4. Ezra

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Howlin' for you - The Black Keys
***

Bordel de merde, cette fille est vraiment têtue. Elle a bu un verre d'alcool dans lequel se trouvait de la GHB : une drogue que les agresseurs ou pervers sexuels utilisent souvent sur leurs victimes. J'ai fait mordre la poussière à ce Toby machin là, il n'avait pas à lui proposer ce putain de verre.

Je la dépose délicatement sur son lit king size et lui retire ses chaussures sans regarder le restant de son corps enveloppé dans cette robe bordeaux qui épouse parfaitement ses formes. Bonnie est inconsciente et son corps est recouvert de sueur, la drogue fait effet. Il ne faut pas que les parents soient au courant, surtout pas.

— Merde, soufflé-je tout bas.

Son teint est blême. Si Bonnie ne m'avait pas stoppé, j'aurais détruit le visage de Toby jusqu'à le rendre méconnaissable. La rage qui m'a envahi lorsque j'ai su qu'il l'avait drogué à son insu était indescriptible. Je remonte la couverture sur son corps frêle et part de la chambre, agacé.

Je m'écrase sur mon lit et fixe le plafond avant d'attraper un joint et de l'allumer. Je laisse les bienfaits de l'herbe m'envahir, m'emporter loin. Je n'aurais pas dû la laisser venir avec moi. Si son père l'apprend, je pourrais signer mon arrêt de mort immédiat.

Je tire quelques lattes, l'esprit ailleurs. Mes yeux papillonnent et mes paupières deviennent soudainement lourdes. L'herbe fait effet. Je sombre lentement.

**

Je me réveille à cause d'un mal de crâne trop intense et me redresse sur mon lit. Ma chambre empeste le cannabis, putain.

Je me lève et titube jusqu'à ma fenêtre pour l'ouvrir et faire disparaître cette odeur que ma mère va sentir à dix kilomètres à la ronde. Si elle me choppe, je suis foutu, surtout que c'est de l'herbe que j'ai acheté lors d'une soirée arrosée.

Aujourd'hui j'ai rendez-vous avec John, un client et un mec de mon université car oui, je suis un dealer de drogue. Je mène une toute autre vie derrière celle du fils parfait de la grande Laurel Miller, celui qui est irréprochable. Et ce soir je ressors voir Hélène et me battre illégalement pour gagner du fric.

Car je suis peut-être le fils d'une millionnaire mais son argent ne me regarde pas. C'est le sien, pas le mien.

Je cache bien mon jeu et je veux que ça reste ainsi, Bonnie ne devra rien cafter aux parents sinon je vais passer un sale quart d'heure. En parlant de Bonnie, je prie pour qu'elle soit réveillée parce que j'entends déjà son père l'engueuler et me crier dessus au passage. Bordel elle a que dix-sept ans, bientôt dix-huit de mémoire.

Ma mère m'a briefé avant son arrivée, ce n'était pas une partie de plaisir je vous l'accorde.

Je sors de ma chambre et rentre dans la salle de bains. Je me défais de mes vêtements, entre dans la cabine de douche et démarre l'eau. Cette dernière roule le long de mon corps, des tatouages recouvrant la peau de mes bras et de mon dos.

Une fois lavé, j'enroule ma taille dans une serviette et ressors. Une furie me percute à plein fouet et me surprends. Ses yeux noisette glissent sur mon corps alors que ses joues deviennent subitement rougeâtres. Sa chevelure de feu est relâchée et recouvre ses épaules et s'étire jusqu'à son fessier.

— Oh, désolée. murmure-t-elle, embarrassée.

Je lui offre un sourire en coin en la voyant mal à l'aise.

— Bien dormi, petite sœur ? lui demandé-je en m'adossant à l'encadrement de la porte de la salle de bains.

Elle déglutit et ne sait plus où se mettre, ses prunelles fuient les miennes.

Paradoxe (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant