Chapitre douze : La Capsule

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Tout ce qui est fait de grand dans le monde est fondé sur l'espoir

Martin Luther King



L'espoir des hommes, c'est leur raison de vivre et de mourir

André Malraux



25 décembre 2013,

Manoir Davenport, Canada.



La routine. À force d'être tout le temps sur le qui-vive, de ne dormir que d'une oreille, d'enchaîner les tours de garde, Morgane avait fini par oublier le bonheur simple d'effectuer les mêmes gestes quotidiennement. Depuis le retour de William, elle suivait le même emploi du temps. Elle se levait tous les matins avec l'aube et prenait son thé devant la fenêtre, appréciant le calme ambiant. Ensuite, elle passait à l'entraînement, en commençant par la Vision d'Aigle. Rétrospectivement, Morgane se demandait comment elle avait pu être aussi paniquée lorsque la Vision s'était manifestée à elle pour la première fois. Même un enfant de quatre ans saurait l'utiliser.

Sous la tutelle de William, la jeune femme s'était avérée une élève incroyablement douée, à tel point qu'au bout d'une semaine, elle pouvait non seulement différencier les civils de William, de Rebecca et de Shaun – toujours colorés en vert dans sa Vision – mais elle parvenait à entendre des conversations se déroulant à plusieurs dizaines de mètres d'elle. Malgré ses progrès fulgurants, William l'obligeait à l'utiliser quotidiennement, le terme exact qu'il avait employé était « affûter » et Morgane s'exécutait donc. Il était le maître. Elle était l'élève.

Après la Vision, la séance de torture pouvait débuter. Morgane avait beau se tenir sur ses gardes, elle ne parvenait toujours pas à anticiper ses attaques. William semblait surgir de nulle part, tel un diable sortant de sa boîte. Elle ne pouvait même pas utiliser la Vision, il le lui avait formellement interdit. Si tu n'es pas capable de percevoir ton ennemi sans utiliser la Vision d'Aigle, alors tu mérites de te faire battre. Qu'il attaque par les airs ou qu'il la surprenne de derrière un arbre, Morgane ne l'entendait jamais fondre sur elle, lui faisant perdre plusieurs secondes. Une seconde, c'est tout ce dont un Assassin a besoin pour planter sa lame dans le dos de sa victime.

La première semaine de leur entraînement, elle était « morte » tellement de fois qu'elle en avait perdu le compte. Elle avait trouvé cela tellement injuste et en total désaccord avec leur pacte. William était censé lui apprendre à passer inaperçue et non la prendre en traître chaque fois qu'elle mettait un pied dehors. Avant d'apprendre à courir, il faut que tu apprennes à marcher.

Elle en avait hurlé de rage.


Bien entendu, il avait entièrement raison. Chaque entraînement qu'elle pratiquait la rapprochait de son objectif, que ce soit la course à pied, le lancer de couteau ou le combat à mains nues. William la poussait sans cesse dans ses retranchements, que ce soit physiquement ou intellectuellement.

- Quel est ton plan d'attaque ? Non ! Ne réfléchis pas.

- Je le tuerais chez lui. Je connais les lieux. Il ne se méfiera pas.

Cette réponse lui avait valu une journée de jeûne.

Parfois, Morgane était effrayée par sa candeur. S'il y avait bien un endroit que Rikkin aurait transformé en forteresse c'était bien le manoir. Elle n'était plus sa fille adoptive, disposant de passe-droits et de privilèges. Elle était l'ennemie à abattre. Elle devait donc se montrer plus maligne, plus rusée. Trouver des opportunités auxquelles Rikkin n'aurait pas pensé. En clair, elle devait penser en Assassin, que cela lui plaise ou non.

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