Chapitre vingt-quatre : Nous sommes des Assassins

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A qui venge son père,

Il n'est rien d'impossible

Pierre Corneille.



4 Décembre 2016,

Manoir Kenway, Londres



Allongée sur son lit, Morgane écoutait la pluie qui tombait sans discontinuer depuis le début du mois. Anniversaire pluvieux, anniversaire heureux, lui avait dit Rebecca en le lui souhaitant. Morgane n'avait pas eu le cœur de la contredire mais depuis son retour à Londres, elle était loin d'être heureuse. Rikkin restait hors de leur portée, la Pomme d'Eden en sa possession. Elijah se trouvait toujours à la merci de Gramática. Son sort était devenu plus précaire qu'auparavant puisque Morgane n'avait pas eu le temps de finir les mémoires d'Evie et donc de localiser l'emplacement du corps de James Cunningham. Berg et cette garce de Da Costa étaient dans la nature, libres de leurs mouvements et par-dessus le marché elle n'avait pas encore trouvé l'occasion d'aller chercher son collier. Celui-ci avait beau représenter le monde pour elle, Morgane n'était pas inconsciente au point de se mettre en danger inutilement pour lui.

Mais si elle se morfondait dans son lit au lieu de se bouger le cul à faire tout son possible pour repérer Rikkin ce n'était pas pour toutes ces raisons. C'était à cause de Shaun. Depuis leurs retrouvailles, il n'était plus le même. La situation avait fini par empirer jusqu'à arriver au point de non-retour. Si seulement il avait accepté de me parler, se lamenta-t-elle une nouvelle fois. Désormais, à sa longue liste de problèmes, elle pouvait rajouter la perte d'un ami cher.


Lors de leur arrivée sur le sol anglais, leur groupe s'était séparé. Shaun et Harlan avaient emmené Moussa, Callum, Lin et Nathan dans un endroit secret afin de les interroger et Arend l'avait ramenée au manoir où une heureuse surprise l'y attendait : William et Rebecca, revenus spécialement pour l'accueillir. Ce soir-là, il y eut beaucoup de rires et de larmes. Comme l'avait si bien dit Dorothy, « on n'est jamais aussi bien que chez soi »*. Après les retrouvailles était venu le temps des explications. Dotée d'une très bonne mémoire, Morgane avait fidèlement retranscrit tout ce qui lui était arrivé dans le laboratoire de Gramática. Si elle avait insisté sur l'urgence absolue de sauver Elijah, elle n'avait en revanche rien révélé s'agissant de ce qui pourrait être ou non sa véritable identité.

Pendant l'année qui venait de s'écouler, Morgane avait eu tout le temps de repenser aux implications des propos tenus par Gramática. Était-il réellement le fils de Desmond ou ne s'agissait-il que d'un énième mensonge de la part de ce cinglé de scientifique ? Desmond n'aurait jamais caché une telle information à ses parents, quand bien même il était brouillé avec William, pensait-elle un jour. Pourquoi Elijah m'a-t-il dit que nous étions liés ? Comment pouvait-il avoir connaissance d'une telle information, alors que sa mère ne semblait pas savoir qui j'étais ? s'interrogeait-elle le lendemain. Elijah ne peut pas être le fils de Desmond. Il ne lui ressemble même pas ! Et ainsi de suite. Sans oublier toutes les questions annexes autour de la création d'un corps organique pour Junon. L'instinct de Morgane lui soufflait que Gramática opérait à l'insu de l'Ordre, avec la complicité de Da Costa. Tout ce qui l'intéresse est de pratiquer ses sordides dissections, peu importe pour qui. Elle avait donc choisi de ne pas perturber William avec ses questionnements. Une fois Elijah en sécurité, elle aurait tout le loisir de lui en parler. Une fois son rapport terminé, William n'avait pas perdu de temps.

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