11_Musique PvI

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Je baillais. La soirée avait été vraiment trop longue, et quand elle s'était finalement terminée, je n'avais qu'une envie, aller dormir. Mais juste avant, j'avais eu envie de trouver mes repères dans l'immense bâtiment qui nous accueillait, Levi et moi.

Après leurs avoir expliqué en détail le pourquoi du comment je m'étais caché sans montrer un seul signe de mon existence, et après avoir "grignoté" un morceau de pain en attendant que Levi ait mangé à sa faim, Smith nous avait montré notre chambre. 

Une pour deux. 

C'était tout ce qu'il restait en hébergement dans les locaux. 

Lorsque nous étions rentrés, j'avais fait le tour de la pièce, ma main collé sur le mur sans arrêt. Puis au bout de quelques minutes, j'entendis les onze coup de cloche, indiquant les onze heures qui s'étaient écoulés depuis ce midi. Et je me souvenais d'un coup mon job de tous les soirs. J'essayais de ne pas m'affoler, mais Levi comprit. Il posa ses mains sur mes épaules en les massant doucement.

- Ne t'en fais pas pour ça. Je m'en suis chargé. En fait, j'ai fouillé tous les coins et recoins de ce bâtiment pendant que tu "dormais". J'ai trouvé une immense bibliothèque, une salle de "réunion", des salles d'entraînements, et l'endroit où nous nous trouvons est composé d'une vingtaine de chambres. Mais le plus étonnant était une ouverture, au fond d'un couloir sombre. Évidemment, et je suis désolé pour ça, mais j'y ai fourré mon nez. Au bout du couloir il y avait donc une porte de métal, que j'ai forcé en deux petites secondes. Et j'ai découvert un sous-sol, vaste pièce vide qui menait à une unique porte qui était fermé à clé.

Il fit une pause, toujours en massant mes épaules, ce qui me faisait vraiment du bien. Je l'écoutais attentivement, essayant de reproduire ces images dans ma tête.

- J'ai tenté de l'ouvrir car j'avais remarqué, gravé dans le bois de la porte, un petit cercle Brava accompagné d'une double croche. De plus, j'avais remarqué que Smith me filait à la trace pendant le temps où j'explorais, je lui ai dis d'arrêter de se planquer, ce qu'il fit. Il s'est avancé vers moi avec une lampe et a ouvert la porte avant que je ne dise quoi que ce soit, puis m'a poussé à l'intérieur avant de refermer derrière lui, sans jamais ouvrir la bouche. Du coup, j'ai un peu fait comme chez moi, et j'ai exploré la pièce. Elle est un peu comme ton labo, avec des établis, des étagères, vides et pleines de poussières, comme si ça faisait bien longtemps qu'elles n'avaient pas servi ... Et au fond, il y avait une autre porte, beaucoup plus épaisse et imposante. J'ai eu un peu de mal à l'ouvrir, mais devine quoi ! C'était une salle de musique ! avec un gigantesque piano, un vieux de chez vieux ! Exactement comme le tien ! Et désaccordé je te dis pas comment ... Ça faisait mal aux oreilles ...

Je soufflais, heureuse que ce petit existe. Il arrêta ses massages, posant sa tête sur mon épaule.

- Et j'ai fais ce que tu fais tous les soirs. Parce que ça apporte du bonheur dans le cœur des gens et que je veux pas que d'un coup, ils sentent qu'il se passe quelque chose parce que leur petit moment de détente à disparut.

Je ne savais pas trop quoi lui répondre. Il avait raison. La musique, pour moi, était la seule chose qui me rapprochait au plus de tout ce que j'avais perdu, et cette pratique de diffuser un morceau de musique chaques soirs était une oeuvre des tout premiers Savants, tradition que je perpétuais, avec l'aide de ce petit garçon devenu un beau jeune homme qui assume ses erreurs. Je reculais d'un pas et posais l'arrière de mon crâne sur son épaule.

- Merci, murmurais-je. Pour tout.

Nous restions quelques instants dans le silence, l'un contre l'autre, jusqu'à ce qu'il se redresse, prenne ma main et m'entraîne au dehors de notre chambre. Je souriais en pensant qu'il désobéissait aux ordres, strictes, qui nous avaient été donné. Je cite :

"Vous ne devrez en aucun cas quitter votre chambre après onze heure du soir, sauf si vous avez une dérogation !"

Et en l'occurrence, nous n'avions aucune des deux conditions pour sortir. Mais notre secret devait à tout pris être conservé du grand public. Si la légende de la musique "qui se joue toute seule chaque soir" venait à être saccagé parce qu'un petit rigolo venait à dire à tous le monde que c'était bel et bien une personne en chaire et en os qui jouait alors que "tous les instruments ont disparu", et bien ... ça ne rendrait plus du tout excitant le fait de rester inconnu et d'entendre au dehors les émerveillement de son public.

Pendant que Levi me guidait en m'indiquant quelle salle se trouvait à quel endroit, pour que je puisse mémoriser et me repérer toute seule, je me demandais bien comment j'allais pouvoir récupérer toutes mes affaires. Levi m'avait expliqué ce qu'il avait réussi à prendre, mais c'était une maigre part de tout ce qu'il y avait réellement. Alors, si c'était vraiment ce que je pensais, je pourrais peut être squatter le labo d'en bas ... Et en en parlant, j'entendis Levi insérer une clé dans un trou métallique, avant de me conseiller de faire attention aux marches. Le temps qu'il referme, je commençais à les descendre, puis arrivée dans la pièce, je pus remarquer qu'elle paraissait suffisamment grande pour être un ancien labo des Savants abandonné.

Evidemment, il ne me fallut pas longtemps pour reconnaître les lieux. Les étagères recouvraient les trois quart des murs et ils étaient exactement comme je les avais laissé il y a de cela ◉◈▚⊿ années. Un sourire s'étira sur mes lèvres, et je contournais sans toucher un rebord de l'établi central pour me diriger vers la salle de musique. 

Je poussais la porte, qui était vraiment comme dans mes souvenirs, très lourde. Levi me prêta main forte. J'entendais les chevilles grincer. Elles devaient être rouillées. Il faudrait très certainement les changer. Mais le plus important n'était pas cela. J'avais besoin d'effleurer les touches du piano, ou bien de jouer d'un instrument de musique quelconque, comme la guitare dans la première étagère.

Malheureusement, quand je passais mes doigts sur les cordes, elles s'effritèrent aussitôt. Il arriva la même chose sur le violon quelques rangées plus loin. La flûte était rouillée, le tamis des tambours usé jusqu'à la corde, les cuivres rouillés. Enfin bref, le seul instrument qui marchait correctement était le piano. 

Et dès que je posais les doigts sur une touche, je ressentais aussitôt la vibration familière qu'il émettait, qui allait avec ce sons si doux. Il ne me fallut que quelques secondes pour voir qu'il avait été accordé récemment, ce que Levi me confirma en me susurrant qu'il avait bien travaillé. 

Je lui tirais la langue et l'entendis rire. 

Après un petit échauffement, je poussais le bouton émetteur et à l'aide du meilleur élève que je n'avais jamais eu, nous commençions à jouer un long morceau.

- Te sauver, Ma priorité - Part1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant