1. Bonnie

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I will be there - Odessa
***

Montant dans la nouvelle voiture de mon père, je soupire et m'attache. Le soleil illumine la ville de Londres, ville que je vois pour la dernière fois avant longtemps. Ma ville natale.

— Bonnie, tout va bien ? s'inquiète mon père en démarrant le moteur.

Je hoche la tête, silencieuse. Nous partons pour l'aéroport afin de prendre un vol pour Los Angeles, cette énorme ville aux États-Unis qui attire des millards de touristes chaque année. Nous y rejoignons Laurel Miller, la nouvelle femme de mon père.

La gorge nouée, je suis obligée d'y aller et d'abandonner mes amis, ma maison et ma ville. Mon père est heureux et tant mieux. Ma mère est partie aux bras d'un autre homme dont j'ignorais l'existence il y a encore deux ans.

L'amour peut rapidement séparer deux êtres qui n'étaient pas censés s'aimer.

Je tourne la tête vers mon paternel et l'observe longuement : ses traits sont tirés, ses cheveux gris lui donnent un certain charme tandis que son nez pointu parsemé de taches de rousseurs me fait penser au mien. Ses yeux d'un bleu-gris magnifique sont rivés sur la route, ses doigts sont crispés sur le volant en cuir.

Je ressemble tant à ma mère que petite, elle me répétait que j'étais son portrait craché. Elle a de longs cheveux roux, tout comme moi, des taches de rousseurs recouvrant l'intégralité de son visage, comme moi. La seule différence entre nous deux c'est les yeux : les siens sont vert foncé tandis que les miens sont d'un marron foncé voire glacé bien que de petits éclats mordorés ne les décorent.

Nous arrivons à l'aéroport, j'aide mon père à prendre les bagages et à les enregistrer sur le bon vol. Nous partons dans quelques heures seulement. Je profite de ce laps de temps pour ressortir de l'énorme hall et humer l'air moite de Londres.

Une légère brise vient chatouiller mon visage et soulever les quelques mèches de cheveux rousses qui se sont échappées de ma longue tresse que j'ai faite tantôt. Je ferme les yeux et gonfle mes poumons d'air frais, bien qu'un peu pollué. Je n'aurais jamais pensé quitter cette ville un jour.

J'avais déjà prévu d'aller à l'université ici après la fin du lycée et d'y faire ma vie. Mais apparemment mon père en a décidé autrement...

Je rentre à nouveau dans le hall et vois que mon père s'est assit et lit un journal quelconque. Un long soupir s'échappe de mes lèvres tandis que je me dirige vers les toilettes. Je me place devant le miroir et m'observe : je porte un chemisier blanc que j'ai rentré dans mon jean taille haute, mon visage est dépourvu de maquillage.

Je m'asperge le visage d'eau fraîche et arrange mes cheveux. Un long vol de presque vingt-quatre heures m'attend, je vais devoir me forcer à dormir parce que je ne dors jamais dans les transports peu importe lequel. Je reviens auprès de mon père et fixe l'horloge en face de nous.

**

Je suis enfin installée, la tête posée contre le hublot. La nuit est tombée sur Londres. Je ne prends pas beaucoup l'avion, je l'avoue et suis un peu stressée...

Nous décollons pour Los Angeles. La ville est magnifique illuminée d'un millier de lumières que les buildings produisent. Je contemple la cité que je n'ai pratiquement jamais quittée, d'un regard peiné.

Je regarde mon père qui me sourit.

— Tu te rends compte, me dit-il tout bas en se penchant vers moi. On va vivre avec Laurel Miller !

Je m'efforce de sourire malgré ma réticence à accepter le fait qu'il a retrouvé quelqu'un qui se trouve être millionnaire. J'ai beaucoup de mal à m'adapter aux changements, et le retrouver entourées d'inconnus me terrorise.

Rien que l'idée de partager ma vie avec une autre personne que je connais à peine, m'angoisse tellement que l'envie de vomir me tord les tripes.

Je soupire et regarde à travers le hublot et ne vois que des nuages.

Ce vol est interminable, sans blaguer.

Mon père pose une main contre la mienne et soupire.

— Bonnie, je vois bien que quelque chose ne va pas. Je t'en prie, dis-moi...

Je le regarde sans comprendre, les lèvres pincées.

— Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas que je reste à Londres, lui dis-je tout bas pour ne pas déranger les autres passagers. Je peux prendre soin de moi toute seule...

Mon géniteur paraît soudainement excédé et retire rapidement sa main de la mienne.

— Je ne veux pas rater ta dernière année de lycée, et puis je veux profiter de ta présence avant que tu partes faire tes études ailleurs... Je veux aussi que tu fasses partie de cette famille autant que moi parce que je t'aime !

Je roule des yeux et croise les bras, les joues en feu.

— Et je ne te laisserais jamais vivre dans un autre pays livrée à toi-même, Bonn'.

Je serre les dents, ce surnom était réservé à ma mère. Elle m'appelait tout le temps ainsi...

— Tu ne comprends donc pas, papa. J'ai dû abandonner mes amis, ma vie entière là-bas ! lui dis-je en m'efforçant de retenir mes larmes.

Mon père ne dit rien et hoche la tête en se mordillant les lèvres.

Cette situation me dépasse, vraiment. Dire que tout a commencé par un maudit voyage aux Caraïbes. Je m'en veux tellement de ne pas y être allée avec mon père. Parce que c'était lors d'une croisière qu'il a rencontré la magnifique Laurel Miller.

Mon père s'est ramené devant moi avec deux billets pour une croisière, me surprenant au passage. Se marier à bord d'un bateau : mon père a définitivement perdu la tête ! J'ai refusé et ai cédé ma place à Jimmy, son meilleur ami. Il m'a tranquillement annoncé la nouvelle en revenant, une alliance au doigt, comme si épouser une millionnaire était quelque chose d'ordinaire à faire dans le dos de sa fille...

— Écoute, Bonnie, je veux que tout se passe bien là-bas. Je suis sûr que tu t'entendras bien avec son fils, Ezra.

J'écarquille les yeux, choquée.

— Comment ? Laurel Miller a un fils ? m'étranglé-je, observant les passagers blasés autour de nous.

Mon père soupire et acquiesce.

— Il est un peu plus âgé que toi, mais je suis certain que tout ira bien. C'est un jeune homme responsable, mature et aimable. Tu verras.

Je déglutis, le cœur au bord des lèvres.

Mon Dieu.

J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et lance la musique sur mon téléphone, ignorant mon père. Je ferme les yeux et espère m'endormir assez vite pour éviter de croiser son regard qui m'est insupportable pour le moment.

Le sommeil me vient enfin pour mon plus grand bonheur et je me réveille juste avant l'atterrissage. Nous sortons de l'avion, l'air chaud et écrasant de Los Angeles m'assomme. Le jet-lag entre le Royaume-Uni et les États-Unis est terrible, si bien que mes paupières menacent de se fermer.

Nous récupérons nos bagages tandis qu'un chauffeur privé nous attend à la sortie. Je le dévisage longuement avant de monter dans la berline noire aux vitres teintées. Une boule se forme au creux de mon estomac alors que le moteur vrombit et que la voiture démarre.

Une nouvelle vie pour mon plus grand malheur.

***

BONSOIR !

Vos impressions sur ce premier chapitre ?😘

Bisous sur vos joues mes petites lunes <3

Nolwenn

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Paradoxe (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant