PAUL
Pourquoi a-t-il fallu qu'on croise Adam au village ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il parle de ma jambe ? Pourquoi a-t-il fallu qu'Esther me pose la question ?
A peine garé devant la maison, je sors de la voiture pour me diriger vers mon studio. Il me semble entendre la voix d'Esther qui m'appelle au loin, mais je suis dans une espèce de transe qui m'empêche de me retourner.
Ce n'est pas la première fois. Quand je repense à ce jour-là, je pars en vrille. Normalement tout le monde ici est au courant, mais Esther ne connait pas toute l'histoire. Et je ne pense pas avoir envie de revivre tous ces souvenirs le jour où elle l'apprendra.
Une fois seul, je me mets à hurler. Je balance la chaise de mon bureau et les livres posés dessus. Je me mets à donner des coups de pieds dans mon étagère remplie de trophées et de médailles, au point qu'elle s'effondre. L'étagère de mon passé qui tombe littéralement en ruine.
Je casse tout. Je pète clairement les plombs.
Des crises de ce genre, j'ai l'habitude d'en faire, mais pas de les gérer. Alors je m'isole, je casse tout, en hurlant et pleurant. D'une certaine manière, ça me prouve que je suis encore debout et bien vivant.
Depuis ce jour-là, j'ai l'impression de n'être que le simple spectateur de ma vie. Je n'ai plus de joie de vivre comme on dit. Comme si quelque chose s'était brisé en moi.
Je suis complètement détruit. Mentalement, et même physiquement.
Alors que je continue de hurler en frappant dans le mur, je sens une petite main s'agripper à mon épaule. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'il s'agit d'Esther. Toujours face au mur, j'hurle à son attention :
-DÉGAGE DE LA, PUTAIN !
-NON !
Sa voix est aussi ferme et forte que la mienne, et honnêtement, ça me donne encore plus envie de péter les plombs sur elle.
Je me retourne vivement pour lui faire face. Mon regard est noir de rage, mais je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche, qu'elle entoure ses petits bras autour de mon cou.
J'essaye de la repousser. C'est vrai, pour qui elle se prend à vouloir me calmer ? On ne se connait pas que je sache !
Je bouge dans tous les sens pour qu'elle me lâche, mais sa prise se fait plus forte. Elle entoure même ses jambes autour de ma taille pour se stabiliser.
Je continue de crier, mais en vain. Esther enfouie sa tête dans mon cou et ne bouge plus.
*
Je ne sais pas combien de temps elle est restée agrippée à moi comme ça. Je ne sais même pas combien de temps il a fallu pour me calmer.
Mais mes cris ont laissé place à des larmes. Puis les larmes ont aussi cessé.
Je suis épuisé.
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Mon amour de Cavalier (2)
RomanceCette histoire est la deuxième nouvelle de la série "mon amour". Je vous conseille de lire les histoires dans l'ordre pour les apparitions de personnages, mais chaque nouvelle peuvent se lire indépendamment les unes des autres. * RÉSUMÉ : Pour un l...