XXII La Révélation

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Il y a dans le parc, une cabine téléphonique, je me pricipite dedans et m'y enferme en sanglotant. Je cherche de la monnaie dans les poches de mon blouson, j'ai besoin d'appeler quelqu'un, je me sens vraiment mal. Je décide d'appeler le chanteur de Queen. Il décroche aussitôt.

" Allô, Freddie, c'est moi. " Dis-je, ayant du mal à prononcer les mots à cause de mon souffle coupé par les pleurs.

" Angie ?! Darling !? Mais Qu'est-ce qui t'arrive !? Tu es toute seule !? Tu n'étais pas censée être avec Roger !? Il avait dit qu'il allait venir te voir pendant les vacances.
- Si justement…j'étais avec lui il y a quelques minutes..."

Je lui explique la situation dans les moindres détails, à l'autre bout du fil, Freddie se tait, il n'a pas l'air vraiment  étonné, mais il me paraît déçu.

" Quel branleur…"

Souffle-t-il, frustré. L'homme me donne des paroles d'encouragement, puis il me conseille de rentrer chez moi, ce n'est pas prudent de rester toute seule dans un parc au beau milieu de la nuit, il me demande de le rappeler quand je serai arrivée à la maison. Il raccroche et je me mets en route, passant mes mains sur mes joues et mes yeux humides. Je me dépêche, je ne me sens pas très rassurée, dans la rue sans accompagnateur, il pourrait arriver n'importe quoi, et j'imagine déjà les pires scénarios. Heureusement pour moi, je vois déjà mon appartement, il n'est plus qu'à une dizaine de mètres, je cours et entre dans le bâtiment. J'arrive donc dans mon salon, mais je m'effondre, je n'arrive pas à retenir mes larmes, je savais bien qu'il n'y avait rien à espérer et que je n'étais qu'un divertissement. Je vais dans ma chambre et me jette sur le lit, j'enfouis ma tête dans un oreiller pour étouffer le son de mes sanglots.

Je prends le téléphone pour prévenir Fred que je suis bien arrivée, je ne voudrais pas qu'il s'inquiète. Je me glisse entre les draps, toute habillée encore, et tente de m'endormir pour ne plus me sentir aussi mal. On tambourine à ma porte d'entrée, je me lève prudemment pour aller ouvrir. Il s'agit de Roger.

" Angie…je t'ai cherchée partout, j'étais vraiment inqu-"

Je le coupe.

" Je ne veux plus t'entendre. Comment tu as pu oser faire une chose pareille ? À ces filles et à moi ? "

Dis-je, aussi froide et méprisante que possible. Il baisse la tête et regarde vers le sol, il avance vers la chambre d'ami, silencieux. Il pose tristement sur la table le mouton en peluche que j'avais laissé tomber.

" Il est à toi, je me suis dit qu'il te manquerait peut-être …"

Ajoute-t-il sur, complètement abattu. Je réalise alors que je viens d'être très dure avec lui, je n'aurais jamais dû employer un ton aussi désagréable, je suis très déçue, mais ce n'était pas une raison pour me montrer si détestable. Je m'en veux, mais il est trop tard. Roger vient de rentrer dans la pièce qui lui est destinée, et ce serait déplacé de le suivre, beaucoup trop déplacé. Je vais donc me coucher, je m'installe dans mon lit, mais je ne parviens pas à dormir, les événements de ce soir m'ont sincèrement rendue malade, et je suis incapable de penser à autre chose. Une heure passe
sans que je ne puisse fermer l'oeil, soudain, le blond vient frapper à ma chambre, je le fais entrer.

" Angelique…est-ce qu'on pourrait parler quelques minutes s'il te plaît…? "

Assise dans mon lit, regardant vers le bas, je hoche la tête, il vient s'assoir à côté de moi. Il reste silencieux un très long moment, après tout tout ça, c'est extrêmement délicat et difficile de commencer une conversation. Il regarde ses pieds, me jette un bref coup d'oeil et baisse à nouveau ses yeux.

" Je te demande pardon…Je te promets que je ne voulais pas que ça se passe comme ça...mais…
- Ne t'inquiète pas, je savais à quoi je devais m'attendre…ce n'est pas toi, c'est moi qui ai été beaucoup trop naïve…"

Il me regarde froidement, je pense que ce que je viens de dire l'a blessé, quelle idiote je peux être ! Mais lorsque je suis énervée, triste, je ne sais plus y faire avec les gens, et je peux être vraiment contrariante, je le regrette toujours immédiatement. J'essaie de m'approcher pour m'excuser, mais il lève son bras, m'empêchant de venir plus près de lui.

" J'en avais profité pour tout mettre au clair avec les filles…je leur ai dit à l'une comme à l'autre que je ne voulais pas continuer comme ça, et que ce n'était pas ce dont j'avais besoin…
- Comment je peux être sûre que tu me dis la vérité…?
- Depuis que je te connais, je me sens bien quand je suis avec toi, tu es à l'écoute, on a des points communs, tu me soutiens, tu me plais beaucoup…mais ça ne sert à rien…quand je vois ce que tu penses vraiment de moi…
- Roger je suis désolée ! "

Mes yeux se remplissent à nouveau de larmes, il se lève, visiblement calme, mais je sens qu'il est en colère, j'essaie de le retenir.

" Non Angelique, c'est bon, j'ai compris. "

Il quitte la pièce, et j'entends qu'il s'affaire dans la chambre d'ami, je comprends qu'il est en train de prendre ses bagages pour s'en aller, il n'a que sa guitare et sa valise à récupérer, je me précipite hors de mon lit alors qu'il se dirige vers le salon, il pose sa main sur la poignée de la porte d'entrée, mais avant qu'il ne parte, je me jette sur lui et l'enlace, posant ma tête dans son dos.

" Je suis désolée...je ne veux pas que tu partes…s'il te plait...!"

Il s'arrête, il reste immobile pendant quelques instants, alors que je pleure contre lui. Il pose ses affaires et se retourne finalement, il m'entoure de ses bras, je mets ma tête contre son torse et me laisse à nouveau aller. Il caresse mes cheveux et relève mon visage. Il balaie mes larmes d'un coup de pouce délicat et esquisse un sourire, dans lequel on peut voir beaucoup de peine. Il embrasse mon front doucement.

" Allez...c'est terminé maintenant…je ne veux plus en parler…Ça n'arrivera pas une seconde fois, tu peux me faire confiance Angie…si tu en es capable…"

J'attends quelques secondes, je l'écoute, il est sincère, cette histoire lui a fait autant de mal qu'à moi, il n'y a pas de mensonge dans ce qu'il me dit. Je sèche mes larmes et me force à calmer mes pleurs alors que je lève mes yeux vers lui. Il hésite un instant avant de caresser ma joue avec douceur. Il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille et se penche lentement vers moi. Je lève timidement la tête alors que ses lèvres touchent les miennes, plus longuement que la première fois. Je peux ressentir toutes les émotions qui le traversent, et je suis persuadée qu'il peut en faire de même. Nous restons ainsi pendant encore quelques minutes.

Doing All RightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant