XXIII Voyage en France

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Les rayons du soleil traversent les rideaux de la pièce et viennent chatouiller ma peau, j'ouvre doucement les yeux. Je procède à quelques rapides observations. Où suis-je ? Dans ma chambre. Quelle heure est-il ? 10h 34. Suis-je habillée ? Négatif, je n'ai absolument plus aucun vêtement. Je balance brièvement ma tête, je me rappelle de tout, dans les moindres détails. Après que le garçon m'ait embrassée, hier soir, ça a été plutôt loin. Je sors de mon lit pour m'habiller, je remets des sous-vêtements et prends le premier t-shirt qui me passe sous la main. Mon lit grince discrètement, je  me retourne, le blond est là, réveillé, il me fixe avec ses grands yeux bleus, l'air très intéressé et attendri. Je lui souris.

" Bonjour Rog ! "

Dis- je en tentant d'avoir l'air la plus normale possible, mais je sais très bien que vu la situation, on ne risque absolument plus de se comporter exactement comme avant l'un envers l'autre. Je suis un peu gênée et je ne sais pas trop quoi dire, je décide d'aller prendre une douche, ça m'aidera à réorganiser mes pensées et mes émotions, il s'est passé beaucoup trop de choses hier soir, et je dois faire le point. Nous nous retrouvons donc, le garçon et moi, dans la cuisine, après qu'il ait utilisé la salle de bains à son tour. Il s'asseoit en face de moi.

" J'ai réfléchi, et je partirais bien en voyage pendant quelques jours.
- Et où veux-tu aller ?
- La France ou l'Italie, peu importe le pays, mais ceux-là me feraient vraiment plaisir. "

Je lui fais remarquer que c'est plutôt une bonne idée. J'ai toujours rêvé d'aller dans l'un de ces deux pays mais je n'en ai jamais trouvé l'occasion. Nous nous mettons donc d'accord sur une destination, nous préparons nos valises, il nous faudra prendre le ferry. Roger veut impérativement emmener sa voiture, ce sera nettement plus simple et économique pour se déplacer. Je ne sais absolument pas le temps qu'il va faire, et comme toujours, je remplis beaucoup ma valise. Je verifie que j'ai bien toutes mes affaires. Nous mettons tout dans la voiture et partons pour Portsmouth. J'adore organiser des voyages à la dernière minute, ce sont ceux qui se passent généralement le mieux et sont les plus intéressants. Nous arrivons au port, le garçon me demande de garder le véhicule pendant qu'il va prendre des billets. Il est 13h, et le prochain bateau ne part que dans deux heures, il va falloir qu'on s'occupe, je fais de brefs calculs. On a six heures de trajet pour arriver en France, et je pense qu'une fois là-bas, nous devrons aussi conduire un bon moment avant d'arriver.

Nous embarquons, avec la voiture évidemment, je me demande comment Rog va faire, puisqu'en France, la conduite est légèrement differente, mais je ne m'en fais pas pour lui. Je m'accoude contre les barrières et profite de la brise marine sur mon visage, la mer est plutôt calme, elle qui est réputée pour faire passer des voyages vraiment désagréables. Le garçon allume une cigarette en se baladant sur le pont, puis vient s'appuyer près de moi, il regarde l'horizon ; que de l'eau, à perte de vue, on est perdus au milieu de nulle-part.

" J'espère qu'on ne va pas couler comme le titanic.
- Mais c'est pas possible Roger ! Pourquoi tu veux me faire peur ? "

Je devient blanche alors qu'il commence à rire, fier de m'avoir mis dans un état pareil. Il y a encore quelques heures de trajet à tenir, je m'asseois contre le mur d'une cabine, aussi loin que possible du bord. Roger vient s'asseoir juste à côté et me serre gentiment contre lui, en me disant de ne pas m'inquiéter et que tout ira bien. Il n'y a même pas une dizaine de personnes sur l'embarcation, et nous ne sommes que tous les deux à l'extérieur, le ciel est très bleu et il fait plutôt bon. Il prend la caisse de sa guitare acoustique et me demande si je veux qu'il joue, j'acquiece, ça me changera les idées, je crois qu'il me doit bien ça au moins. Il prend l'instrument et s'asseoit en tailleur. Il met ses lunettes de soleil et s'accorde. Il commence à jouer l'intro de "Tenement Funster", j'ai recemment été complètement obsédée avec ce titre, et je pense qu'il l'a remarqué. Ce n'est quand même pas donné à tout le monde d'entendre une chanson interprétée par son auteur lui-même, à seulement quelques centimètres et exprès pour vous. Il chante avec sa voix rauque, et pourtant douce, je l'écoute attentivement. Je balance mon corps et ma tête en cadence. Il arrive presque au refrain et me fait un signe, je comprends immédiatement, je le rejoins et nous chantons en coeur :

" Ooh, give me a good guitar, and you can say that my hair's a disgrace !
Oooh just find me an open car, I'll make the speed of light out of this place ! "

Je le laisse seul sur le couplet, et nous reprenons à nouveau tous les deux. Il enchaîne vite sur "I'M In Love With My Car ", je décide de faire les choeurs pour lui, en essayant d'imiter en quelque sorte la voix extrêmement aiguë qu'il est capable de prendre. Je ne m'en sors pas si mal que ça, et il me le fait remarquer. Nous continuons ainsi jusqu'à ce que nous apercevions la terre au loin. Nous sommes presque arrivés en France ! Nous sommes supposés être en Bretagne, mais nous allons sans-doute descendre dans le pays, sur la côte, mais un peu plus bas, à environ 100 kilomètres au-dessus de Bordeaux , c'est dans cette zone que les temperatures sont toujours agréables, grâce à l'Océan Atlantique.

Nous prenons donc la voiture, le blond se prépare mentalement quelques minutes avant de devoir prendre la route en conduisant du côté droit de la chaussée, ça ne va pas être pratique pour lui, mais il devrait s'y habituer assez vite. Nous partons enfin. En principe, nous avons encore 4h30 de trajet prevues, mais nous échangerons sur le chemin, on ne devrait arriver que vers 1h du matin, nous risquons d'être extrêmement fatigués. La route est plutôt agréable à suivre, j'ai ma carte devant les yeux, il est impératif que je puisse guider le conducteur, sinon, nous allons de nous perdre au beau milieu de la campagne, et soyons honnêtes, les français ne sont pas réputés pour connaître très bien la langue de Shakespeare. J'ai fait plusieurs années de français, de 11 ans à 21 ans, mais je n'ai jamais été mise en situation, je suis censée pouvoir me débrouiller, mais à vrai dire, je n'en sais trop rien. Alors qu'il conduit, Roger me suggère une idée.

" On pourrait rester tout seuls pendant deux ou trois jours et proposer aux garçons de nous rejoindre après, plus on est de fous plus on ri, et je pense qu'ils seraient contents de venir. "

Je hoche la tête, il a bien raison.

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