Chapitre vingt : Prisonnière

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Je n'ai jamais eu de mère.

Je suppose qu'une mère est la personne vers qui vous vous dirigez le plus en cas de soucis.

Emily Dickinson



Elle courait comme elle n'avait jamais couru de toute sa vie. Elle oubliait sa peine. Elle oubliait sa fatigue. Tout son esprit était focalisé sur la silhouette devant elle qui grandissait au fur et à mesure qu'elle se rapprochait d'elle. Tuer Violet Da Costa et récupérer le Suaire constituaient ses deux seuls objectifs et elle n'aurait aucun répit tant qu'elle ne les aurait pas atteint, même si elle devait en mourir. Elle entendit vaguement la voix de Bishop dans ses oreilles et elle coupa la communication pour ne pas se laisser déconcentrer. Intérieurement, elle s'interrogeait sur les capacités hors du commun de Da Costa qui, non contente de tenir la distance, arrivait à courir aussi vite avec une lourde boite entre ses mains. Peu importe, elle finirait bien par la rattraper. Plutôt mourir que de laisser les Templiers mettre la main sur le Suaire.

En sortant du sous-sol de Buckingham, elle s'immobilisa, laissant le temps à ses yeux de s'accoutumer au changement de luminosité car si le sous-sol était très sombre, à l'extérieur il faisait encore jour. « Une seconde. C'est tout ce dont un Assassin a besoin pour planter sa Lame dans le dos de sa victime ». La remarque de son oncle fonctionnait aussi pour les Templiers. Dès l'instant où la fléchette pénétra dans son épaule, elle sut qu'elle était fichue. Elle reprit sa course mais la tête lui tournait. Ses mouvements se faisaient plus erratiques. Elle réussit à parcourir quelques mètres avant de s'effondrer. Un éclat de rire lui fit relever la tête. Au ralenti, elle vit Da Costa lever la boîte contenant le Suaire. En désespoir de cause, elle arracha son collier et le laissa tomber. Ce n'était pas grand-chose mais cela suffirait peut-être à mettre ses amis sur la piste. Puis le choc. Et le trou noir.



Morgane ouvrit les yeux. Elle était allongée sur le sol dont elle percevait la fraicheur même à travers ses habits. Elle cligna des paupières pour ajuster sa vision et prendre conscience de son environnement. Génial, je me suis fait avoir comme une débutante. William serait tellement déçu. Se redressant sur ses coudes, elle observa la pièce où elle était prisonnière. Plus petite que sa propre chambre, elle était dépourvue de tout aménagement que ce soit pour dormir ou pour les commodités. Les murs étaient peints de ce gris métallique qu'elle associait toujours aux laboratoires depuis qu'elle avait travaillé auprès de Vidic. Je dois m'échapper. Il faut que je retrouve Shaun et les autres. Mais pour cela, elle devait déjà savoir où elle se trouvait.

Activant sa Vision, elle fut effarée par la prédominance de la couleur rouge. Par-ci, par-là déambulaient des silhouettes blanches. Bordel, où est-ce que j'ai atterri ? À force de persévérance, Morgane réussit à isoler un bout de conversation.

- Donc, le Suaire va réussir à vous aider à créer un nouveau clone ?

- En aucun cas, ma chère. Quand le Suaire enveloppe le corps d'une personne, il le scanne pour vérifier ses blessures avant de le reconstruire au niveau cellulaire.

Morgane pâlit à vue d'œil. Da Costa n'avait pas ramené le Suaire à Rikkin mais à Gramática !

- Vous n'allez pas fabriquer de clone. Vous allez recréer un Précurseur à partir de rien !

- Bingo ! Je crois bien que le planning du projet Phoenix vient de connaître une importante accélération. Je vais prévenir Rikkin de la bonne nouvelle. C'est Noël avant l'heure !

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