16. S'ignorer

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PAUL


-Je voulais vous prévenir, j'ai modifié mon billet de train. Je pars le 10 décembre finalement. 


C'est ce qu'Esther balance au dîner, laissant mes parents et moi-même assez choqués. 

Depuis notre confrontation il y a quelques jours, j'ai bien fait comprendre à Esther qu'elle n'espère rien de plus de ma part la concernant. 

C'est mieux comme ça. 

Mais l'entendre avancer son départ me rend plus triste que je ne le pensais. 


-Comment ça ? reprend ma mère. Tu ne te sens plus à ton aise ici ? 

-Non, pas du tout ! C'est juste que mon père me manque... et mon stage n'était obligatoire que jusqu'en novembre. Je préférerai rentrer. 



Ma mère ne sait plus vraiment quoi répondre. Mes parents ont bien compris qu'entre Esther et moi, quelque chose c'était passé. Mais ils n'osent pas s'aventurer sur ce terrain là de peur d'envenimer encore plus les choses. 

Finalement, c'est mon père qui conclu dans un sourire :


-Pas de soucis ma chérie. Je t'emmènerai à la gare ce jour -là. 


*

Après le repas, je vais m'enfermer dans ma chambre. Depuis l'autre soir où je lui ai dit que je ne dormirais plus avec elle, Esther et moi n'avons plus échangé un mot. Je l'ai blessé avec toutes ces choses que j'ai dites. Donc je comprends qu'elle ne fasse comme si je n'existais plus. 

Même si je n'en pensais pas un seul mot, et que de devoir le dire m'a arraché le cœur.


Je soupire en fixant le plafond, quand on frappe à ma porte. Mon père entre sans me laisser le temps de dire "entrer". 

Il a l'air sérieux, et je sais pourquoi il est là. Avant même qu'il puisse dire quoi que ce soit, je balance :


-Je sais, je sais, je suis un petit con prétentieux qui mériterait une bonne correction pour avoir blessé cette fille si parfaite. 



Mon père s'assoit sur mon lit, et après un court instant à m'observer, il répond calmement :


-Fils, je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous deux. J'ai seulement vu comment tu la regardes depuis quelques semaines. Tu as l'air triste. Et j'ai bien vu ta surprise et ta déception quand tu as su qu'elle avait avancé son départ. 


Je ne dis rien, et mon père continue :

-Même s'il y a eu une période où je n'arrivais plus à te comprendre, tu restes mon fils. L'accident t'a peut-être changé, mais tu ne peux pas mentir à ton vieux père. 

-Qu'est-ce que tu veux que je te dises papa ? Je demande d'un ton beaucoup trop calme. Tu es venu simplement pour me dire ça ?

-Je suis venu te dire qu'il ne faut pas laisser passer sa chance. 

Mon amour de Cavalier (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant