19. Bonnie

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Home love - George Glew
***

Le premier jour était comme je l'avais imaginé : différent. Grizz était avec moi, tous les yeux étaient tournés vers moi et les chuchotements résonnaient dans les couloirs. Certains me scrutaient avec curiosité, d'autres avec insistance voire hostilité comme si ma présence les empoisonnait.

**

Le lendemain dans la soirée

Mon père et Laurel se tiennent devant Ezra et nous et nous sourient. Nous sommes rentrés des cours il y a à peine quatre heures.

— Les enfants, nous allons nous remarier ici, avec nos amis et familles, annonce joyeusement Laurel.

Mon souffle se coupe, j'ai l'impression qu'on enfonce un poignard dans ma poitrine. J'ose un regard vers Ezra qui paraît tout aussi choqué que moi. Il passe une main dans ses cheveux et soupire.

— Bonnie, Ezra, dîtes quelque chose ! nous presse mon père.

Ezra se jette à l'eau en premier :

— C'est cool, vraiment. Ça sera toujours mieux qu'un putain de mariage en bateau.

Laurel écarquille les yeux, surprise.

— Ezra, ton language !

Ce dernier hausse les épaules. Mon père me regarde droit dans les yeux et fronce les sourcils :

— Bonnie ?

Je déglutis et baisse les yeux vers mes pieds nus.

— C'est bien, peiné-je à dire.

Les larmes me piquent les yeux alors je m'enfuis vers ma chambre en gravissant les escaliers à toute allure, m'essoufflant au passage. J'entends Ezra m'appeler derrière, je l'ignore et m'enferme dans ma chambre en claquant la porte de cette dernière.

Je me réfugie sur le balcon et laisse les derniers rayons de soleil traverser ma peau et m'aveugler au passage. Je laisse enfin mes émotions me submerger, les larmes coulent le long de mes joues alors que des sanglots s'échappent de ma gorge.

Je ne peux pas y croire : mon père m'a déjà fait du mal en se mariant avec Laurel en croisière, puis nous sommes partis pour venir vivre ici.

La porte de ma chambre s'ouvre et se referme doucement, un parfum de Cologne envahit aussitôt mes narines. Je ne me retourne pas et laisse la chaleur de ses bras m'entourer. Son souffle tiède chatouille ma nuque alors que je ferme les yeux et pose mon crâne contre son torse, pressé contre mon dos.

— Je suis désolé, susurre-t-il.

Je rouvre les yeux et me retourne enfin, croisant ainsi le regard vert intense d'Ezra.

— Pourquoi l'es-tu ? lui demandé-je d'une voix enrouée par l'émotion.

Il esquisse un minuscule sourire avant de glisser une main sur la joue et de l'effleurer du pouce.

— Parce que je sais que ce n'est pas ce que tu souhaitais au départ, Bonnie. Je l'ai vite compris, ta vie est à Londres et ton père te l'a arraché en se mariant avec ma mère et en venant habiter à Los Angeles.

Je cligne des yeux sans vraiment comprendre là où il veut en venir.

— Ezra, je suis heureuse pour eux, vraiment. C'est juste que mon père ne se rend pas compte que c'est dur pour moi. Sans compter que ma mère doit sûrement s'en moquer de mon existence et...

— Non. J'en suis sûr qu'elle t'aime, Bonnie.

Je m'échappe de son emprise et me tourne vers la ville, les lèvres tremblantes.

— Tu te trompes, Ezra. Lorsqu'elle était enceinte de moi, elle se droguait : elle fumait des joints comme tu le fais souvent. Et quand je suis arrivée, j'en étais devenue dépendante.

Ezra reste silencieux, je poursuis mon récit :

— Les infirmières et docteurs s'en sont rendus compte et m'ont tout de suite éloignés d'elle pour me placer en centre de désintoxication...

— Oh merde, Bonnie...

Je déglutis et prends sur moi.

— J'y suis restée un long moment avant de pouvoir être sûre de ne plus être attirée par ces conneries. Il y a deux ans, ma mère est partie aux bras d'un autre homme que je n'ai jamais vu. Depuis je n'ai plus aucune nouvelle d'elle, comme si elle m'avait rayé de sa vie.

— C'est donc pour ça que tu ne voulais pas que je fume à tes côtés ? me demande-t-il, concerné.

Je hoche la tête tandis que je l'oriente vers lui.

— Putain, je suis vraiment désolé. Maintenant que je comprends, je ne le ferais plus. Je te le promets.

Je souris légèrement alors qu'une de ses mains cherche la mienne et trouve mes doigts. Je frissonne et le laisse faire, le cœur battant à mille à l'heure. La chaleur de sa paume contre le mienne m'apaise directement. Je me tourne vers Ezra et le laisse se pencher vers moi, vers mon visage. Son souffle caresse mon nez, frôle mes lèvres.

Son autre main vient se placer derrière ma nuque et m'empêche de bouger. Je suis comme happée par la puissance et l'intensité de son regard de braise. Je suis comme clouée sur place, emprisonnée dans ce tourbillon d'émotions que seules nos âmes perdues peuvent échanger.

— Tu sais ce que je meurs d'envie de faire ? dit-il à mi-voix.

Je déglutis et secoue lentement la tête, perdant ainsi l'usage de la parole.

— Je veux t'embrasser jusqu'à manquer d'oxygène. Je veux pouvoir savourer librement tes lèvres, te caresser et te sentir exploser en moi.

Sa voix suave me transperce et vibre en moi comme si mon corps venait de recevoir un électrochoc.

— Alors pourquoi est-ce que tu ne le fais pas ? osé-je demander, les lèvres effleurant les siennes.

Il sourit et se mordille les lèvres.

— Ça viendra plus tard, le jour où tu t'y attendras le moins.

Oh mon Dieu, je m'en languis d'avance.

— Dans ce cas, embrasse-moi tout de suite.

Sans crier gare, Ezra s'empare de ma bouche et n'en fait qu'une seule bouchée. Nos lèvres s'imbriquent à la perfection, le baiser devient rapidement langoureux voire fiévreux. Nos cœurs battent à l'unisson dans nos deux corps pressés l'un contre l'autre. Je peux presque sentir nos deux âmes se mêler et se retrouver.

La saveur sucrée qui émane de ses lèvres m'enivre, m'emporte loin. Si loin, que je n'ai plus aucune notion du temps. C'est fou comme un seul baiser peut vous emmener sur une autre planète, dans une toute autre dimension : comme si vous n'aviez jamais existé de nos jours. Comme si chaque parcelle de votre corps s'embrasait et tournoyait dans les airs après s'être transformé en une épaisse fumée.

Ezra s'écarte et pose son front contre le mien tout en caressant mes joues du bout des doigts. Je frissonne violemment en essayant de reprendre mon souffle.

— Tu as un petit aperçu de ce que je te ferais bientôt, se vante-t-il en s'éloignant.

Un large sourire orne ses lèvres rosées tandis que les joues chauffent brutalement. Nous sommes à une distance respectable alors que la porte de ma chambre s'ouvre sur mon père. Ezra m'adresse un petit regard avant de partir de la pièce afin de me laisser seule avec mon paternel.

Je sens que nous allons devoir avoir une grande discussion. La porte de la chambre se referme sur Ezra. Le connaissant : il doit sûrement écouter derrière la porte.

Tant mieux, je ne veux pas qu'il rate une miette de ce dialogue.

***

BONSOIR !

Vos impressions sur ce chapitre ? 💕💁🏻

Bonne soirée mes petites lunes <3

Nolwenn

Instagram 📷 : Rubism00n

Paradoxe (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant