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Xolea n'était qu'aridité, désolation et sécheresse. Même les marécages dans lesquels j'avais atterrit, n'avait rien de rafraîchissant. L'eau s'était résorbée et les arbres étaient en train de mourir. Sans oublier le silence pesant qui régnait ici. Aucun animal ne vivait ici.

Prenant le seul chemin qui serpentait entre les mares vides, je me retrouvais bien vite face à une grande bâtisse qui n'avait rien à voir avec un château comme le Collectionneur m'avait dit. Non, il s'agissait plutôt d'un manoir aux couleurs ternes et aux murs fissurés. Cet endroit n'avait rien de royal.

Devant les grilles ouvertes de la bâtisse se tenaient deux gardes en armure, de hautes tailles, et armés d'une lance dont la lame brillait sous le soleil ardent.

À mon approche, ils se mirent en mouvement, croisant leurs lances pour m'empêcher de passer.

― Halte ! Qui êtes-vous et que venez-vous faire sur les terres du Roi Rothy ?

― Mon nom importe peu. J'aimerais parler à votre Roi.

― À quel sujet ?

― Un sujet qui ne regarde que lui et moi, répliquai-je sur un ton froid.

Les deux gardes se lancèrent un regard avant que l'un d'eux n'acquiesce. Celui de droite me fait un signe de tête, m'intimant silencieusement de le suivre. La tête haute et les mains dans le dos, je le suis à travers la cour vide du Manoir. Où étaient tous les serviteurs et autres travailleurs ? Sans doute avaient-ils préféré déserter ce lieu dont la vie quittait tout êtres vivants et végétaux.

Entrant dans le grand hall, tout aussi vide, le garde nous fait monter des marches avant d'arriver dans la salle du trône. La pièce était plutôt spacieuse et, tout le long du tapis bleu menant au trône, se tenaient des gardes, immobiles. Si c'était dans le but de m'impressionner, c'était un échec.

Mes yeux se posent ensuite sur Rothy, assis sur son trône, les mains sur les accoudoirs en bois. Sa couronne, faites de branches d'Aulne, reposait sur sa tête de crapaud immonde. Son regard globuleux et affublé d'un fort strabisme, s'attarda sur ma silhouette.

― Qui es-tu, femme ?

Je me retiens de lever les yeux face à son impertinence. J'avais tué pour moins que ça. Mais il fallait que je garde mon calme. Juste le temps d'avoir cette pierre de l'infinité.

― Peu importe qui je suis. J'aimerais récupérer une chose que vous avez.

― Quelle chose ? Nous n'avons rien pour toi, ici.

― Ce n'est pas ce qu'on m'a dit.

― Et que vous a-t-on dit ?

Rothy se penche en avant, un sourire mauvais défigurant sa face de batracien.

― On m'a dit que vous cachiez la pierre de l'esprit, quelque part dans ce... châtelet.

Un silence s'ensuit avant que le Roi ne se mette à rire, suivit de ses gardes. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi ils riaient ainsi. Qu'ai-je dis de drôle ?

― Je ne sais pas qui vous a dit ça mais c'est un idiot, reprend Rothy une fois calmé. Nous n'avons pas de pierre de l'esprit ici. Ni quoi que ce soit d'autre.

― Pourquoi m'aurait-il menti ?

― On ne peut faire confiance à personne, femme, retiens bien ça.

― Je suis sûre que c'est vous qui me mentez.

J'ose faire un pas en avant et, de suite, les gardes s'arment de leurs lances.

― Fait un pas de plus et tu meurs, femme !

― Alors donnez-moi la pierre et vous aurez la vie sauve.

― C'est une menace ? s'égosille Rothy en se levant du trône.

― Un avertissement.

Rothy me fixe durement mais je ne baisse pas les yeux. J'ose même esquisser un rictus qui le fait fulminer.

― Sors d'ici !

― Pas avant d'avoir la pierre.

― Tu commences à m'agacer !

― Crois-moi, si tu me donnes la pierre tout de suite, mon père t'en sera reconnaissant et laissera ton peuple, du moins ce qu'il en reste, vivre. Dans le cas contraire, il annihilera toute vie sur cette planète.

― Et qui est ton père ? Un marchant de tissus ? se moque-t-il.

Je souris, sentant la colère monter un peu plus en moi. Des filaments violets entourèrent alors mes avant-bras, sous les regards surpris des hommes crapauds.

― Oh, mon père n'est pas un simple marchant de tissus. Je me nomme Safira et mon père est le grand Thanos.

Rothy écarquille les yeux tandis que je m'approche de lui. Il faisait moins le malin présentement. Et c'était plus que satisfaisant.

Les gardes se mettent en position, prêts à attaquer mais leur Roi leur intime, d'un simple mouvement de main, de ne rien faire.

― Alors, allez-vous me donner cette pierre maintenant ? demandai-je, face à lui.

― Je n'ai pas cette maudite pierre, femme !

Excédée et agacée, je dégaine ma lame et décapite le Roi dans un geste précis. La tête de Rothy roule sur le sol, tâchant celui-ci de sang alors que son corps s'écroule devant le trône.

― Et maintenant, vous allez me la donner ? hurlai-je aux autres.

Seulement, les gardes, sous la colère, me foncent dessus. Je parai la lance d'un premier, donnai un coup de pied dans l'abdomen d'un autre, enfonçai ma lame dans le crâne d'un troisième. J'usai de ma magie pour en repousser mais j'avais l'impression qu'ils étaient de plus en plus nombreux. Alors que je réussis à repousser deux gardes, je ressens une vive douleur sous ma clavicule gauche, me faisant hurler de douleur. Je me débarrasse des gardes restant à l'aide de ma magie avant de me téléporter sur Knowhere.

À peine les pieds sur le plancher de ma vieille maison, que je tombe sur la table de la cuisine, la faisant bouger de quelques centimètres. Je me redresse en grimaçant, retirant la lame toujours enfoncée dans ma clavicule.

― Enfoiré d'Rothag, soufflai-je, me sentant soudainement vaciller.

Je me retiens de justesse à la table, me demandant ce qui m'arrivait. Ma blessure me lançait fortement, ma vision se trouble quelques instants et je comprends enfin. La lame était empoisonnée.

Si je ne faisais rien pour contrer le poison, j'allais crever ici. Il fallait que je me dépêche. Mais alors que je me dirige vers le plan de travail poussiéreux, une silhouette se poste dans l'encadrement de la porte. Pensant halluciner, je ferme les yeux puis les ouvre pour voir que cette personne était toujours là.

C'était un homme. Habillé de vert et de noir, les cheveux plaqués en arrière, des yeux oscillant entre le bleu et le vert. Je ne l'avais jamais vue. Certaine qu'il était là pour me tuer, je dégaine ma dague dans une tentative de l'occire mais alors que je fais un pas en avant, mon corps chute et je me sens partir dans une autre dimension.

 Certaine qu'il était là pour me tuer, je dégaine ma dague dans une tentative de l'occire mais alors que je fais un pas en avant, mon corps chute et je me sens partir dans une autre dimension

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𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant