Paradoxe (Tome 1)

11. Bonnie

Habits - Tove Lo
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Il est parti sans rien dire, sans même me regarder. Ezra est mystérieux et c'est ce qui m'attire chez lui. Je ne peux pas décrire ce que j'ai ressenti en le voyant partir ainsi, comme un vulgaire voleur.

Lorsqu'il est rentré vers une heure du matin, je l'ai entendu derrière ma porte, mon souffle s'est coupé. J'avais envie qu'il entre, qu'il m'étreigne fermement contre lui et que la chaleur de son corps m'aide à m'assoupir...

Mais il n'est pas entré et je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit.

**

Je me lève difficilement et pars faire un petit plongeon dans la piscine, le soleil chaud de la Californie réchauffe ma peau de porcelaine tartinée de crème solaire : celle qui protège au maximum mon épiderme. La fraîcheur de l'eau m'enveloppe et me réveille en douceur. Je suis seule à la maison, Ezra est parti courir tantôt. Il a laissé un mot sur la table de la cuisine : première fois qu'il fait ce genre de chose avec moi...

Je sors du bassin, me sèche et pars dans la cuisine pour me servir un jus d'orange et le boire d'une traite. La porte d'entrée claque, un Ezra dégoulinant de sueur apparaît. Sa respiration saccadée résonne dans mes tympans alors que ses yeux vert foncé fondent sur moi : mon souffle se bloque dans mes poumons, mon cœur se met à battre de façon irrégulière.

Je scrute son visage dont la sueur vient couler de son front jusqu'à son cou en passant par sa mâchoire aux allures symétriques. Un sourire en coin naît sur ses lèvres alors que mes joues commencent à chauffer brutalement. Je baisse aussitôt les yeux tandis qu'il rit doucement et s'approche de moi.

Lorsqu'il saisit mon menton entre son pouce et son index afin de me forcer à le regarder, je déglutis et sens mon cœur rater un battement. Son souffle redevenu régulier, effleure lentement mon visage tandis que ses iris vertes sondent les miennes avec insistance.

Il me scrute sans ciller avant d'hésiter à parler : ses lèvres frémissent légèrement. Ezra se résout finalement à reculer et à me tourner le dos pour ensuite monter les marches sans prendre le temps de prononcer le moindre mot à mon égard. À la fois choquée et déçue, je me convaincs de ne pas craquer : peut-être est-ce son intention...?

Je finis par partir me doucher après Ezra et l'évite à tout prix. Pourtant, lorsque vient le midi et que nos estomacs affamés crient famine, nous nous croisons dans l'énorme cuisine : pour mon plus grand malheur.

Je me fais des pâtes et ne prends pas la peine de voir ce que prépare Ezra de son côté. La tension dans la pièce monte d'un cran lorsqu'il effleure mon bras en cherchant des couverts dans le tiroir près de moi. Je frissonne mais ne laisse rien paraître de peur qu'il n'utilise ma réaction à son avantage.

— Passe-moi le sel s'il te plaît, lui demandé-je non sans rougir.

Arrête ça, Bonnie. Tu es ridicule.

Il me tend le flacon que je saisis rapidement. Nos doigts se frôlent un instant, je me mordille les lèvres. Lorsqu'il part en direction de la salle à manger, une assiette à la main, je respire à nouveau.

Une fois mes pâtes cuites, je rajoute un peu de sauce tomate bio et asperge cette dernière de quelques grains de sel avant de mettre le tout dans une assiette creuse. Lorsque vient le moment de venir m'installer aux côtés du démon, je ravale ma frustration et garde la tête haute en passant devant lui.

Manquant presque glisser sur un tapis qui n'avait clairement rien à faire ici, j'entends Ezra étouffer un rire moqueur. Je lui lance un regard noir et m'assois le plus loin possible de lui : la table en verre est assez large pour accueillir une dizaine de personnes. Je mange mes pâtes en silence, sentant son regard se poser sur moi à plusieurs reprises.

