Chapitre 10

140 17 26
                                    

MOBY - GOD MOVING OVER THE FACE OF THE WATERS


Une silhouette se tenait derrière la porte rouge sombre. Elle resta en retrait, la tête baissée, lorsqu'Ás et Blanche pénétrèrent dans un couloir. Le bruit de leurs pas résonnait dans le long chemin humide tapissé de pierres usées. Quelques lampes émettaient un faible éclairage le long des murs. Au bout du couloir étroit figurait une barrière rouillée, bloquant le passage. La petite fille fit un signe discret de la main à l'ombre indescriptible avant de s'enfoncer dans ce labyrinthe. Intriguée, Blanche la suivit, peu désireuse de rester en tête à tête avec cette étrange présence qui surveillait l'entrée.

La petite fille se munit d'une clé et l'inséra dans une des briques du mur situé à sa gauche. Un bruit d'engrenages se déverrouillant au niveau de la barrière,qui s'avérait être un portail, se fit entendre. Áslaug poussa distraitement les barreaux. Arrivées à une intersection menant à plusieurs couloirs lugubres, elle s'engagea sans hésitation dans un chemin sur la droite, comme si elle l'avait emprunté de nombreuses fois. Sans un mot, Blanche lui emboîta le pas, interloquée par cet endroit si mystérieux. Elle en venait à se demander si elles n'étaient pas tout simplement dans les égouts.

Elle sentit son rythme cardiaque s'accélérer lorsqu'elles se retrouvèrent face à une porte décorée d'un symbole doré qui titilla son esprit. Ne l'avait-elle pas déjà observé dans le manuscrit ? Celui-ci ressemblait à une figure géométrique conique, la particularité étant que la base était composée de dix sommets, formant une sorte de pyramide. Elle remarqua que la porte n'avait aucune serrure ou poignée. Ás appuya sur différentes briques jouxtant l'embrasure de la porte selon un ordre précis. Ses sourcils froncés firent naître un sourire sur le visage de Blanche. Elle lui rappelait Mélissa, qui avait l'habitude d'arborer cette même expression lorsqu'elle était concentrée.

Áslaug s'arrêta au bout de quelques secondes et fixa la porte. L'accès s'ouvrit comme par enchantement. Ce qu'elle découvrit alors la laissa pantoise.Ses jambes manquèrent de la lâcher.

Derrière la porte se cachait une salle gigantesque avec en son centre une table ovale en pierre, recouverte de journaux et divers papiers. À sa gauche se trouvait une base informatique munie de plusieurs ordinateurs et d'une quantité impressionnante de câbles électriques étanches, semblant disparaître dans les tréfonds d'un couloir situé à proximité de tout l'attirail informatique. Blanche laissa son regard glisser vers le fond de la pièce où elle aperçut une multitude d'armes en tout genre, dont des bâtons, des poignards, des épées, des haches et des flèches.

Des mannequins de combat et des sacs de frappe complétaient le sinistre décor. Elle pouvait entrapercevoir un couloir rempli de portes sur sa droite. Probablement des chambres, devina Blanche. Une surface de travail très précaire semblait servir de cuisine, avec un panier de fruits dont la fraîcheur laissait à désirer. Le plus ahurissant dans cette scène n'était pas le décor, mais les personnages qui y prenaient place.

Cinq personnes se tenaient debout, regroupées autour de la table centrique de la pièce. Horrifiée par l'idée d'être potentiellement entrée au sein d'une secte, elle retint un juron avant de s'exclamer en anglais :

« Mais c'est quoi ce délire ? »

Sa voix était à peine perceptible. Pour toute réponse, un homme s'avança vers elle, un sourire aux lèvres.

« Bonsoir Blanche et bienvenue. Je m'appelle Tadelesh Dimka, mais tu peux m'appeler Tad. Je comprends que tout cela est assez... déconcertant mais sache que nous t'attendions, lâcha-t-il simplement, d'un ton calme.

— Qui ça ? Moi ? questionna Blanche dans un souffle en se désignant du doigt. Non. Impossible. Vous faites erreur. »

Un doux sourire se dessina sur le visage de Tad. Il lui indiqua de choisir une place parmi les chaises entourant la table, ce qu'elle consentit à faire par peur de représailles. Ás s'assit à sa gauche. Le reste des personnes suivit le mouvement dans un silence solennel. Finalement, elle aurait peut-être dû prévenir Andrew. Ravaler sa fierté aurait pu être une bonne chose. Elle abandonna cette pensée. Elle était Blanche Parvet. Celle qui dessinait l'avenir. Elle était capable de se débrouiller seule. Elle se ressaisit. La voix de Tadelesh coupa court à son flot de pensées.

PRISME Tome 1. L'Éveil [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant