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J'ouvre les yeux, me confrontant à la semi pénombre de la pièce dans laquelle je me trouve. Je reste immobile un petit moment, totalement perdue. Je n'ai pas le souvenir de m'être couchée ni même de souvenirs après ma discussion avec le Collectionneur.

Tournant la tête sur la droite, je fronce les sourcils en voyant une bougie se consumer sur la vieille table de chevet. D'habitude, je n'allumais jamais rien lorsque la nuit tombait. Pour éviter d'avoir des ennuis.

Alors, qui avait allumé cette bougie ?

J'en déduis rapidement qu'il y avait quelqu'un ici, dans la maison. Voulant en avoir le cœur net, je me redresse mais une vive douleur dans ma clavicule gauche m'arrête. Baissant la tête, je remarque un pansement à l'endroit de la blessure. Des bribes de souvenirs refont alors surface. Mon arrivée sur Xolea, ma confrontation avec le Roi puis mon combat avec les gardes dont celui qui m'avait planté sa dague empoisonnée dans la clavicule. Je me souviens également de cet homme dans la cuisine. Ça devait être lui qui avait allumé les bougies. Il devait être encore ici.

Avec précaution, je me lève sans faire de bruit et, après avoir pris la petite dague sur la table de chevet, sors de la chambre sur la pointe des pieds. Je traverse le couloir à pas lent, regardant dans le coin salon si l'homme n'y est pas avant de me diriger vers la cuisine.

Il était là, dos à moi devant le plan de travail, toujours dans sa tenue en cuir vert et noir. Je me demande bien ce qu'il est en train de faire avec ces plantes et autres ingrédients. En réalité, je me fiche de ce qu'il fabrique. J'ai juste besoin qu'il parte d'ici, qu'il me laisse tranquille.

Je m'approche silencieusement derrière lui, notant au passage que je suis bien plus petite que lui, puis lève ma main droite tenant la dague, à hauteur de sa nuque.

― Ne bougez pas, ordonnai-je. Qui vous envoie ?

― Je ne travaille pour personne.

― Tout le monde travaille pour quelqu'un.

Le voyant esquisser un geste, je plantai ma dague dans sa nuque. Seulement, au contact de ma lame, l'homme qui se tenait devant moi, disparaît. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, je me sens pousser en avant, mon corps coincé entre le plan de travail et l'homme. Je serrai les dents.

― Je ne vous veux aucun mal, me souffle-t-il au creux de l'oreille.

― Tout le monde me veux du mal.

Je lui donnai un coup de tête dans le menton, ce qui le fait reculer alors j'en profitai pour me retourner et essayer de le tuer. Seulement, il pare tout mes coups, m'agaçant. D'autant plus que ma blessure me faisait un mal de chien.

J'essayai de lui donner un coup de dague dans les côtes, mais il retient de justesse mon bras, me tordant le poignet, ce qui me fait lâcher mon arme dans une plainte. Il en profite pour me faire tomber et se mettre au-dessus de moi, tenant mes poignets au-dessus de ma tête. Je me tortille, essayant de me dégager en poussant des gémissements de colère qui semble l'amuser.

M'avouant vaincue pour cette fois, je me calme et arrêtai de bouger. Le brun laisse tout de même ses mains sur mes poignets et plonge son regard dans le mien. Vert contre violet. Émeraude contre améthyste.

On se fixe de longues secondes, sans rien dire, juste à se regarder, s'admirer. J'avais déjà rencontré des hommes au cours de ma vie mais je devais reconnaître que lui, il avait ce je-ne-sais-quoi qui me plaisait.

Lorsqu'il approche son visage du mien, je me crispe. Et alors que je pensais qu'il allait m'embrasser, il bifurque au dernier moment, venant murmurer quelques mots à mon oreille.

𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant