DEHORS Part 5

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Ils roulent sur un chemin goudronné.
La nuit tombe vite, il faut trouver un endroit pour s'arrêter.
Ils sont à découvert au milieu de cette plaine, même au crépuscule.

Sa tête continue de pulser au rythme de sa douleur, il faut vraiment qu'ils s'arrêtent.
Elle a besoin de soins, il ne pourra pas conduire bien longtemps.

Il lance un rapide coup d'oeil vers elle.
Pelotonnée contre la portière, le plus loin possible de lui, elle respire calmement, son corps parfois secoué de tremblements, la tête tournée vers la vitre.

Il finit par allumer les phares, fouillant la pénombre à la recherche d'un signe, un panneau, n'importe quoi les conduisant à un abri pour la nuit.
Ils n'ont pas croisé de rôdeurs.
Pas encore.

Les phares jaunes balayent une voie caillouteuse sur sa droite et il tourne brusquement, suivant son intuition.
Bientôt ils débouchent sur une clôture grillagée entourant un petit bâtiment de ciment.
Des panneaux à l'entrée avertissent du danger de pénétrer illégalement dans un relais électrique.
Le portail pend mais il suffira d'attacher les deux vantaux pour empêcher les rôdeurs de passer.
Quant aux autres... qui s'arrêterait pour un trou pareil ?

Daryl gare le pick up sous le couvert du bosquet à l'arrière de la clôture.
Il examine l'habitacle, fouillant dans les vide-poches, baissant le pare-soleil, et se penche pour ouvrir la boîte à gants.
La femme a un léger mouvement de recul, elle resserre la couverture autour d'elle et Daryl aperçoit l'éclat d'une lame.

Il n'a pas vu quand, mais elle a récupéré le couteau de chasse dans la tête du type.
Bien.

Il sort les clés du contact et ouvre sa portière.

L'air frais lui fait du bien.
Il reste immobile quelques instants, à l'écoute des bruits de la nuit.

Marcher lui fait nettement moins de bien.
Chaque pas résonne jusque dans sa tête, et il a mal à peu près partout.

Il contourne le capot et vient ouvrir la portière côté passager.
Il s'écarte pour la laisser descendre et fouille plus méticuleusement le plateau.
Il dégotte un sac à dos avec des petites bouteilles d'eau entamées.
Sa gorge sèche se rappelle à lui.

Elle est descendue de la voiture avec difficulté et se tient à quelques pas, vacillante sur ses jambes.

Il regarde l'abri : un méchant carré de béton, des lucarnes grillagées en haut des murs, une seule entrée – une porte en fer qui visiblement a déjà été forcée.
De toute façon ils n'iront pas plus loin.
Pas ce soir, pas dans cet état.

L'endroit est dépouillé, il a été squatté, mais longtemps avant.
Des cartons défoncés, quelques canettes vides, et le bloc des machines recouvert de poussière.
Il pousse la porte derrière eux.

Ils seraient dans le noir sans la lueur d'une demi-lune qui filtre à travers les lucarnes.
Elle s'affale contre un mur, la couverture tenue serrée autour d'elle.
Il se laisse tomber au sol, et commence à fouiller dans le sac.
Il en sort la première bouteille, et la tend à la femme.
Comme elle ne réagit pas, il insiste en désignant du menton son visage barbouillé de sang, de larmes et de morve.

Et il pose la bouteille entre eux.

Il en sort une deuxième et boit une longue gorgée.
Puis une deuxième, qu'il garde en bouche pour rafraîchir son palais râpeux, et laisser le plus lentement possible couler dans sa gorge.

Il entend un léger gémissement.
Dans la pénombre il la distingue qui porte lentement la bouteille tremblante à sa bouche, sursautant quand le goulot touche ses lèvres tuméfiées, et avale finalement une gorgée d'eau tiède.
Puis elle en fait couler dans le creux de sa main, et elle la passe lentement, très lentement, sur son visage.
Il détourne les yeux, gêné, et poursuit l'inventaire du sac...qui ne contient qu'une autre bouteille d'eau et...un paquet de clopes écrasé.

Il se lève pour coincer la porte en la gardant légèrement ouverte, histoire de voir- et d'entendre- l'extérieur.

Elle se roule en boule, enveloppée dans la couverture, et se tourne vers le mur. Elle s'endort au bout de quelques minutes, terrassée par le choc.

Il écoute sa respiration régulière.

Elle fait un bruit particulier, comme un chuintement quand elle inspire, et il espère qu'elle n'a pas une blessure interne qu'il ne serait pas en mesure de détecter avant Alexandria.

Il est épuisé, il veut dormir.

Il n'y arrive pas.

Les images tournent et retournent dans sa tête.

Chaque fois qu'il repense à ce qu'ils lui ont fait, son estomac se tord et une pulsion de rage remonte brusquement.

Il serre les poings.

Il va monter la garde. 

ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant