Saïd couvrit son visage lorsqu'il approcha le village. Il était parti seul, en donnant l'ordre de ne pas le suivre. Il ne s'agissait pas d'une visite courtoise et encore moins une affaire diplomatique mais privée. Lorsqu'il descendit de son cheval, le nouveau chef de la tribu s'inclina respectueusement mais semblait légèrement désorienté de le voir ici à une heure si tardive.
- Votre majesté, puis-je vous aider ?
- Je cherche Abil, où est-il ?
Le chef de la tribu pointa du doigt la maison qui bordait le premier chemin du village.
Sans un mot ni même un regard Saïd traversa le chemin, le regard rivé sur les murs de cette maison dans laquelle Farah avait habité et subie les affreux supplice de son oncle.
Il frappa quelques coups à la porte avec son poing et celle-ci s'ouvrit sur cet homme qu'il avait aperçut brièvement lors de la fuite de Farah. C'est avec une expression presque horrifiée qu'il l'accueillit tout en se reculant pour le laisser entrer.
- Votre altesse, quelle surprise de vous accueillir ici si tard.
Saïd balaya le salon chaleureux et s'arrêta brièvement sur la jeune femme assise sur le canapé. Cette petite insolente arborait une mine presque boudeuse comme si elle essayait de lui traduire à quel point la jalousie la dévorait presque.
- Inutile de vous montrer poli, je ne suis pas là pour prendre le thé, dit-il d'une voix rêche.
Abil fit mine de ne pas comprendre.
- Je ne comprends pas votre altesse.
- Je suis venu pour obtenir des informations sur la mère de Farah.
- Quelles informations ? Demanda-t-il d'une voix tendue.
Saïd lui lança un regard méprisant.
- Vous savez parfaitement où je veux en venir, répondit Saïd sur le même ton tranchant ; J'aimerais savoir où se trouve la mère de Farah.
Abil devint subitement méprisant comme si ce souvenir n'avait pas sa place dans sa maison.
- Je l'ignore votre altesse, lança-t-il d'une voix légèrement sèche ; Cette femme nous a quitté sans un mot d'explication.
- Je crains hélas que vous me mentez, lança Saïd en s'approchant dangereusement ; La mère de Farah ne serait jamais partie sans laisser d'explication.
Abil étouffa un rire amer.
- C'est ce que Farah vous a raconté ? Elle se berce d'illusions pour mieux supporter la vérité.
- Qui est ? S'enquit Saïd d'une voix impatiente.
Abil évita d'abords son regard en se tournant vers sa femme. Saïd conserva ses dernières forces de patience en serrant les poings.
- Vous feriez mieux de me répondre avant de subir le sort que je réserve à ceux qui me désobéissent.
Sa voix teintée de menaces suffit à le faire parler.
- Elle partie trois jours après sa naissance, elle n'a rien dit à mon frère, elle s'est contentée de fuir sans explication.
- Sans nul doute cette fuite a dû vous ravir n'est-ce pas ? Lança-t-il d'une voix insidieuse.
Saïd observa son adversaire les yeux plissés car il sentait le piège se refermer sur lui.
- Cette femme n'avait pas sa place ici ! S'écria Abil le menton levé ; Elle n'était pas des nôtres. C'était une étrangère qui a su user de ses charmes pour piéger mon frère.
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La favorite du cheikh
RomanceDans le sud d'Elhazar, un événement majeure se prépare. L'émir Said Al-Zufhar est sur le point d'annoncer son mariage prochain. Afin de trouver l'épouse idéale pour régner sur ses terres et à ses cotés, chaque jour, accompagné de sa garde royal Saïd...