Mon amour de Cavalier (2)

9. S'enticher

ESTHER

Trois jours plus tard, en pleine nuit, je sors de mon studio sans faire de bruit.

Depuis que j'ai dis à Paul que je voulais l'aider à renouer avec Shadow, je me donne corps et âme à cette idée.
Paul lui, ne semble pas vraiment y croire. Sa seule réaction a été d'hausser les épaules en soupirant.

Mais je ne désespère pas. Car je sais qu'une part de lui aimerait croire que ça marchera.

Installée devant le box de Shadow sur une petite couverture en laine, cela fait maintenant une heure que je me suis posée pour lire un livre.

J'ai mes raisons de faire cela, mais j'avoue vraiment apprécier ces petits moments de solitudes et de paix. Et puis, il fait toujours aussi bon en pleine nuit du mois de septembre dans le sud de la France.

Soudain, je sursaute face à la voix de Paul. Je ne m'attendais pas à le voir ici ce soir:

-Esther ? Mais qu'est ce que tu fais ?

-Euh...

Il s'approche avant de soupirer.

-Ton idée d'aider Shadow était vraiment vraie à ce que je vois... je comprends mieux pourquoi tu semblais ailleurs ces derniers jours.

-Bien sur ! Depuis, ça fait trois nuits que je viens pour qu'elle se réhabitue à de la présence près d'elle. Et petit à petit je me rapprocherai de plus en plus près.

-Moi aussi j'ai vu le film de "l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux". Mais rien ne garanti que ça marchera avec Shadow.

-Fais-moi confiance et surtout... Essaye de lui refaire confiance à elle. Je suis persuadée que vous y arriverez.

Paul cligne des yeux sans rien ajouter. Maintenant qu'il est là face à moi, je n'ai pas envie de le voir partir. J'aimerais qu'il reste avec moi. Donc, je lui dis :

-Tu sais... Je pense que ça serait bien que ce soit toi qui fasse ça. T'asseoir près d'elle je veux dire. Après tout c'est ta jument. Il faut que tu l'apprivoises à  nouveau.

Je sens que Paul hésite. Mais finalement, il se laisse tomber près de moi.

-Et comment ça marche ? Reprend t il après un moment.

-Il n'y a pas de règles. Il faut rester près d'elle et au fur et à mesure des jours, on réduira la distance.

-Et ça fait trois jours que tu fais ça ? Tu dois être épuisée.

-Je ne reste pas la nuit entière. Mais quand même quelques heures.

Je n'ajoute rien de plus, et Paul fixe des yeux la jument.
Dans la pénombre de la nuit, seule la lumière des étoiles et de la lune nous éclaire, et pourtant, j'y vois net.

Alors que je suis en train d'observer le visage de celui qui est en face de moi, il me dit simplement sans même me regarder :

-Pourquoi ?

-Hein ?

Je ne comprends pas ce qu'il veut dire. Paul tourne alors sa tête vers moi, et pose un regard doux sur mon visage avant d'ajouter :