6_Boîte PvI

351 17 1
                                    

En me réveillant, je me demandais depuis combien de temps je dormais et si mon petit Levi ne s'était pas déjà réveillé et s'il allait bien. En écoutant, j'entendis sa respiration lente, signe qu'il dormait paisiblement.

Je ne savais quelle heure il était, alors je décidais de me lever. C'est à ce moment que je remarquais qu'il me tenait une main. Sa paume était chaude, douce et calleuse. Ma petite main rentrait parfaitement dans la sienne, comme si elles étaient faites pour être l'une dans l'autre. Et puis il la tenait fermement, comme s'il avait peur que je ne m'échappe, tout en la serrant avec une extrême tendresse.

C'était bien là mon Levi. Je l'avais considéré comme mon fils dès le début, dès notre rencontre, mais en le “voyant” grandir, j'avais comme l'impression que mes sentiments avaient ... changés. Cela me faisait quelque peu peur, étant donné que je n'avais jamais aimé quelqu'un auparavant. Il devenait de plus en plus doux, comme si j'étais une chose fragile, et en même temps, il s'endurcissait de jours en jours. Il était plus attentifs chaques jours, sans montrer aucun relâchement. Il m'impressionnait, il m'émouvait régulièrement, mais me faisait beaucoup de frayeurs en ce moment. Le dernier exemple venait juste de se produire. Il se battait. Contre des gangs qui faisaient du mal aux autres. Il volait pour rendre aux plus pauvres. Et cela le mettait parfois dans des situations difficiles, se blessant de temps à autres.

En le “regardant”, je me demandais bien ce qu'il avait bien pu ce produire cette fois-ci. Je m'approchais alors de lui, posais ma main libre sur son front puis sa joue, et y déposais un petit baiser.

Je retirais sa main de la sienne pour pouvoir sortir du lit, en faire le tour et vérifier ses bandages. Les sentant impeccables, je vérifiais le plateau et constatais qu'il avait mangé cette nuit. Je le pris, sorti de ma chambre en fermant la porte, puis descendis les marches en faisant attention. Je me dirigeais alors jusqu'à la cuisine où je posais le tout dans l'évier et le nettoyais.

Ensuite, je grignottais rapidement un morceau de pain avant de partir au sous-sol, ouvrir la porte de mon gigantesque laboratoire, puis me diriger en laissant ma mains sur le mur vers mon petit bureau tout au fond de la pièce. Je m'assis, puis pris la plume qui me servait à écrire le rapport de chaques jours passés. Une fois cette besogne faite, je remontais pour nourrir les petits enfants non loin de chez moi. En revenant, je m'attelais à préparer le dîner. Mon repas enfin sur le feu, je me dirigeais vers la buanderie où je racommodais quelques chemises après les avoirs lavés, puis troquais ma robe ample contre un haut et un pantalon simple. J'étais plongée dans mes pensées en me dirigeant vers la cuisine étant donné que je devais remuer le repas quand des pas résonnèrent à l'étage. J'attendais quelques instants, silencieuse.

Le bruit de ses pas étaient d'abord chancelant. Puis lorsqu'il ouvrit la porte, il était un peu plus stable, et en arrivant en bas des escaliers il semblait totalement stable. Ses pieds nus sur le carrelage m'indiquèrent qu'il se dirigeait vers moi. Je me retournais vers lui une fois qu'il fut derrière moi. Je posais mes mains sur son torse, puis remontais jusqu'à sa tête, fourant mes doigts dans ses cheveux en bataille. Il posa ses mains sur mes poignets, y posa ses lèvres, puis me serra contre lui avant que je n'anticipe son mouvement.

Je restais donc un moment dans ses bras, sans pouvoir bouger. Je posais mes mains dans son dos, ne sachant pas trop quoi faire de cet excès de douceur soudaine. Je sentais son cœur battre à cent à l'heure contre moi, et son souffle lent dans mon cou. Il ne sembla pas vouloir bouger, comme si le temps s'était figé. Mais bizarrement, je ne voulais pas non plus me décaler de lui. Je posais ma tête contre la sienne, sentant son corps contre moi. J'étais à la fois perdue, gênée, heureuse, calme, zen et stressée.

Son étreinte dura, sans qu'il ne veuille me lâcher, puis aussi soudainement qu'il m'avait prit dans ses bras, il me lâcha, déposa un baiser sur mon front et s'assit à la table en face de moi, la tête légèrement baissée. Je penchais la tête de côté, m'approchais de lui, m'accroupie devant lui et posais ma main sur sa joue.

