24. Ezra

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Gassed (stripped) - WESLEE
***

Quel idiot, lui cacher la vérité était la pire chose à faire. Ça a tout détruit.

Tout, absolument tout.

**

Je me réveille vers sept heures et m'étire. Mes membres douloureux me font un mal de chien mais je garde mes plaintes pour moi et moi seul. Le cœur meurtri et les côtes en morceaux, je marche en direction de la chambre de Bonnie pour tout lui dire et ne trouve que vide et solitude.

Je dégaine alors mon téléphone et compose son numéro : j'atterris directement sur sa messagerie vocale...

Merde.

Les parents ne sont pas là, la penderie de Bonnie est presque vidée.

Putain !

Je m'habille rapidement et appelle ma mère. Elle décroche à l'avant-dernière sonnerie :

— Ezra ?

— Maman ! Où est Bonnie ? lui demandé-je précipitamment.

La voix d'Erik retentit derrière, je serre les dents.

— Oh, je pensais qu'elle te l'avait dit : elle est repartie à Londres pour voir Jason, son petit-ami. Erik et moi l'avons accompagné à l'aéroport.

Attendez, « son petit-ami » ?

Je reste muet un instant, perdant ainsi l'usage de la parole, estomaqué.

— Ezra ? Tout va bien ? m'appelle de nouveau ma mère.

Je reviens sur Terre et cligne des yeux.

— O... Oui.

Je raccroche et balance mon téléphone à travers la pièce en hurlant. Prenant ma tête entre mes mains, je presse les paupières et retiens mes larmes ainsi que la frustration qui finit toujours par irradier mon être. Je dévale ensuite les escaliers et traverse la villa d'un pas décidé.

Montant sur ma moto, je suis bien convaincu d'une chose : je ne la laisserais pas partir aussi facilement. Pas comme ça, pas maintenant.

Lorsque j'arrive dans le hall, je me rends directement devant le tableau d'affichage des départs et aperçois son vol. Mon cœur se brise un peu plus tandis que je me rends compte que Bonnie est déjà partie.

Je tourne sur moi-même en jurant entre mes dents.

Les personnes autour de moi me regardent d'un air ahuri, blasé.

Je l'ai perdue et tout est de ma putain de faute.

Les larmes brouillent ma vue alors que j'attrape mon téléphone de mes doigts tremblants. Son séjour contre le mur tantôt ne lui a pas trop plu : la vitre est striée de rayures quelconques.

Je compose son numéro et lui laisse un long et désespérant message vocal d'au moins cinq bonnes minutes. Je tremble de tout mon corps, perdu au beau milieu de cet endroit bien trop grand pour moi.

Je remonte sur ma moto et m'engage sur la route, accélérant au fur et à mesure. La grande bourrasque qui fouette mon visage me maintient éveillé et vif. Mes doigts sont crispés autour du guidon tandis que j'accélère encore jusqu'à atteindre Malibu. Je m'arrête et retire mes chaussures avant d'enfoncer mes orteils dans le sable froid : les rayons de soleil n'ont pas encore eu le temps de le réchauffer.

Je devrais être en cours en ce moment même, mais je n'en éprouve pas la moindre envie. Je fourre mes mains dans les poches avant de mon jean et en sors un paquet de cigarettes : j'en glisse une entre mes lèvres et l'allume rapidement, fixant l'horizon d'un air mélancolique.

Un putain de déprimé : voilà ce que je suis.

Le tabac s'insinue en moi, en mes poumons et me détend presque immédiatement. Je ferme les yeux et me laisse bercer par le son des vagues s'échouant devant moi. L'eau salée vient lécher mes pieds et me donne des frissons.

Je repense alors à ce que ma mère a dit : « elle est repartie à Londres pour voir Jason, son petit-ami. » et me convaincs qu'il s'agit seulement d'un mauvais rêve. Mais s'en est tristement pas un...

Mon mégot calciné, je pars le jeter dans un cendrier et reviens auprès de l'eau. Je remplis mes poumons de cet air si pur et si rare que nous trouvons uniquement sur la côte, devant le grand océan. J'hésite à y plonger, à y goûter. À ce que mon épiderme se recouvre d'une fine couche de sel marin et ne me garde conscient.

Alors je finis par me déshabiller et m'enfoncer dans l'eau froide de Californie. Les grands palmiers se dessinent derrière moi tandis que les rayons de soleil se rafraîchissent dans le liquide bleuté. Je m'asperge le visage et me retiens de hurler de douleur : le système de mon cœur est définitivement cassé.

Seule Bonnie peut le réparer.

Je plonge dans l'eau puis remonte à la surface et mets un certain temps avant de savoir où je me trouve. Même Hélène ne pourrait pas me soigner et je sais qu'elle a envie qu'on se revoit, croyez-moi.

Lorsque je ressors, je renfile mes habits sur ma peau trempée et remonte sur ma moto pour ensuite me diriger vers le centre-ville. Je veux rendre visite à mon vieux avant d'aller en cours.

J'arrive dans les locaux de l'hôpital et cherche sa chambre des yeux. Je la trouve enfin et y entre. M'approchant de lui, je constate que la machine qui est reliée à son cœur s'emballe légèrement. Ses paupières sont fermés tandis que ses cheveux poivre et sel sont coupés courts et ses traits détendus lui donnent cet air confiant et serein que j'aime tant chez lui. Des tubes sortent de partout : allant de sa bouche à ses bras.

Mon père a eu un grave accident de voiture il y a cinq ans, ce qui l'a plongé dans un long et profond coma. Il y a moins de trente pour-cent de chance qu'il s'en sorte et ma mère a préféré tourner la page en lui donnant les meilleurs soins possibles et en se remariant.

Je pose ma main contre la sienne et constate qu'elle est aussi froide que du marbre ou qu'un cadavre : je déglutis.

— Papa, je sais que tu m'entends quelque part. Je voulais simplement te dire que je ne renonce à rien : je ne te laisserai pas tomber.

J'attends quelques secondes avant d'embrasser son front et de fermer les yeux. La machine reprend ses battements réguliers tandis que j'observe mon paternel d'un regard blessé : il ne m'a pas vu grandir et est l'une des principales raisons pour laquelle je veux partir d'ici.

Trop de mauvais et bons souvenirs me hantent et le fait que ma mère ne veuille pas s'en rappeler, me tue un peu plus.

Partir de la chambre est un déchirement, partir pour de bon en va être un autre, mais ce n'est pas pour de suite : je n'ai pas assez d'argent et je ne pourrais pas quitter le gang avant deux voire trois ans...

Je dois tenir bon : pour mon père, pour Bonnie et Jill.

Il le faut.

Je retourne à la maison et prends une douche éclair avant de me vêtir d'habits propres et secs. Reprenant ma moto, je pars en direction de mon université. La sonnerie de mon téléphone retentit mais je ne peux pas répondre, il s'agit sûrement d'Alex ou Grizz. Voire ma mère ou puis-je imaginer qu'il pourrait s'agir de Bonnie même si je m'en doute fortement.

Je perds le contrôle de mes nerfs sans elle, sans son doux sourire ou son parfum fruité. Sa chevelure de feu me manque, mes lèvres envient les siennes chaudes et charnues et mon corps réclame le sien en vain.

Mon Dieu, qu'ai-je fait ?

***

BONSOIR !

Vos impressions sur ce chapitre ?🥺♥️

Ps : Un tome 2 se prépare les amis...😏

Bonne soirée mes petites lunes <3

Nolwenn

Instagram 📸 : Rubism00n

Paradoxe (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant