𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓

―21―

 Avant de rencontrer Loki, je n'avais aucune idée de ce qu'était le théâtre. À part menacer, blesser, combattre et tuer, je ne savais pas grand-chose. À présent, je m'ouvrais au monde qui m'entourait et, pour être honnête, le théâtre ne faisait pas parti de mes activités favorites. Pour être franche, je trouvais que c'était une perte de temps.

J'avais participé à la représentation privative et j'avais trouvé cela grotesque et déplaisant. J'en avais parlé à Loki, lui avouant que je préférais ne pas venir à la représentation finale, ce à quoi il m'avait répondu que ma présence serait bien vue. Il n'avait pas tort.

C'est pourquoi j'étais actuellement en chemin pour le théâtre en plein air, accompagné d'Androma, qui elle, avait plus que hâte de voir la pièce. Lorsque nous arrivons sur la place, nous faisons d'abord face à la statue de Loki, ce qui me fait lever les yeux au ciel. Après plus de quatre mois à la travailler, les sculpteurs avaient mit un terme à leur œuvre.

Ne nous attardant pas, nous avançons jusqu'à la place centrale où déjà plusieurs Asgardiens étaient présents. Devant la scène, sur une méridienne royale, Odin était affalé dessus, à attendre patiemment le début de la représentation.

― Majesté, le saluai-je en me positionnant devant lui.

― Safira ! Mon enfant, vous êtes enfin là, m'accueille-t-il en écartant les bras. Je vous en prie, prenez place à mes côtés.

― Si cela ne vous dérange pas, je préfère rester debout.

― Soit. Comme il vous en convient.

J'incline respectueusement la tête puis me déplace sur la gauche de la méridienne, appuyant mon épaule droite contre le pilier, croisant les bras. Androma se poste à mes côtés, me demandant si je souhaitais boire ou manger quelque chose, ce à quoi je réponds par la négative.

― Cette robe te va à merveille, me dit Loki par la pensée. Le vert te va bien.

― Ne me regarde pas trop, les rumeurs vont encore circuler. Et, navré de te décevoir, je préfère le violet.

Je lui lance un regard en biais, un léger sourire aux lèvres auquel il répond en levant sa coupe de vin. Tout en secouant la tête de gauche à droite, je me focalise sur la scène en face de nous. Trois coups se font entendre, signe que la pièce va bientôt commencer. Les Asgardiens font silence puis les comédiens prennent place.

Le temps passe si lentement. Je ne regarde ni écoute vraiment. Androma, quant à elle, est totalement à fond dans la pièce. Je ne sais pas comment elle fait. D'autant plus que mes seins, comprimés dans cette robe, me font un mal de chien.

― La scène ne te convient toujours pas ? me demande Loki.

― Non. Et cet homme qui te joue ne t'arrive pas à la cheville.

― Je sais mais il fallait bien quelqu'un.

― Il ne te ressemble même pas un minimum.

― Le trouves-tu séduisant ?

Je me retiens de justesse de rire en venant cacher ma bouche de ma main. Venait-il vraiment de me poser cette question ?

― Non il ne me plaît pas. Pas du tout.

― Je suis content de le savoir.

― Tu n'es qu'un idiot.

Les yeux rivés sur la scène, je me plonge dans mes pensées, comme bien souvent ces derniers temps. Je me demande soudain si mes parents connaissaient le théâtre et si oui, est-ce qu'ils aimaient ça ? Est-ce qu'ils organisaient des pièces ? Et est-ce que le peuple aimait ces représentations ?