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― Tu ne manges rien ?

Je fais une grimace en posant mes yeux améthyste sur le buffet rempli de victuailles en tout genre. Je fais non de la tête, reportant mon regard sur le Grand-Maître, assis sur une banquette arrondie, entouré de ses esclaves et surveillé par sa garde habituelle.

Il est l'auteur de cette petite fête organisée pour son bon plaisir. Pour moi, l'heure n'est pas à la fête. Je suis de nouveau patraque ces jours-ci. Mes maux de tête et mes vertiges étaient revenus, pas plus tard qu'après mon premier combat il y a une semaine. Je n'en n'avait pas parlé à Loki mais je vois bien qu'aujourd'hui, il se doute de quelque chose.

― Je n'ai pas faim, lui dis-je.

― Tu n'as rien mangé depuis hier.

― Bien sûr que j'ai mangé.

― Je vois bien que tu ne vas pas bien. Tu crois pouvoir me duper ?

― Je n'essaye pas de te duper. Et je ne suis pas à l'article de la mort.

― Mais tu le seras si tu ne te nourris pas.

― Je sais me gérer, je ne suis plus une enfant et je n'ai pas besoin que tu me surveilles.

Sans lui laisser le temps de répondre, je le laisse en plan et m'éloigne de lui. Cette fête commence à me taper sur le système. De plus, la robe que je porte me serre beaucoup trop la poitrine et la couleur jaune m'indiffère. Et la musique me donne mal à la tête, les Sakaariens sont trop bruyants et je m'ennuie. Androma me manque cruellement.

Me frayant un passage entre les différents corps, j'entends quelqu'un m'appeler. C'est le Grand-Maître qui me fait signe de venir à lui. Retenant un soupir, je le rejoins à petits pas. Face à lui, je croise les bras et le regarde sévèrement, lui faisant comprendre que lui parler ne m'intéresse pas.

Avec un petit sourire, il se redresse, repoussant les deux esclaves collées contre lui. Elles me font pitié. Et imaginer ce qu'il peut faire avec elles me donne envie de vomir.

― La soirée vous plaît-elle ma chère ?

― Non. J'allais aller me coucher justement.

― Je suis navré que vous n'aimiez pas ma fête. Tout le monde les apprécie d'habitude.

― Je ne suis pas tout le monde.

― Effectivement.

Il se lève et vient me faire face. Je fais un pas en arrière, ne souhaitant pas être aussi proche de lui.

― Vous êtes si... murmure-t-il en faisant des mouvements avec ses bras tout en fermant les yeux. Vous me faites ressentir tout un tas d'émotions et je regrette que vous ne souhaitiez pas nous rejoindre dans notre prochaine orgie.

― Avez-vous déjà oubliez mes menaces ou dois-je vous les rappeler en les mettant à profit ?

Il leva les mains, gardant tout de même son petit sourire mielleux qui m'agace tant. Je lève les yeux au ciel puis, ignorant ses appels, je quitte la fête. Une fois en dehors de la salle, je pousse un soupir de soulagement. La fraîcheur du couloir me fait également le plus grand bien.

Arrivée dans notre chambre où je suis enfin au calme, je retire cette horrible robe que j'envoie valser dans la pièce avant de me coucher sous le drap frais. Je ferme les yeux dans l'espoir de m'endormir mais je n'y arrive pas. Ma conversation avec Loki tourne en boucle dans ma tête et je me dis que j'ai été dur avec lui. Il ne faisait que s'inquiéter pour moi et, comme une idiote, je me suis braquée et l'ai envoyé chier.

Une forte sensation de tristesse m'envahit et j'ai la soudaine envie de pleurer. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi en ce moment ? J'avais l'impression d'être vulnérable, de redevenir cette enfant que j'ai été jadis.

𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant