous n'étions pas si faibles et que nous pouvions bien survivre sans son approbation. Les dieux nous avaient donné cette force. C'est pour cette raison que les villageois venaient boire même en hiver.

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