Musique : Andrey Sychra - Four éttudes : Etude No. 1
Au loin des hurlements canins raisonnaient dans les montagnes d'une manière tout à fait surprenante. Tout autre son était avalé par la neige, mais la voix des loups elle portait loin. Comme pour nous avertir que ce territoire était le leur. Comme pour nous dire « vous êtes les chassés » et non l'inverse. Cela nous l'avions bien compris. Après avoir été harcelés deux jours durant par ces créatures nous étions à bout. Impossible de récupérer de nos blessures, impossible de de dormir ou d'avancer sans avoir l'impression d'être observés depuis les bois. Nous avions donc trouvé de grands pins et nous étions abrités en grimpant. C'était la veille au soir, une longue nuit était passée et ils n'avaient cessé de nous rappeler leur présence pour nous empêcher de fermer l'œil. Nous étions gelés. Je ne sentais plus mes jambes ce qui était une bonne chose au vu de l'état de ma blessure. Je tremblais de tout mon être et chaque brise glaciale était un millier de poignards qui pénétraient mon gambison déchiré. A chaque fois que je baissais la tête pour regarder en bas, ils étaient là à nous fixer de regard. Couchés dans la neige à atteindre que nous mourrions de froid.
Une terrifiante malice gisait au fond de leur regard. De grands loups gris et blancs. Beaucoup d'entre eux. Aucune idée de leur nombre exact. J'arrivais tout juste à rester conscient alors de là à les compter... Je leur avais décoché quelques flèches hier mais c'était bien futile. Je n'étais plus capable de viser juste et mon carquois était bien vide. Je rêvais d'un feu et d'un bon repas chaud. Je serrais les dents en regardant ces saloperies attendre que le fruit tombe de l'arbre. Mourir gelé ou dévoré vivant ? Sacrée choix... Je vis du coin de l'œil Vlad qui tournait de l'œil et qui commençait à glisser doucement de sa branche.
- Hey ! Dis-je aussi fort que mes poumons le pouvaient.
Impossible, il ne m'entendait pas.
- Bouge ton sale cul le galeux ! Hurla Sasha depuis l'arbre adjacent.
Vlad se tortilla comme un vers tiré de sa léthargie et glissa pour de bon avant de s'agripper à la branche de toutes ses forces. Les loups dressèrent leurs museaux prêts à sauter sur le morceau de viande pendu au-dessus du sol comme une énorme pomme sucrée. Le Leprechaun se hissa de nouveau et se recroquevilla contre le tronc en soufflant comme un bœuf.
- Sales fils de pute ! Hurla le rouquin. Même si je crève vous aurez pas une miette enfoirés !
- Va falloir trouver un moyen de se barrer de là... Souffla Solomone.
- Super idée ça ! Cracha Charbonnier. Vas-y en premier on te regarde.
- Je propose qu'un de nous saute et leur serves de repas pendant que les autres tentent leur chance ! Dis-Vlad de nouveau bien conscient.
- Te gênes pas surtout. Soufflais-je.
Les heures passèrent alors que le soleil continuait sa course derrière les nuages gris. C'est alors que quelque chose se passa. Un frisson, un brin d'air glacial qui avait quelque chose de bien plus dérangeant que le froid. Les loups dressèrent leurs oreilles et se mirent un à un à quitter leur surveillance pour s'éloigner. Le vent se leva rapidement et alors que Vlad s'agitait pour quitter son perchoir, on l'interrompit brutalement.
- Reste où t'es ! Cracha Solomone qui avait senti quelque chose lui aussi.
Mon odorat ne me trompait pas non plus. Une puanteur insoutenable s'était répandue dans la forêt. Cela ressemblait vaguement à la pestilence qui régnait dans l'antre des Barbegazis. La température se mit alors à chuter et d'épais flocons blancs commencèrent à tomber du ciel poussés par un vent fantomatique. Ce phénomène, nous le connaissions tous car c'était une histoire populaire pour effrayer les enfants. Il était bien trop tard pour fuir désormais et chacun d'entre nous avait compris que quelque chose de bien terrible s'approchait. Je me recroquevillais encore plus contre le tronc alors que les bourrasques sifflaient dans mes oreilles. Une sensation de panique m'envahit tout à coup à l'idée de la rencontre qui s'annonçait. Mes muscles endoloris se tendirent et je fus comme paralysé. La peur ne m'avait jamais empêché de bouger. Mais cette odeur-là me tétanisait sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. La putréfaction de mille cadavres ne saurait égaler cette abjection.

VOUS LISEZ
Copper Coin
Fantasi"Regarde moi, et dis-moi quel espoir en toi n'est pas mort ?" Seul l'hiver m'est tendre et seule la mort réchauffe ma couche. Je combattrais le Peuple Gris au Nord, les éleveurs de bêtes du Sud et tout être que les dieux mettront sur ma route. Pour...