Quelques jours se sont écoulés depuis notre arrivée à Rockfield Farm. Pour l'instant, il ne se passe rien de palpitant, les garçons réfléchissent encore à leurs chansons, parfois, on entend un peu de basse, de guitare, de piano, ça egaye la journée, ça occupe un peu, mais ça ne dure jamais que quelques heures, au mieux. Je ne tiens pas à déranger le groupe, alors j'essaie de me faire discrète, mais je m'ennuie un peu. J'ai déjà rempli la soixantième page de mon carnet, il ne me reste plus beaucoup de place, je vais bientôt devoir en commencer un nouveau si je veux pouvoir continuer mon histoire. Je me retrouve souvent à errer dans la demeure, la tête dans les nuages, je ne croise que rarement des gens, à part aux repas, qui sont mes moments préférés de la journée.
Je me balade souvent dans le côté vraiment rural de la ferme, je m'occupe des animaux, ça m'empêche de m'ennuyer trop, il y a une chèvre qui ne devrait pas tarder à mettre bas, et je suis très impatiente de pouvoir m'occuper du chevreau. Je suis allongée sur un gros tas de paille dans l'étable, je regarde le ciel à l'extérieur, pensive. Il commence à faire assez chaud, et il n'a pas plu depuis notre arrivée. En regardant au loin, je vois une silhouette s'approcher. Au bout de quelques secondes, je reconnais une chevelure blonde, dorée au soleil ; celle de Roger, il vient dans ma direction. Il arrive à l'intérieur du bâtiment. Le garçon escalade les meules pour venir s'asseoir à côté de moi. Il me demande si ça va. Je lui réponds que je trouve les journées un peu longues et que je ne sais plus vraiment quoi faire, par peur de les empêcher de travailler.
" Mais Angie, tu ne nous déranges pas, il ne faut pas que tu t'isoles comme ça.
- Il n'y a rien à faire ici, à part s'occuper des animaux. "Roger hausse les épaules en s'allongeant à côté de moi. Il semble réfléchir un instant. Il me dit que je devrais venir passer du temps avec lui, même si il travaille. Je reponds que je vais y penser alors qu'il retourne vers la maison et que je reste dans l'étable. Je m'endors comme une enfant, au beau milieu de l'après-midi. Lorsque je me réveille, il est presque 10 heures du soir, et personne n'est venu me chercher. Je m'empresse de descendre de mon tas de paille et de rentrer. Tout le monde a déjà l'air d'être couché, sauf le batteur, assis au bar, en train de boire un verre de whisky. Il me voit arriver et me sourit. Le garçon me fait signe de venir m'asseoir sur le tabouret à côté de lui tandis qu'il me sert un verre. Je n'ai pas l'habitude de boire, mais je peux bien faire une exception.
Nos verres s'entrechoquent doucement et nous buvons, nous regardant dans les yeux. Je ne saurais pas dire si je suis fatiguée ou en pleine forme, après ma longue sieste. Je crois que je suis juste calme, paisible. Je me sens bien dans ce silence. Roger se lève et se dirige vers les escaliers, me faisant signe de le suivre discretement. Il me dit de prendre les affaires dont j'ai besoin et de venir un peu avec lui dans sa chambre. Je prends mon pyjama et mon sac. Je monte au grenier en essayant de ne pas faire trop grincer les marches. J'arrive dans la pièce, je suis complètement sous le charme. Le toit est en soupente, donc assez bas. Le batteur peut se tenir debout dans la chambre, mais il est impossible pour lui de lever les bras au dessus de sa tête dans certains coins. L'endroit est plus long que large et est assez grand. Le lit se trouve au fond de la mansarde, placé contre un mur. Il est un peu plus grand qu'un lit double. À sa droite, il y a un grand placard, intégré au mur, le sol est en plancher, recouvert de plusieurs tapis. Il y a, sur le toit, un très grand velux, un vitre au dessus du couchage, par lequel on voit parfaitement le ciel étoilé.
Je m'asseois sur le lit alors que le blond a l'air de fouiller dans ses affaires. Il fait plutôt sombre, nous ne sommes éclairés que par la lumière de la lune et du ciel. Je décide d'allumer la lampe de chevet pour que nous puissions y voir mieux. L'ambiance est toujours feutrée, assez douce. Roger semble avoir trouvé ce qu'il voulait. Il vient s'esseoir en tailleur sur le matelas, une guitar acoustique entre les bras. Je m'apprête à l'écouter religieusement lorsqu'il entonne l'introduction de "Your Song" d'Elton John. Il commence à chanter avec une voix très douce, à un volume faible, pour ne reveiller personne :
" It's a little bit funny
This feeling inside
I'm not one of those whe can
Easily hide "Je le rejoins :
" I don't have much money
But boy if I did
I'd buy a big house where
We both could live "Nous faisons ainsi la chanson en entier. Il joue encore un peu de guitare et finit par la ranger. Il me demande ce que j'ai fait toute seule pendant cette semaine à la ferme. Je lui réponds que je me suis occupée des animaux, et surtout, que j'ai commencé à écrire une histoire. Il ouvre de grands yeux et prend un petit air excité, me suppliant de lui laisser lire. En général, j'ai honte de faire lire ce que j'écris à d'autre personnes, en fait, j'écris pour moi, j'écris ce qui me ferait rêver, ce que j'aimerais vivre. Il insiste tellement que je lui tends timidement mon carnet. Il commence à lire, à tourner les pages, il doit en avoir lu à peu près entre dix et quinze, sous mes yeux gênés. Il relève la tête et me sourit en me redonnant le petit livre.
" Je veux le lire complètement, une fois que tu l'auras terminé. Promis ? "
Je hoche la tête, surprise, en reprennant le carnet.
" A mon tour maintenant…"
Chuchote-t-il en se retournant vers la table de chevet. Il prend un petit bloque note avec de jolis dessins sur la couverture, dessins qu'il a dû faire lui-même. Je le questionne, je me demande bien de quoi il s'agit.
" C'est mon idée de chanson…j'y travaille dur, mais ce n'est pas encore terminé. "
Dit-il en se grattant l'arrière de la tête, portant son regard sur le papier. J'ouvre délicatement pour découvrir les mots suivants, écrits de manière stylisée : " I'm In Love With My Car ". Je souris, cela ne m'étonne pas de Roger ; il a commencé à écrire une chanson sur sa voiture, il faut avouer qu'il en est complètement fou, il y tient comme à la prunelle de ses yeux, et ne supporterait pas qu'elle ait une rayure, ou sa carosserie un peu abîmée. Pour l'instant, il n'y a que quatre vers ecrits :
" The machine of a dream,
Such a clean machine
With the pistons a pumpin'
And the hubcaps all gleam "Je lui rends ses paroles, il a l'air d'attendre impatiemment que je lui donne mon avis. Je trouve ça original, ça peut paraître absurde au premier abord, mais j'ai confiance en Roger. Je crois en lui, et je suis sûre que cette chanson à un grand potentiel.
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Doing All Right
FanfictionUne fanfiction sur Queen. Angelique Carter est visagiste (coiffeuse, maquilleuse et styliste ). Elle est amie depuis longtemps avec le chanteur du groupe, et fait un jour, en 1974, la connaissance du reste des membres de Queen, qui ne la laissent pa...