Chasseur

DEHORS Part 1

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Daryl Dixon est en chasse.
Remonter une piste, traquer une proie, c'est encore ce qu'il fait de mieux.

Il est en colère ; une rage sourde bat ses tempes, alimente son instinct et exacerbe ses sens.

Il y pense depuis des jours.
Depuis le moment où il a compris que ce minable aux cheveux filasses le trahissait.

Il lui avait proposé son aide, ainsi qu'aux deux femmes qui l'accompagnaient.
Parce qu'ils avaient l'air aux abois, terrorisés, et que recruter du monde pour augmenter la communauté était son job.
L'autre connard lui avait tout pris, et s'était tiré en le laissant à moitié assommé la gueule dans la poussière.

Il avait pensé au moment où il chopperait ce mec, alors qu'il le voyait se tirer avec sa moto, incapable de se lever pour le rattraper.
Il pensait encore à la traque quand il avait déniché le camion-citerne, et qu'il avait fini par retrouver Sacha et Abraham.
Il y pensait toujours quand ils avaient rencontré cette bande de motards qui les avaient menacés.

Après ça, il avait eu d'autres préoccupations plus urgentes.
Il s'était occupé des motards (une belle explosion).
Puis ils avaient enfin rejoint Alexandria, leur foyer, dévasté par une attaque de cinglés assoiffés de sang, pillé, mutilé.

Même le combat contre la horde qui les envahissait n'avait pas calmé sa colère.
Aux côtés des siens, il avait poignardé sans répit, plongé sa lame dans des crânes plus ou moins mous, jusqu'à ne plus sentir son bras, jusqu'à être couvert de sang et de tripes de la tête aux pieds.

Il savait qu'il ne s'arrêterait pas de le traquer avant de l'avoir trouvé, que ça devenait sa priorité numéro un, quoiqu'en disent les autres.
Autrefois il avait laissé à un autre salopard le bénéfice du doute (mort ou disparu), il avait lâché l'affaire, et les conséquences avaient été terribles ....destruction, morts, trop de morts, des gens qu'il aurait pu protéger. Qu'il aurait dû protéger.

Il roule à petite vitesse sur une route de campagne.
Comme un oiseau de proie qui cible sa prochaine victime, il fait du repérage, décrivant des cercles concentriques de plus en plus larges autour du village cramé ou il a rencontré le type.

Il n'a pas beaucoup d'éléments, mais il les a entendu parler d'un endroit dont ils veulent absolument s'éloigner, et d'une planque située à l'ouest.
Il a emprunté des détours pour couvrir le maximum de terrain et recouper les itinéraires possibles.

La route qu'il emprunte est bordée de chemins de terre à plusieurs centaines de mètres d'intervalle.
Il a décidé de les remonter un par un, cherchant des traces.

Il s'engage doucement pour la quatrième fois sur un chemin caillouteux, et le crissement des pierres sous les pneus lui font l'effet hérissant d'une craie sur un tableau noir.
Il décide de continuer à pied - plus discret - et commence à ralentir.

Il se baisse pour ramasser son arme sur le siège passager et ressent un impact brûlant sur le haut du crâne.
Il s'allonge aussitôt sur le siège.
La douleur est vive et aiguë là où la balle l'a touché.
Effleuré plutôt, sinon il ne serait plus là pour s'en rendre compte.

Du sang commence à couler sur le côté gauche de son visage.
Immobile, il tend l'oreille, le corps tendu, fouillant du regard les bois autour de lui.
Il n'entend rien.
A part son souffle rauque.

Quand il redresse légèrement la tête, une vague de nausée le submerge, la douleur le cingle encore plus fort, vrille ses tempes, tire jusqu'à sa nuque.
Il relâche la tête et sa vision se trouble, des taches noires dansent devant ses yeux.
Il faut qu'il sorte de là, vite.

Il veut redémarrer la voiture et tend prudemment le bras vers le contact.
Mais son bras lui répond à peine, lourd et maladroit.
Non !
Non, je ne vais pas vriller, pas maintenant putain !

Dans un dernier effort il tente de se relever ; dès que sa tête bouge, la douleur lui coupe le souffle, les taches noires devant ses yeux réapparaissent jusqu'à occulter tout son champ de vision.

Daryl Dixon a l'impression que son corps est devenu mou, insensible, ses yeux se ferment malgré lui, il sombre dans le néant.