Chapitre vingt-et-un : Rien n'est vrai...

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Dîtes la vérité mais pas complètement

Emily Dickinson



Il n'y a que la mort des personnes que l'on hait

Qui puisse guérir de la haine

Anne-Thérèse de Marquenat de Courcelles.



22 Octobre 2016

Abstergo Industries, Espagne



Morgane était réveillée depuis longtemps quand les lumières de sa cellule s'allumèrent automatiquement, comme à chaque matin depuis son arrivée, presque un an jour pour jour. Elle n'était pas pressée de fêter ce premier anniversaire car elle savait qu'il serait suivi de beaucoup d'autres. Sa vie avait connu de grands bouleversements. Elle avait, une fois de plus, échappé à une mort certaine même si, pour cela, elle avait dû pactiser avec le diable.

Rikkin avait attendu une semaine avant de la faire amener dans son bureau, lui laissant tout le loisir de digérer le fait qu'elle avait troqué un geôlier pour un autre. Rikkin n'en voulait pas à sa vie, contrairement à Gramática, mais sa situation restait inchangée : elle était prisonnière même si Sophia avait prétendu le contraire.

Sophia... Sa sœur adoptive. En la découvrant à son chevet lors de son réveil, Morgane avait éprouvé du soulagement avant de rapidement déchanter. À l'instar de son père, Sophia n'en voulait qu'à ses mémoires génétiques. Seules leurs motivations étaient différentes. Là où le père voulait la Pomme pour servir ses propres intérêts, la fille poursuivait un dessein, certes plus altruiste, mais totalement irréalisable. En l'apprenant, Morgane lui avait ri au nez, se moquant de sa naïveté, mais Sophia avait conservé son impassibilité. « Tu finiras par comprendre » lui avait-elle dit avant de quitter la pièce. Morgane y était restée confinée jusqu'à ce qu'un grand costaud habillé de noir, accompagné par quatre types en blouse blanche, ne l'amène à Rikkin.



Elle avait tellement attendu cette confrontation. Elle avait planifié des dizaines et des dizaines de scénarios. Attaque par les airs. Infiltration dans le manoir qui l'avait vue grandir. Attaque surprise à la sortie de son travail. Elle s'était entraînée pour cet instant précis. Elle avait sacrifié ses convictions pour cet instant précis. En dix secondes, Rikkin avait réduit à néant des années d'entraînement. Il lui avait suffi d'un regard et elle était redevenue cette petite fille impressionnée par l'aura magnétique dégagée par le Grand Maître.

- Veux-tu une tasse de thé ?

Cette phrase suffit pour rompre le charme.

- Allez au diable !

- Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Ne t'ai-je pas donné un foyer ? Une famille ? N'ai-je pas pourvu à ton éducation ? Ne t'ai-je pas aimée comme ma propre fille ?

- Aimée ? répéta-t-elle, incrédule. Vous m'avez manipulée pour que je serve vos intérêts.

- Ce n'est pas vrai.

- Inutile de me mentir, je connais la vérité. Vous avez traqué ma mère sans répit et vous l'avez poussée au suicide. Vous avez fait assassiner mon père. Vous avez conduit des expériences sur des êtres humains dans le seul but d'assouvir votre soif de pouvoir. Vous cautionnez les agissements de Gramática alors même que vous savez quel genre d'homme il est. Ça vous va comme excuses pour justifier la haine que j'ai envers vous ?

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