Paradoxe (Tome 1)

23. Bonnie

Something's Gotta Give - Camila Cabello
***

Il est rentré. Son nez était anormalement tordu et son arcade sourcilière saignait. Ezra se tenait le flanc et semblait éprouver une grande douleur.

Quel idiot...

**

Je me recule, hors d'haleine. Je l'ai embrassé parce que j'étais rassurée de le voir sain et sauf. Pourquoi ? Parce que je suis allée dans sa chambre et n'ai rien trouvé si ce n'est que la fenêtre de la pièce qui était restée ouverte.

— Attends, dis-je en retroussant les bords de son t-shirt.

Ezra se tend et sa mâchoire se crispe : un énorme bleu s'est formé au niveau de son flanc gauche, juste au-dessus des côtes.

— Ne me dis pas que...

— Ce n'est qu'une côte fêlée, je m'en remettrai rapidement, me coupe-t-il sans perdre son sang-froid.

Je fronce les sourcils, mécontente.

Il est tard, je suis fatiguée et je l'ai attendu pour qu'il débarque dans ma chambre à moitié cassé...

— Ezra, allonge-toi sur mon lit que je regarde tes côtes.

Il soupire et s'écrase sur le matelas dans un grognement sourd. Je l'aide ensuite à se débarrasser du t-shirt et pose mes mains contre son torse. Il grimace mais se laisse tout de même faire. Faisant glisser mes doigts le long de sa peau, sa respiration s'accélère.

— Putain, jure-t-il entre ses dents.

— Pardon, murmuré-je.

Ezra passe une main dans ses cheveux et croise mon regard. Une once de culpabilité traverse celui-ci alors que le monde semble s'être arrêté de tourner. Nos prunelles s'aimantent tandis que plus rien autour n'a d'importance.

Soudain, la réalité me frappe à plein fouet et je m'écarte vivement, blessée.

— Pourquoi est-ce que tu continues de me mentir ? demandé-je à mi-voix.

— Bonnie...

Ne lui laissant pas le temps de répondre, je saisis son téléphone qui vient tout juste de vibrer et regarde l'écran. Un message apparaît, j'en reste abasourdie :

De Lois Jillian :

Heureux de t'avoir revu ce soir, mec. N'hésite pas à repasser voir le gang un de ses quatre !

D'un geste rageur, je balance le cellulaire à la tête d'Ezra et lui tourne le dos, frissonnant d'horreur. Ezra lit le message à voix basse et soupire en se redressant avec difficulté.

— Bonnie, je peux tout t'expliquer. Je...

Me retournant vers lui, je le dévisage comme s'il n'était qu'un vulgaire inconnu.

— Tu m'as menti, encore une fois. Ces coups et blessures ne sont pas qu'à cause de la boxe, des trafics et des combats. N'est-ce pas ? Qu'en est-il du gang dont parle ce fameux Lois, mmh ? 

Je le vois déglutir péniblement.

— Bonnie...

Il veut prendre ma main, je la dégage rapidement et recule.

— Va-t'en de ma chambre, tout de suite.

Il fronce les sourcils, incrédule.

— Non, je suis désolé. Je...

— Maintenant ! m'emporté-je d'une voix tremblante d'émotion.

Il ne bronche pas et se pince les lèvres.