V Un Départ Difficile

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Aparemment, je suis supposée monter avec Roger, comme ça, il ne sera pas tout seul dans la voiture. Il ouvre le coffre et met mes affaires dedans, il me propose de m' installer sur le siège passager. Je m'exécute tout de suite. Le bus du groupe commence à partir alors que le jeune homme manoeuvre pour suivre le véhicule.  Il me dit, tout en allumant la radio, que notre prochaine destination est Bristol, j'en déduis donc qu'on en a pour un petit moment avant d'arriver.  Je lui demande si cette fois ils ont prévu un hôtel, j'apprends que le groupe sera logé sur place, car il y a des chambres dans le bâtiment où le spectacle sera donné, c'est déjà une bonne chose. Nous entrons sur l'autoroute, avec son allure de bad boy, Roger a l'air vraiment ravi de pouvoir accélérer. Moi, je regarde un peu partout autour, il monte alors le son de la radio; la chanson que l'on peut entendre est "Dream On " d'un groupe qui s'appelle Aerosmith. La première fois que j'ai entendu cette chanson, j'en suis tombée complètement amoureuse. Je suis sûre que c'est un groupe qui va devenir mondialement connu, de la même manière que c'est le sentiment que j'ai pour Queen.

Je discute avec Roger, il me dit des bêtises, il me fait rire. En fait c'est vraiment quelqu'un de gentil, bon peut-être un peu coureur de jupon sur les bords, mais en dehors de ça il est juste vraiment adorable et je sens que je vais m'entendre avec lui. Au bout d'une heure de conduite, je lui demande si l'on peut s'arrêter, à dire vrai, je suis malade dans les transports, et rester trop longtemps dans une voiture peut me donner la nausée.  Il y a une sorte de relais dans moins de dix kilomètres, et le blond, sans se poser de question, très compréhensif même, guette attentivement les sorties afin de pouvoir s'arrêter. Il se gare alors que je sors respirer un instant, il vient s'appuyer sur sa voiture, juste à côté de moi en me demandant si ça va. Je suis assez touchée qu'il s'inquiète pour moi, mais ce n'est pas grave, tout va bien, j'ai juste besoin de reprendre mon souffle et de sentir l'air frais. Je me sens déjà beaucoup mieux. Il me demande alors si j'ai mangé ce matin.

"Je ne t'ai pas vue au petit déjeuner, tu as pris un morceau de pain et tu es partie, tu n'as rien mangé d'autre depuis, n'est-ce pas ? "

Me dit-il, baissant légèrement la tête, me fixant avec ses grands yeux bleus. Je le prends un peu comme un reproche, mais c'est exact, et si je ne mange pas un peu, mon mal des transports ne risque pas de s'améliorer, loin de là. Il ferme sa voiture et se dirige vers la petite brasserie qui se trouve au relais. J'attends à la voiture, mon blouson sur les épaules. Je fixe la porte du bâtiment en attendant que Roger revienne, il arrive finalement avec deux cornets de frites, un dans chaque main, j'esquisse un sourire alors qu'il me donne ma part et me fait signe de remonter dans le véhicule. Il demarre donc à nouveau, en mangeant en même temps, je n'arrête pas de le remercier depuis tout à l'heure.

" Eh chérie, quand est-ce que tu vas te taire et manger ? "

Me demande-t-il sur un ton assez désespéré mais plein d'humour. Je le fixe un instant, surprise, et nous éclatons de rire pendant que je commence à manger, un peu pressée. L'ambiance dans la voiture est vraiment sympa, je suis contente que nous ayons encore beaucoup de route à faire, car cela veut dire que nous allons pouvoir encore passer de bons moments. J'espère qu'il voudra que je sois avec lui dans la voiture pendant les autres trajets, parce que je m'amuse vraiment comme une petite folle. Je baisse la vitre afin de sentir le vent dans mes cheveux, c'est une sensation que j'aime bien, le garçon en fait de même. Nous continuons à rire pendant tout le reste du trajet. Je suis même un peu triste que nous arrivions à Bristol. Il doit être pas loin de 14 heures, ce qui laisse juste le temps de s'installer aux garçons, qui doivent encore faire la balance, prendre une douche et se faire préparer par moi, il va falloir faire plutôt vite. Nous descendons tout le matériel, c'est John qui m'aide avec ma valise.

Nous entrons dans la salle de concert, elle est vraiment faite pour, plus grande que celle d'hier, au moins deux fois plus grande même.  Les loges sont bien plus luxueuses, il y a vraiment un endroit où je peux poser tout mon matériel, et un lavabo fait quasiment exprès pour laver les cheveux de quelqu'un, je sais déjà que ce sera bien plus pratique de m'occuper du groupe aujourd'hui, ce sera dans de meilleures conditions. Les garçons vont tour à tour prendre leur douche pendant que Roger fait la balance, une fois qu'il revient, c'est lui qui s'accapare la salle de bains, pendant que je prépare mes affaires, il va y passer le premier ce soir ! Il sort, à peine habillé, ne sachant même pas ce qu'il va mettre sur scène, quelle organisation je vous jure ! Il regarde, l'air intrigué, les vêtements qu'il pourrait porter, par chance, c'est mon metier d'aider les gens à choisir leurs fringues.

Je lui demande s'il veut de l'aide, nous finissons par opter pour une veste assez légère, ouverte sur le torse du garçon, un jean, ce qu'il y a de plus simple, et ses colliers pour habiller le tout, de quoi toutes les faire fondre sans aucun doute. Il s'installe alors que je commence à lui laver les cheveux, je compte faire quelque chose de vraiment parfait. Il ferme les yeux et se laisse faire, il a plutôt l'air d'aimer qu'on s occupe de lui, et ça me rend heureuse.  Je décide de faire des espèces d'ondulations dans sa chevelure, mais en la laissant au naturel, avec ce petit côté décoiffé, un peu sauvageon même, je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça vraiment chou.

Je fais donc passer tout le monde avant qu'ils ne montent sur scène et nous donnent un spectacle encore une fois époustouflant, comme la veille, sinon plus encore  ! Les garçons me rejoignent en coulisse, et ce soir, pas question de veiller jusqu'à pas d'heure. Il n'y a que deux chambres disponibles pour cinq personnes. Brian dit qu'il serait tout à fait normal qu'on me fasse dormir toute seule, pour plus de confort, après que j'aie prêté mon appartement la nuit dernière, mais il est compliqué pour eux d'avoir assez de place pour quatre dans une même chambre. Et c'est encore une fois le batteur qui est désigné pour partager la pièce avec moi, mais ça ne me dérange pas, je sais juste que nous risquons encore de faire les andouilles pendant un moment.

En entrant dans la chambre, nous réalisons qu'il n'y a qu'un lit et un fauteuil, le blond me dit qu'il me laisse le couchage, mais je ne veux pas non plus qu'il passe une nuit inconfortable. Nous nous étalons alors tous le deux sur le lit et discutons, ce n'est pas grave de partager exceptionnellement. La fatigue nous gagne vite, et lorsque nous nous réveillons, nous nous rendons compte que nous avons bougé dans notre sommeil et avons un peu chacun envahi l'espace de l'autre, enfin…c'est plutôt drôle après tout.

Nous terminons la tournée deux semaines plus tard, et je me sens triste de devoir quitter les garçons, je ne sais pas quand je les reverrai la prochaine fois, mais ils me manquent déjà atrocement. Voir le bus de Queen et la voiture de Roger s'éloigner me déprime, j'ai le coeur lourd, et j'avoue que j'espère profondement les revoir bientôt. 

Doing All RightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant