Chapitre quatre : Exil

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Si vous ne pensez pas à l'avenir, vous ne pouvez en avoir un.

John Galsworthy

Avril 2013,

Quelque part au Canada



En sortant du centre commercial, Morgane rabattit la capuche de sa parka noire sur sa tête, moins pour rester incognito que pour se protéger de la pluie diluvienne. Couvrant du mieux qu'elle le pouvait son sac de courses, elle marcha d'un pas rapide jusqu'à la fourgonnette blanche. Après avoir déposé les courses et son sac-à-dos sur le siège passager, Morgane attacha sa ceinture de sécurité, mit le contact et quitta prudemment le parking. Elle fit preuve de la même prudence durant le court trajet séparant le manoir du centre-ville. Elle n'arrivait toujours pas à croire qu'elle s'était laissé embobiner aussi facilement par Rebecca. C'est juste pour cette fois. Ce n'est que l'affaire d'une demi-heure, grand maximum. Tu ne risques rien. Cinq minutes ou une demi-heure, c'était du pareil au même. Elle était en infraction. Si elle tombait sur une patrouille un peu trop zélée, elle se retrouverait dans la merde jusqu'au cou. « Je suis désolée de rouler sans permis mais c'est une situation d'urgence. L'un de mes colocataires avait du sommeil à rattraper et l'autre ne peut pas s'éloigner de son ordinateur parce que, voyez-vous, nous sommes des fugitifs et il ne faudrait pas que les grands méchants Templiers nous tombent dessus pendant que nous avons le dos tourné, n'est-ce pas ? ». Toutes les vérités n'étaient clairement pas bonnes à dire.


Cela faisait désormais deux mois qu'avec Shaun et Rebecca, Morgane avait quitté les États-Unis pour le Canada. Cette décision n'avait pas été prise de gaîté de cœur et il leur avait fallu du temps pour se mettre d'accord. C'était Shaun qui, le premier, avait commencé à parler de quitter l'endroit où ils se trouvaient, tant pour éviter que les Templiers ne les retrouvent que par souci pratique d'économiser l'argent qu'il leur restait. Sur le coup, Morgane avait refusé tout net d'en entendre parler, caressant le secret espoir que William referait rapidement son apparition.

- Morgane, fais-toi une raison, William ne reviendra pas !

- Tu n'en sais rien. Qu'est-ce que cela coûte de l'attendre un petit plus longtemps ?

- Mais ça fait deux semaines qu'on l'attend ! Deux interminables semaines à guetter le moindre signe de vie de sa part. Il faut qu'on bouge avant que les Templiers ne nous tombent dessus.

- Shaun n'a pas tout à fait tort. On ne peut pas rester éternellement dans cette chambre d'hôtel. La connexion y est minable et le prix indécemment excessif.

- L'argent n'est pas un problème, contra-t-elle, avec sincérité.

- Je ne pensais pas dire cela un jour mais dans ce cas présent, il l'est. Ce n'est pas que je n'aime pas l'idée d'être entretenu par une femme, mais cet argent, il nous faut commencer à l'économiser. On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve.

- Alors qu'est-ce que tu proposes ? De passer nos journées sur la route et nos nuits dans des refuges encore plus précaires que cette chambre d'hôtel ? C'est ça ton super plan ?

- Il est toujours meilleur que le tien. Attendre une personne qui ne reviendra pas.

- Gardons la tête froide, s'il vous plaît, intervint Rebecca. Je comprends ton inquiétude Morgane mais fais-moi confiance. Où que l'on aille, William trouvera le moyen de nous recontacter.

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