XVIII "Only You"

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La soirée avance, toujours dans la joie et la bonne humeur. Le blond allume un clope alors qu'il commande un troisième verre, il est 22 heures, pour l'instant, tout se passe encore bien. Nous discutons et les fans nous laissent plutôt tranquilles. C'est à ce moment là que "Seaside RendezVous " commence à passer. Les gens n'ont aparemment pas perdu de temps pour découvrir les nouveaux titres des garçons. Roger prend ma main et m'emmène  danser, puisqu'il s'agit d'un rock 'n roll. Je ris comme une enfant alors qu'il me regarde, avec ses lunettes de soleil sur les yeux, alors qu'il fait vraiment sombre à l'intérieur, je ne cherche même plus à comprendre, mais c'est drôle. Je réalise au milieu de la chanson que les gens se sont écartés pour nous laisser de la place. Les filles de toute la pièce fixent mon partenaire avec envie, espérant sûrement être à ma place, je dois avoir de la chance. C'est vrai, je danse avec Monsieur Roger Taylor le jour de ses 26 ans, ce n'est pas donné à toutes.

Le volume sonore ainsi que la clarté  de la pièce diminuent, Roger enlève ses lunettes et les accroche à son t-shirt. Les premières notes d'une chanson reconnaissable entre des millions se font entendre. Le jeune homme pose ses mains sur ma taille alors que je mets mes bras autour de son cou, il me rapproche de lui dès le légendaire premier  " Only You" de la chanson du même nom, interprétée par The Platters, est prononcé. Je regarde en l'air pour essayer de trouver un moyen de calmer mon corps dans lequel le sang circule à toute vitesse. Le garçon, en revanche, en dansant, a l'air tout à fait à l'aise, il y a quelque chose de naturel et de spontané dans sa façon de bouger et de guider le balancement de mes hanches. J'ai du mal à respirer, mais c'en est presque plaisant. Je crois que c'est la sensation que sont censés nous faire ressentir des slows comme celui-là. Il remonte sa main jusqu'à mon menton, il le redresse vers lui et me sourit, il établit un contact visuel qui semble nous captiver tous les deux.

Je finis par m'abandonner au rythme, mais je sens que tout se bouscule dans mon ventre, mes muscles sont tendus et je me sens lourde. Il me fixe toujours dans le fond des yeux, mais je parviens à me defaire de son regard et poser ma tête sur son épaule. J'ai l'impression que nous sommes tout seuls dans la pièce, mais ce n'est pas le cas, il y a beaucoup de couples qui dansent autour, je perçois même brièvement que le groupe regarde vers nous. Je ferme mes paupières et essaie de tout oublier. J'ai le sentiment étrange que ce slow dure depuis une éternité, et pourtant il est plutôt court. Malgré tout ce que je ressens, je suis bien, je n'ai pas envie que ce moment s'arrête, et pourtant il touche à sa fin, les dernières notes de la chanson se perdent dans la pièce tandis que Roger me lâche délicatement. J'improvise un sourire en lui disant que j'ai besoin d'utiliser la salle de bains. Il n'a pas le temps de réagir que je suis déjà entrée dans la pièce, j'y ai couru aussi vite que possible.

J'ouvre le robinet et passe de l'eau sur mon visage, je suis un peu rouge et j'ai encore un peu de mal à reprendre ma respiration, j'ai extrêmement chaud. Les tensions à l'intérieur de mon corps ne veulent pas se relâcher. La porte s'ouvre soudain et je sursaute, il s'agit de Freddie, j'expire soulagée. Je glisse contre le mur et m'asseois, repliant mes genoux vers ma poitrine. Le jeune homme s'accroupit devant moi et me demande si ça va. Je hoche la tête, mais il me connait trop bien, il voit évidemment que je ne suis pas dans mon état normal.

" Je ne sais pas ce qui m'arrive…je me sens vraiment bizarre…
- Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas comporté comme ça avec toi n'est-ce pas ?
- Oui…je crois même que je n'ai jamais dansé de slow avec quelqu'un d'autre que Tom ou toi…mais ce n'était pas pareil.
- Je pense que Roger te plait, au moins un peu, et n'essaie même pas de me mentir, je te connais par cœur Chérie. "

Il secoue son index devant mon visage alors que j'enfouis ma tête dans mes genoux. Je ne sais même pas si Fred a raison, tout est complètement embrouillé dans ma tête, j'ai dû en plus prendre, comme tout le monde dans le groupe, un ou deux verres de trop, et je pense que ça joue sur mes réactions. Le jeune homme prend ma main et m'aide à me relever, il me prend dans ses bras pour tenter de me faire me sentir mieux, son étreinte m'apaise.

" Allez mon coeur, il faut y retourner, on ne peut pas faire attendre les garçons comme ça.  "

Freddie a raison, il faut y aller. Nous retournons dans la salle principale, la chanson qui passe est maintenant " Knocking On Heaven's Door " de Bob Dylan, cette chanson est sortie l'année dernière, elle est vraiment douce, l'écouter m'aide à me calmer. Nous marchons jusqu'à notre table et reprenons nos places respectives. Roger me regarde inquiet, me demandant si je vais mieux. J'acquiece en essayant d'être la plus naturelle possible. Il commande à nouveau des verres pour notre table, c'est son anniversaire après tout, mais j'ai peur de faire d'autres crises d'angoisse, je vais devoir essayer de me contrôler. Les garçons commencent eux aussi à être légèrement ivres, ce n'est rien de bien méchant, mais ils rient pour rien et font de plus en plus de blagues idiotes. Freddie se lève et nous fait un petit spectacle de danse avec Roger, je sors mon polaroid de mon sac et les prends en photo, ce genre de clichés va valoir de l'or d'ici quelques temps, c'est sûr ! L'heure tourne, est il est minuit passé, à vrai dire, nous sommes même déjà proches de 1h du matin, je ne suis pas fatiguée mais ma tête me tourne légèrement, je n'en parle pas, je ne veux pas gâcher la fête aux garçons, ils ont l'air de tellement s'amuser.

Environ une demi-heure plus tard, Brian nous fait remarquer qu'il serait raisonnable de rentrer, nous approuvons tous, payons notre consommation et reprenons le chemin de la maison, heureusement pour nous que nous sommes venus à pieds et que nous avons moins de 200 mètres à parcourir pour arriver à destination. Les garçons se dirigent vers leurs chambre respectives, mais en ce qui me concerne, je ne sais pas où je vais bien pouvoir dormir. Brian et Freddie sont à l'étage, et Roger et John au rez-de-chaussée. Le batteur est sur le point d'entrer dans sa chambre lorsque je l'interpelle pour lui demander où je peux dormir.

" On a préparé une chambre pour toi à l'étage, c'est la porte juste au bout du couloir.
- Merci, c'est gentil. "

Dis-je en essayant de commencer à monter les escaliers. Ma tête est lourde et je dois m'accrocher fort à la rampe, je trébuche, le blond se précipite vers moi et me retient.

" Tu n'es pas capable de monter les escaliers dans cet état n'est-ce pas…? "

Chuchote-t-il. Je le regarde désolée, tandis qu'il passe son bras en dessous de mes jambes et me soulève, comme si je ne pesais presque rien. Il m'emmène dans sa chambre et me dépose avec douceur au milieu du grand lit. Il passe sa main sur mon front et caresse ma joue. Il se penche vers moi, je sens sa peau frôler ma bouche. Ses lèvres sont proches des miennes, je sens le parfum du garçon, mélangé à la légère odeur d'alcool. Le temps reste suspendu ainsi pendant quelques instants. Son souffle balaie mon visage, puis il m'embrasse, m'effleurant à peine, mais des frissons parcourent tout mon corps. Je ferme les yeux et pose une main dans son cou.

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