- Qu'est-ce qu'il ne va pas ? lui demandais-je doucement.

- Je ne sais pas, murmura-t-il. Je … juste besoin d'un câlin ...

Il releva la tête, se gratta le crâne puis la nuque. Je restais silencieuse. S'il voulait me parler, il le ferait, sinon, je n'insisterai pas. J'attendais, puis posais ma main sur la sienne en disant :

- Si tu veux m'en parler, je suis là pour t'écouter, tu le sais. Tu n'as pas à me révéler tout ce que tu fais, cela te regarde. Mais dis-moi juste pourquoi tu es revenu dans cet état … Juste qui t'as fait ça et pourquoi ... Levi, je sais que tu fais ce qui te semble juste, mais je m'inquiète. J'ai peur qu'un jour, tu ne reviennes pas du tout …

- M'an, je reviendrai toujours, je te le promets !

En disant cela, il posa la main sur mon épaule et son front sur le mien. Je sentais sa respiration apaisée, calme, mais son cœur battait vite. Il avait fermé le yeux, en se renfermant dans le silence, encore une fois. Je me dis alors qu'il ne voudrait pas en parler et je n'allais pas insister quand sa main se raffermit sur mon épaule.

- M'an, je t'ai ramené quelque chose, et c'est pour ça que je me suis retrouvé à devoir …

- Te battre ... chuchotais-je doucement.

- Oui … murmura-t-il en retour. Lèves-toi, je vais te l'apporter.

Il m'aida à me remettre debout et me fit asseoir sur le tabouret en bois qu'il occupait juste avant. Il fit quelques pas dans la pièce avant de revenir vers moi, prenant ma main et l'amenant sur un tissu rugueux.

À l'aide de mes deux mains et de celles de mon Levi, je me saisis de ce tissu, passant mes mains autour, sur tous les contours et fini par découvrir que c'était un sac en tissu, usé mais entier, rapiécé mais en bon état. Je penchais la tête sur le côté, me demandant bien ce que Levi avait déniché. J'ouvris alors le sac et y trouvais à l'intérieur une boîte en bois. Je sentais à côté de moi Levi se trémousser, un grand sourire aux lèvres, respirant rapidement.

Que pouvait-il bien m'avoir ramené qui le rendait si heureux !?

Je passais mes mains sur  le contour et ne pouvais que constater qu'elle était totalement lisse à part au niveau des ouvertures. J'ouvris donc la boîte en bois et une multitude d'odeur m'assaillit. Des odeurs de plantes médicinales que je n'avais plus en réserve, des senteurs de bulbes et de graines, ainsi que du bois et une subtile touche d'encre.

Je souris. Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas réussi à mettre la main sur ce genre de petit bijoux dont je ne pouvais me passer. L'encre coûtait bien trop chère et je n'arrivais pas à en fabriquer une de parfaite qualité pour mes manuscrits. Je savais la faire, mais pas pour le style de papier que je devais utiliser dans ce cas là. Et les herbes … je me levais d'un coup en posant la boîte sur la table et attrapais les bras de mon grand garçon pour le serrer contre moi en riant.

- Merci beaucoup mon grand ! Merci, merci, merci infiniment !!! Tu sais comment me parler alors que je ne t'en avais même pas dit un mot !

Je contenais ma joie en moi pour ne pas crier tellement j'étais heureuse de sa trouvaille. Dans les bas fond où nous vivions, ces ressources étaient extrêmement précieuse et rare, et je devais me dire discrète. Levi ria en passant ses bras dans mon dos.

- Je savais que tu serais contente …

Je me décalais de lui pour le “fixer” de mes yeux vides, sans le voir.

- Je serais toujours plus que très fière de toi et heureuse de ce que tu fais, ne l'oublie pas.

Il me semblait qu'il me sourit avec une tendresse infini, tellement ses gestes étaient doux et sa respiration calme. Puis, après avoir déposé un rapide baiser sur ma joue, il s'assit de nouveau à table en me taquinant sur le repas qui ne venait pas. Je ris de bon cœur en le servant et en l'entendant manger avec appétit, alors que je me contentais de siroter ma tisane, écoutant tous les petits bruits qui émanaient de lui.

- Te sauver, Ma priorité - Part1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant