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Un bruit.
Réveil en sursaut. Il ne bouge pas.
Assis au sol, dos au mur, la tête renversée en arrière.
La main sur le fusil.Ouvre lentement les paupières.
Ecoute la nuit de tout son corps.Un grattement à l'extérieur, près de la porte.
Il soupire.
Un animal.Il reprend conscience de son environnement : l'abri en béton, son corps en morceaux, les types qu'ils ont tués...la femme.
Un coup d'oeil vers elle.
Sa silhouette enroulée dans la couverture est toujours là, il entend sa respiration difficile.
Il réalise qu'il retenait son souffle dans l'attente de savoir si elle serait toujours vivante.
Bien.Il prend une gorgée d'eau.
Il fait encore nuit, il a quelques heures de sommeil devant lui.
Sauf qu'il est incapable de dormir.
Tout son putain de corps lui fait mal.
Son cerveau tourne à plein régime.Il attrape discrètement le sac, fouille à l'intérieur pour en sortir le paquet de clopes.
En tire une qu'il renifle tranquillement.
Ça fait un moment qu'il n'a pas trouvé de blondes.
Il se tortille pour accéder aux différentes poches de son jean où doit forcément se trouver...une boîte d'allumettes.Une des règles numéro un de la survie : toujours avoir de quoi faire du feu sur soi.
Pour faire cramer des trucs, des morts, des gens...ou s'allumer une clope.Il gratte l'allumette qui flambe du premier coup, et allume sa clope.
Dans le bref éclair de lumière, il voit la silhouette bouger.
Elle ne dort pas.Il aspire une longue bouffée et la fumée vient racler sa gorge déjà abimée.
Il recrache lentement.
Exactement ce qu'il lui fallait.
Il tousse et c'est comme s'il vomissait des graviersIl reprend une bouffée, le bout incandescent brille dans l'obscurité, éclairant faiblement l'œil de la femme fixé sur lui.
Elle le surveille.Il prend une dernière taffe et tend son bras vers elle, les doigts lui présentant la clope.
Rien.
Au moment où il pense lâcher l'affaire, il sent un mouvement près de sa main, une pression sur la cigarette, qui s'échappe et semble flotter dans un itinéraire tordu jusqu'à la bouche de la femme.
La braise rougit, posant une lueur orangée sur la lèvre fendue.
C'est une vision fugitive.
Tandis qu'il l'entend expirer la fumée - sans tousser - le bout rougeoyant de la cigarette revient vers lui, dans un trajet toujours hasardeux.
Elle glisse la cigarette entre ses doigts, sans le toucher.Il l'entend chercher une position plus confortable pour s'endormir.
Il tire une dernière bouffée, écrase la cigarette au sol et la balance d'une pichenette à l'autre bout de la pièce.
Il laisse sa tête reposer sur le mur dans son dos.
La main sur le fusil.
Il ferme les yeux.↝
Le réveil dans le petit matin gris est difficile.
A la douleur lancinante de ses blessures s'ajoutent les crampes dans tout son corp.
Il n'ose penser à l'état dans lequel la femme doit être.Il lance un regard dans sa direction et la voit émerger lentement de sa couverture.
Il détourne la tête et s'avance vers la porte, le fusil à la main.
Jette un coup d'oeil à l'extérieur, écoute et respire.
Il débloque la porte et s'avance sur le seuil.Il met en joue et scanne toutes les directions.
Satisfait de n'entendre que le vent dans les feuilles, il s'éloigne de la porte pour aller se soulager près de la haie, toujours aux aguets.
Il revient vers la voiture et voit que la femme est déjà dehors, se dirigeant lentement vers le coin du bâtiment, une main sur le mur.Alors qu'il s'apprête à la rappeler - la voiture est de l'autre côté - elle s'accroupit et commence à écarter les pans de la couverture.
Daryl tourne la tête brusquement et marche nerveusement vers le pick up.
Stupide connard!
Il s'en veut de ne pas avoir pensé une minute au fait qu'elle ait les mêmes besoins que lui.Arrivé au pick up il ouvre la portière passager, puis marche jusqu'au portail.
Il vérifie que la voie est libre, se tourne vers la voiture.
La femme est installée sur le siège passager.
Il débloque le portail, l'ouvre en grand et revient vers le pick up.
Il s'installe sur le siège conducteur, cale le fusil le long de sa portière, sort les clés de sa poche, met le contact.Il prend une seconde avant de tourner la clé.
Le moteur tousse une fois et démarre.
Il relâche sa tête sur l'appuie-tête et pousse un soupir.
Une mauvaise surprise de moins.
Il regarde en coin la femme, à travers les mèches foncées qui pendent sur son visage.
Elle est serrée contre la portière, la couverture serrée sur ses épaules.
Elle ne le regarde pas.Il passe la première et s'engage sur l'allée.
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Chasseur
MaceraSur les traces de celui qui l'a détroussé, Daryl Dixon fait une mauvaise rencontre. Loin d'Alexandria, personne ne sait où il est. Rick lui avait pourtant bien demandé d'arrêter de chercher. Mon histoire commence entre le 9ème et le 10ème épisode de...