Lorsque mon assiette se retrouve vide, je me lève et repars dans la cuisine. C'est alors que je l'entends m'emboîter le pas. Je dépose ma vaisselle sale et sens sa présence derrière moi, mes doigts s'agrippent au rebord de l'évier.

Me retrouvant alors coincée entre l'évier et le torse chaud d'Ezra, je ne peux plus bouger. Son souffle caresse ma nuque tandis que je frémis sans pouvoir contrôler mes émotions. Ses doigts remontent le long de mes bras pour finalement se poser sur mes hanches.

— Retourne-toi, dit-il de sa voix rauque et grave.

Voyant mon mutisme, il me force à faire brusquement volte-face vers lui, nos nez se frôlent, nos bouches s'aimantent presque. Mes mains se posent contre son torse mais je ne tente pas de le repousser : j'en suis incapable.

— Qu'est-ce tu veux ? demandé-je dans un souffle.

Ses cheveux effleurant son arcade sourcilière, cachent un instant ses beaux yeux à la couleur de jade tandis qu'un large sourire irrésistible s'inscrit sur ses lèvres rosées et attrayantes.

— C'est pourtant simple, non ?

Je rêve là. Ce mec veut tout ce qu'il veut, quand il le souhaite. Je fronce les sourcils, mécontente :

— Mais pour qui est-ce que tu me prends, Ezra ? Tu crois vraiment que je vais me comporter comme ta péripatéticienne qui te sert souvent au restaurant ?

Son sourire s'estompe mais revient vite au galop.

— Non, je pense surtout que je vais t'embrasser d'ici quelques secondes.

— Mais ça va p...

Il me coupe dans mon élan en plaquant durement ses lèvres contre les miennes, emportant ma colère et ma frustration. La chaleur de sa bouche se pressant au-dessus de la mienne m'irradie aussitôt.

Sans que je ne m'en aperçoive, mes bras se sont enroulés autour de sa nuque tandis que mes doigts se sont infiltrés dans sa chevelure apaise. Le baiser s'intensifie lorsqu'Ezra glisse ses mains sous mes cuisses et me soulève avec aisance pour ensuite m'assoir sur le plan de travail à sa hauteur.

Je gémis contre sa bouche lorsque sa langue lèche les contours de la mienne avec gourmandise. Alors que nos langues se cherchent, je l'entends pousser un soupir rauque à en faire perdre les moyens.

Mon Dieu, je vais devenir cinglée...

Mon cœur martèle contre ma poitrine pressée contre son torse alors que nos langues débutent cette danse exaltée qui finit de m'achever. Nos souffles se mêlent et sont en parfaite osmose tandis que nos corps pressés l'un contre l'autre, s'envient mutuellement.

À bout de souffle, Ezra s'écarte et dépose son front contre le mien. Sa respiration entrecoupée rejoint la mienne tandis que je maintiens mes paupières closes.

— Pourquoi...

Il m'interrompt en posant un doigt sur mes lèvres brûlantes et avides des siennes.

— Tais-toi et laisse-moi t'embrasser jusqu'à te priver d'oxygène, dit-il avec détermination.

Je me suis rendue compte que ma gorge était déshydratée et que de déglutir ne m'aidait en rien...

— Je...

Il fond déjà sur mes lèvres, se fichant bien de mon avis. Ezra m'embrasse avec fougue, passion voire désespoir. Comme si le fait de sceller nos lèvres le maintenait tout simplement en vie.

La saveur à la fois sucrée et amère de ses lèvres m'enivre tandis que mon cœur tambourine à la fois dans mes tempes et dans mon corps entier.

Nos cœurs battent à l'unisson alors que nos corps sont maîtres d'eux-mêmes et savourent la délicieuse chaleur de l'autre.

Et voilà : Ezra Miller m'a dans son filet. Je suis sous son l'emprise, sans même avoir la volonté de lutter.

***

BONJOUUUR !

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Ps : I love you my littles moons 😏

Nolwenn ☾

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