Chapitre 36

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Je préviens, cette partie fait un bond dans le futur donc si vous ne comprenez pas c'est normal, les explications viendront dans les chapitres qui suivent :)


Je ne ressens plus rien, c'est bizarre à dire tout en sachant qu'il y a toujours quelque chose en nous qui nous rend vivant mais plus aucune émotion ne traverse mon corps, même les plus douloureuses m'ont quitté.

Elles m'ont abandonné comme tous les autres, me laissant impassible face à n'importe quelle douleur.

Alors j'ai insisté, je me suis débrouillée pour me sentir à nouveau vivante, pour ressentir ne serait-ce que de la douleur. Je veux juste ressentir quelque chose

Et c'est comme cela que je l'ai trouvé, posée sur le recoin de mon lavabo depuis toujours.

Je l'ai prise pour la première fois entre mes mains et elles se sont agitées comme si elles connaissaient par coeur ce qu'il me fallait.

Cette nuit est belle, l'air est frais et le ciel étoilé par des centaines de constellations mais dans ce petit studio crasseux que je ne daigne nettoyer, c'est une tout autre histoire.

Mon visage et mon corps sont méconnaissables mais est-ce vraiment important ? J'en doute.

Comme la seule pulsion que je puisse assouvir, je me rends à nouveau dans cette salle de bain délabrée et me laisse glisser contre la douche tout en relevant la manche de mon pull qui laisse une vue imprenable sur les traces que je dessine pour me libérer

Tout ce qui me reste à ressentir c'est cette putain de douleur lorsque mon sang coule.

Alors je prends à nouveau cette petite lame qui me connaît bien désormais et trace un premier trait sur ceux qui n'ont même pas eu le temps de cicatriser.

Un gémissement de douleur et de plaisir traverse mes lèvres gercées tandis que mes yeux se remplissaient de larmes sans que je ne sache vraiment pourquoi, me laissant apprécier la couleur vif de mon sang claquant contre le carrelage.

Au moins, il n'a pas pourri contrairement à tout le reste..

Sans vraiment le remarquer, les traits se multiplièrent et je vis mon sang coule à flot laissant chaque goutte claquer une à une contre les parois sans que je ne m'inquiète

Ce rouge éclatant me rend heureuse et alourdit mes paupières que je n'arrivais pas à fermer. Pour tout vous dire, je ne sais pas si c'est la fatigue ou la mort qui daigne enfin m'emporter.

Peu importe de toute façon, tant que je quitte ce monde ça me va.

J'entends un bruit assourdissant qui me force à ouvrir les yeux visiblement quelqu'un semble m'appeler pile au bon moment. Je sais bien que ce ne sera jamais Zahir ni ma mère mais une partie de moi se force à répondre, en me répétant : on ne sait jamais

Moi : allo ?

Voix : bonjour je suis Mari Zoe, je vous appelle à propos de la nouvelle offre de-

Moi : Mari Zoe, vous allez bien ?

Voix : très bien madame, je disais donc-

Moi : c'est tout ce qui compte alors

Je raccroche et balance mon téléphone à l'autre bout la pièce soit à un pauvre mètre avant qu'il ne s'écrase sur un mur crasseux

Je le savais, je savais que ça ne serait pas eux et pourtant, j'ai espéré et ça fait horriblement mal.

Alors à quoi bon, la vie me torture et l'espoir me tue, pourquoi je devrais encore résister et attendre ?

Mon sang continue de couler sur mes bras mais ça m'est égal, je me lève et sors sans vraiment savoir où, sans clefs, sans téléphone ni même manteau.

Je dois sûrement avoir des airs de folle avec ma gueule, ma tenue et tout ce sang mais je m'en fiche complètement.

L'air frais de la mer frappe enfin mon visage et j'ai beau reprendre une infinité de bouffer d'air, j'ai l'impression qu'aucune n'atteint mes poumons, que mon corps repousse toute volonté de vivre.

En voyant la petite barrière, je me dis que je pourrais juste sauter pour me libérer de cette vie minable. Je pourrais aussi m'écraser contre ce rocher, me briser des os et devenir handicapée à vie.

Mais ma jambe a déjà franchi la barrière et je refuse d'attendre encore je ne sais quel miracle qui n'arrivera jamais.

Voix : fais pas ça !

Je reconnaîtrais sa voix parmi toutes celles qui existent, c'est celle de l'origine de tout mon malheur

Moi : ça ne te regarde pas.

Zahir : bien sûr que si étant donné que tu comptes te suicider

Moi : ça ne te regarde pas.

Zahir : et ton poignet en sang alors ?

Moi : ça ne te regarde pas

Zahir : Calya arrête ça s'il te plaît

Je me retourne et me mets face à lui, mes mains tenant la barrière comme si en un simple mouvement je pouvais enfin retrouver toute liberté

Moi : Tu m'as volé mon fils, ma famille et tout espoir pour que j'en arrive à là alors je me répète, ça ne te regarde pas

Zahir : Calya on en avait déjà parlé, la vie a décidé qu'on devait se séparer et à propos de Hilal c'est le juge qui a décidé

Moi : ferme la un peu, tu crois vraiment que tu as le pouvoir de me garder en vie ou de me donner des envies suicidaires ? Ce n'est pas ta personne mais tout ce que tu as réussi à enlever de la mienne.

Zahir : Calya ne fait pas ça s'il te plaît... ne fait pas ça au moins pour moi

Moi : ça ne te regarde pas, je te hais.

Je ne le regarde même et lâche la barrière sous ses cris insupportables. Je laisse mes yeux admirer une dernière fois le ciel étoilé de cette magnifique nuit avant de fermer les yeux pour toujours je l'espère.

Pardon Hilal, maman t'aimera toujours mais elle n'est pas assez forte pour vivre sans toi

Puis-je l'aimer et le détester....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant