Assassin's creed : Legacy

Chapitre six : Edward Kenway

Je n'ai pas toujours eu tort.

L'histoire me donnera raison

D'autant que j'écrirai cette histoire moi-même

Winston Churchill

13 Octobre 2013,

Locaux d'Abstergo Entertainment, Montréal.

Quand Morgane émergea de l'Animus, elle resta plusieurs minutes à contempler son écran, le souffle coupé. Jusqu'à présent, que ce soit aux côtés de Clay ou de Desmond, elle avait joué le rôle de spectatrice, vivant les souvenirs de leurs ancêtres de l'extérieur, mais là... Là c'était différent. Tout lui avait semblé si... Réel. Elle avait senti la pluie diluvienne lui tomber dessus, tandis qu'elle tenait le gouvernail, donnant des ordres à l'équipage pour qu'il pilonne les canonnières ennemies afin de les couler. Mais comment savait-elle qu'il s'agissait de canonnières ? Et comment avait-elle réussi cet exploit de naviguer en pleine tempête alors que la seule et unique fois où elle avait pris la mer – une croisière organisée par Abstergo pour ses employés – elle avait tellement souffert du mal de mer qu'elle avait passé tout son séjour à l'intérieur de sa cabine, incapable de poser ne serait-ce qu'un orteil sur le pont supérieur ?

L'eau salée lui avait brûlé les poumons lorsqu'elle était passée par-dessus bord alors que le navire venait d'exploser. Ensuite... L'autre homme, celui qui avait poignardé le capitaine dans le dos sans la moindre hésitation, avait tenté de la soudoyer avant d'essayer de la tuer. Mais elle avait eu le dessus et elle avait fini par le transpercer avec ses deux sabres, sans le moindre regret. Tout comme elle avait n'avait pas eu le moindre état d'âme en massacrant les soldats britanniques qui retenait un commerçant en otage. En se souvenant de la facilité avec laquelle elle avait tranché les chairs et fait couler le sang, Morgane frissonna. Pitié, faites que je ne subisse pas l'Effet de Transfert et que je ne me transforme pas en monstre sanguinaire !

Elle avait alors déshabillé l'Assassin – une information qu'elle avait compris dès l'instant où elle était revenue à la réalité mais qu'Edward ignorait totalement, n'ayant pas reconnu la tenue traditionnellement portée par les membres de la Confrérie – s'était emparée de ses affaires et, sous la fausse identité de Duncan Walpole, elle avait convaincu le marchand dont elle venait de sauver la vie, un dénommé Stede Bonnet, d'utiliser son navire afin de gagner La Havane.

Non, ce n'est pas toi. C'est Edward Kenway. Tu t'appelles Morgane Campbell. Edward ignore tout des Assassins et des Templiers. Il ne sait même pas qui est Stede Bonnet. Alors que toi, tu sais parfaitement que Bonnet était un homme respectable, devenu pirate essentiellement pour échapper à sa vie conjugale. Après avoir été contraint de rejoindre l'équipage de Barbe-Noire, il a fini par accepter le pardon royal – sujet de discorde entre bon nombre de pirates – avant de se trouver contraint de retomber dans la piraterie après que Barbe-Noire lui ait volé son navire et son équipage. Arrêté, il a été pendu en 1718.

Car là résidait le grand danger de l'Animus, cette confusion entre le réel et le virtuel. C'est ce qui était arrivé à Clay et, dans une moindre mesure, à Desmond. Grâce à l'Animus, son cousin avait maîtrisé en quelques semaines les connaissances et les compétences acquises pendant plusieurs années par ses ancêtres, Altaïr et Ezio. C'était le côté positif de l'Effet de Transfert. Malheureusement, le revers de la médaille consistait pour le sujet à revivre les souvenirs de ses ancêtres alors même qu'il ne se trouvait plus dans l'Animus. Desmond l'avait expérimenté quand il s'était évanoui peu de temps après avoir pénétré dans le Temple. Hors de la machine, il avait revécu un souvenir d'Haytham, celui où il avait assassiné un homme au cours d'un opéra afin de lui subtiliser le collier qui lui portait autour du cou. Collier qui s'était avéré être la clé nécessaire à l'activation de l'appareil qui avait sauvé l'humanité d'une mort certaine.