1_Rencontre PvI

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Je sentais sur ma peau le vent froid se lever. La nuit allait tomber, vers dix-huit, comme tous les soirs. Tenant mon panier dans une main, je longeais un mur de pierre, loin de la rue animée par les vendeurs et les acheteurs. La nourriture se faisant rare, les premiers se servaient le plus possible, tandis que les derniers devaient souvent se contenter d'un morceau de pain et d'une pomme pour la famille. Étant presque invisible pour la plupart des gens, je savais me frayer un chemin dans ce monde bousculant pour pouvoir remplir les estomacs qui n'attendaient que d'être nourri. Ici, la vie était bien plus dur qu'en haut, même si la menace était omniprésente. En un sens, nous avions plus de chance qu'eux, nous étions protégés des titans, mais la famine, la puanteur, les voleurs et tueurs régnaient en maître sur l'immense ville souterraine.

Les bruits permanent des petites bêtes me troublaient dans mon avancé. J'avais beau habiter ici depuis un long moment, mon ouïe ultra sensible n'arrivait toujours pas à effacer à moitié des bruits parasites. Et en parlant d'eux, j'entendais des petits pas, discret derrière moi, qui me suivaient depuis quelques ruelles. Je m'arrêtais un instant, et ces bruits de stoppèrent net. Sans bouger, je sentis que des petites mains s'approchaient de moi, où plutôt de mon panier d'où ressortait un pain chaud qui ne tenait pas sous le morceau de tissus. Les menottes s'en rapprochèrent, jusqu'à ce que j'attrape le pain d'un geste vif. Le petit garçon poussa un petit cri, rabattant ses mains près de lui, mais immobilisé par la surprise de mon geste. Je me retournais vers lui, et baissais la tête. Il faisait à peine un petit mètre, et devait avoir entre cinq et huit ans. Il était petit pour son âge, me dis-je. Alors je m'accroupie pour me mettre à sa taille. Il ne bougeait pas, me fixant, de sa respiration rapide et saccadée.

- Tu as faim, non ? lui demandais-je doucement en lui tendant le pain entier. Tiens, prends le ! Tu as certainement plus faim que moi.

Il sembla hésiter, se rapprocha d'un pas vers moi, puis prit doucement le pain de mes mains. Il le porta à son visage, le sentis, et croquant dedans à pleine bouche. Je gloussais en entendant son estomac gargouiller.

- Vas y doucement, le prévins-je, mange le doucement et gardes en pour demain. Sinon tu aura encore faim. Et puis c'est très bourratif le pain aux céréales.

Il macha sa bouchée tout en me regardant, avala, puis repris son souffle.

- Ne mange pas trop vite non plus, tu vas avoir mal au ventre.

Un instant passa sans qu'aucun de nous ne bouge avant qu'il ne murmure :

- Merci. Madame.

- Mais de rien mon petit, lui dis-je avec un sourire en posant ma main sur sa petite tête.

Puis, je me relevais, et enlevais ma longue écharpe que j'enroulais autour de son cou.

- Prends soin de toi, mon petit.

Et en lui adressant un sourire, je m'en retournais vers chez moi, pensant qu'il rentrerait chez lui, comme tous les enfants à qui je distribuais de la nourriture sur mon chemin. D'ailleurs, j'entendais non loin de moi pleins de pas se précipiter dans ma direction. Les voix des enfants, âgés de quatre à douze ans venaient chercher ce que j'avais pu leur acheter. C'était un groupe d'une dizaine d'enfants, vivant ensemble dans un garage abandonné et à qui j'allais rendre régulièrement visite le matin où le soir. Je leurs souris en leurs donnant à chacun un fruit, un pain à se partager entre eux, ainsi que quelque "gourmandises". Lorsque je serais rentrée chez moi, je mettrais sur le feu le ragoût que je venais d'acheter et irais leur apporter à l'heure du souper.

En attendant, je souriais en les voyant si joyeux et parlais avec eux, avant de les entendre me saluer et repartir en courant jouer à chat où à je ne sais quoi d'autre les divertissant à longueur de journée. Je continuais alors mon chemin jusqu'à ce que j'atteigne la ruelle dans laquelle j'habitais. J'ouvrais la porte et pénétrais dans la grande pièce qui était à la fois l'entrée, la cuisine et la salle à manger. Je m'avançais vers la table pour y déposer mon panier, puis la contournais en laissant traîner ma main sur son contour. Puis, j'attrapais une grande marmite que j'avais posé en évidence sur le buffet et l'amenais près de mon panier. Consciencieusement, j'épluchais les légumes qu'il me restaient de la semaine précédente et les coupais en petit morceaux que je mettais dans la marmite une fois pleine d'eau. Je sentais contre mon pouce la lame du couteau, et je ramassais les morceaux qui m'échappaient des doigts. Je découpais ensuite en gros morceaux la viande encore un peu fraîche, puis déposais la lourde marmite sur le feu, afin de cuire lentement.

- Te sauver, Ma priorité - Part1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant