―37―

655 55 47
                                    

De mon épée en bois, je parai le coup de Brunnhilde. Sans attendre, elle continue son enchaînement, et mettant tout autant de force que si elle combattait un véritable ennemi. En fait, je préférerais qu'elle ne me ménage pas.

Il y a quelques semaines, alors que j'étais tranquillement en train de pêcher sous les directives de Thor, Brunnhilde était arrivée pour me proposer un combat à la loyale. J'avais d'abord refusé parce que j'avais mis de côté cette partie de moi. Je ne voulais plus me battre, même amicalement, avec qui que ce soit.

Brunnhilde avait été compréhensive et ne m'avait plus rien demandé par la suite. Seulement, après de nombreuses heures à y réfléchir, je m'étais dit que ça me ferait sans doute du bien reprendre les combats, histoire de me maintenir en forme. Ainsi, chaque lundi et vendredi, je m'entraînais avec Brunnhilde. Qu'il pleuve, qu'il vend, qu'il fasse grand soleil, rien ne nous arrêtait.

Comme aujourd'hui où le soleil était au beau fixe, nous rendons moité de sueur. Malgré tout et sous le regard de certains habitants venus nous encourager, nous nous battons.

Dans un cri de rage, Brunnhilde me sauta dessus, ses deux épées en bois venant marteler les miennes dans un clac sonore. Je la repoussai avec facilité, envoyai mon bras gauche sur son flanc, qu'elle évita de justice mais le coup que je lui donnai en plein dans la cuisse, la fit plier le genou et pousser un gémissement. Voyant là ma victoire, je la poussai au sol d'un coup de pied en plein buste puis, une fois son dos contre la terre, je la menaçai de mon épée, la pointe sous son menton.

― Sale garce, marmonna-t-elle, le souffle court. Tu gagnes toujours.

― J'ai dû perdre deux-trois fois contre toi.

― Va chier.

Elle donne un coup de main contre mon épée puis se lève en haine, me faisant sourire. Brunnhilde avait toujours été à cran quand je gagnais. Je ne le prendrais pas personnellement. Je savais à quel point cela pouvait être frustrant de toujours perdre contre son adversaire. J'avais ressenti de nombreuses années quand j'apprenais à me battre contre Proxima.

― Tu feras mieux la prochaine fois, le narguai-je malgré tout.

― Va chier, Saf', répéta-t-elle, un léger sourire aux lèvres.

Un rictus au coin des lèvres, je secouerai la tête de gauche à droite avant de m'effilocher un passage entre les habitants qui me félicitèrent. Comme à chaque fois, je leur souris d'un air généré avant de m'engouffrer en hâte dans l'armurerie.

Je déposerai les épées en bois avant de me dévêtir, retirant un à l'un des éléments de la tenue d'entraînement que m'a prêté Brunnhilde. Celle-ci entre au même instant et, sans même se sentir gênée, me reluqua de la tête aux pieds. Si au départ je me suis demandé pourquoi elle faisait ça, j'avais très vite compris, grâce à ses aveux, qu'elle aimait autant les femmes que les hommes et que je l'attirais physiquement.

― Tu as prévu de faire quoi cet après-midi ? me demanda-t-elle en se déshabillant à son tour.

― Androma va me donner une leçon sur les différentes façons de se soigner grâce aux plantes. Et ensuite, je ne sais pas, je vais probablement...

― Je t'invite à boire un verre ?

― Brünnhilde...

― Je sais, me coupa-t-elle. Tu préfères les grands blonds à la musculature de rêve et qui peuvent faire sortir des éclairs de son corps.

Je rougis et détourne le regard. Tout le monde était au courant que Thor et moi nous tournions autour. Cela ne durerait pas mal de semaines mais nous n'avions jamais franchi le pas.

𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant