Saïd se recula légèrement, décidé à lui révéler les minces informations qu'il avait sur sa mère. Bien-sûr Saïd se voulait prudent. Il éviterait quelques détails afin de ne pas briser l'espoir de sa femme.
- Je dois te parler d'autre chose, viens t'asseoir.
Les sourcils froncés, elle prit place sur sa chaise en lui jetant un regard suspicieux.
- De quoi veux-tu me parler ?
Farah plia sa serviette sur ses genoux sans masquer son impatience. Pour elle, aucun autre sujet devait être abordé.
- C'est au sujet de ta mère Farah.
Farah retint son souffle, les mains soudainement moites. Elle le suivit des yeux alors qu'il se dirigeait vers son sac noir posé sur le fauteuil.
- Tu as trouvé quelque chose sur elle ? S'enquit-elle en refermant ses mains sur la serviette.
Il revint vers elle, un dossier à la main, le regard fermé voire impassible.
- Oui, mais sache avant toute chose que ce ne sont que de minces informations, je t'interdis d'y mettre une conclusion.
Farah acquiesça difficilement, le ventre noué. Il lui tendit le dossier qu'elle s'empressa d'ouvrir.
- Ta mère est effectivement partie soit trois jours après ta naissance.
Farah lutta contre des larmes qui lui piquaient déjà les yeux.
- Elle s'est installée ici, à Londres car c'est ici qu'elle vivait avant de rencontrer ton père.
Refoulant la peine immense qui lui serré le cœur, Farah releva les yeux vers lui.
- Ensuite ?
Immobile comme une statue de cire, impassible, les yeux sombres il poursuivit.
- Ensuite elle a disparue pour des raisons que me sont encore méconnues.
Une flèche la transperça de part en part. Farah voulait...du moins essayait de ne pas s'imaginer le pire scénario, mais son instinct lui criait qu'un drame c'était probablement passé. Dans le passé, à l'aube de ses dix-neuf ans, Farah avait été témoin d'une histoire glaçante.
- Disparue, répéta Farah en ayant l'impression que la pièce se refermait sur elle lentement.
- Farah regarde-moi ! Ordonna-t-il.
Au prix d'un effort surhumain, elle releva les yeux.
- Pas de supposition tant que je n'ai pas découvert la vérité.
Les craintes de Saïd se confirmaient. Farah le surprenait de jour en jour certes...mais son intelligence représentait un immense dilemme pour lui. En quelques mots, elle lui avait donné l'impression d'avoir compris.
- Des suppositions, répéta-t-elle d'une voix éraillée ; Saïd j'ai vécu dans cette tribu durant des années et j'ai été exposé à bien des conversations. Mon oncle aurait été capable de supprimer ma mère pour un morceau d'agneau alors j'ose à peine imaginer...
- Je t'ai dit, de ne pas faire de suppositions, la coupa-t-il en découpant chaque mot avec fermeté.
- Si tu me dis de ne pas en faire alors c'est que tu en as fait toi-même Saïd n'est-ce pas ?
Son mari, ce fort guerrier implacable qu'elle avait l'habitude d'imaginer n'était plus qu'un homme en proie à un doute aussi fort que toute croyance. Signe évident qu'elle visait juste.
VOUS LISEZ
La favorite du cheikh
RomanceDans le sud d'Elhazar, un événement majeure se prépare. L'émir Said Al-Zufhar est sur le point d'annoncer son mariage prochain. Afin de trouver l'épouse idéale pour régner sur ses terres et à ses cotés, chaque jour, accompagné de sa garde royal Saïd...