Paradoxe (Tome 1)

15. Bonnie

Swim Home - Cautious Clay
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Ce soir j'ai vraiment cru qu'Ezra allait m'embrasser devant tout le monde. Une partie de moi voulait qu'il passe à l'action et l'autre refusait et était même prête à le repousser bien que tout se chamboulait dans ma tête.

Je sentais dans mes os ainsi que dans mon âme, que l'envie de m'embrasser le rongeait. En tout cas assez pour que je le remarque.

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Je pars boire quelques verres et me rafraîchir au bord de la piscine blindée de monde tout aussi imbibé d'alcool que défoncer au cannabis voire pire. Grizz s'approche de moi et me sourit.

— Ça va ? me demande-t-il en s'installant à mes côtés, sur un transat libre.

Je hausse les épaules et vide le contenu de mon verre qui se trouve être un whisky-coca plutôt bon : l'alcool est bien diluée bien que le goût amer et fort du whisky brûle ma gorge après les bulles du soda.

— Oui, tout va bien. Et toi ? Pas mélancolique en pensant à la rentrée dans deux jours ? lui lancé-je en tournant la tête vers lui.

Il aborde un adorable sourire et roule des yeux. Je ne peux pas m'empêcher de le trouver beau, mais il n'a rien en commun avec Ezra. Grizz est tout l'inverse : ses cheveux chocolat ne sont pas comme ceux d'Ezra, ses bras ne sont pas recouverts de tatouages et son visage de piercings.

— Non ! C'est notre dernière année dans ce lycée où tout le monde juge tout le monde sur les fréquentations. Je suis heureux que ce soit la terminale et qu'on ne soit plus obligé de faire semblant d'être ami avec tout le monde à la fin de l'année.

Wow...

— Tu as raison...

Du coin de l'œil je remarque Ezra en compagnie d'Hélène et ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine jalousie. La façon dont elle le regarde et le touche me répugne. Grizz suit mon regard et soupire :

— Ah ! Ces deux-là se sont bien trouvés ! dit-il.

Je ne réponds pas et acquiesce silencieusement. En me relevant, je lui souris et m'éloigne et aperçois Ezra prendre un joint roulé et tirer quelques lattes puis aspirer une poignée de drogue en poudre.

Il file une liasse de billets à un garçon à ses côtés, je fronce les sourcils. Ezra croise ensuite mon regard et tout disparaît.

Hélène est occupée à se droguer tandis qu'Ezra s'approche de moi et empoigne mon avant-bras pour m'amener dans un endroit plus calme et dépourvu de monde.

Je me dégage de son emprise et le regarde, incrédule.

— Depuis quand est-ce que tu effectues des deals ? lui demandé-je dans un souffle.

Ezra soupire et évite mon regard, nerveux.

— Réponds-moi.

Ses yeux vert croisent enfin les miens et me coupent le souffle.

— Depuis que j'ai besoin d'argent, Bonnie.

Je ris jaune.

— Ezra, tu es riche. Tu n'as pas besoin d'argent ! contré-je.