Chapitre 32

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Tout s'est enchaîné rapidement, Elise s'est occupée de remplir des sacs de nourriture. Il y avait assez d'aliments pour tenir plusieurs jours malgré la répartition en 7 sacs. Avec l'aide de Chimako, je me suis occupée de faire des groupes homogènes, mettant les enfants avec leurs parents ainsi que les personnes âgées avec des hommes capables de les aider. Il ne restait que très peu de personnes âgées et d'enfants puisqu'ils étaient les plus faibles et ont succombé au virus.
J'arrive à faire suivre plusieurs phrases sans sentir ma tête flancher. Depuis l'intervention de madame Yonguet il y a dix minutes, que j'ai tu aux autres, je me sens faible et j'ai l'impression que mon corps puise dans ses réserves pour tenir debout ou même respirer. Chimako s'en est aperçu, c'est pour cette raison qu'il prenait les devants lorsque quelqu'un venait réclamer de l'aide.
Je m'assois dans l'herbe pendant que Chimako vérifie les sacs de l'équipe 1 qui va partir dans une minute, nous avons décidé de faire partir les équipes en décalé et dans différentes directions. Alors que j'essaye de reprendre des forces en me posant, Lila vient de rejoindre et pose sa petite tête dans le creux de mon cou. Je la serre dans mes bras et elle me répond en m'enlaçant plus fort. 

- Lila tu es dans un groupe ?

La petite secoue la tête de droite à gauche.

- Pourquoi ça ?

- Je voulais la prendre avec nous, me répondit Chimako à sa place.

Il s'installe à mes côtés dans l'herbe chaude.

- Avec nous ? C'est hors de question que vous restiez avec moi ! Chimako tu partiras au nord avec l'équipe 1 et 6, Lila sera avec toi.

- Eh bah moi c'est hors de question que je te laisse seule. Célia, tu as trop fait pour notre communauté et tu cours un grand danger. Je ne sais pas encore ce qu'il s'est passé dans le baraquement mais une chose est sûre, tu es marquée au fer rouge.

Marquée au fer rouge ? Comment le sait-il ? Je n'en ai parlé à personne.

- Chimako je suis désolée mais je ne peux pas te laisser venir avec moi, c'est dangereux et je ne suis même pas sûre de m'en sortir vivante. Je me lance dans quelque chose de totalement hasardeux.

- Mets-moi dans la confidence et je pourrai t'être utile.

C'est tentant mais aussi dangereux. Je ne veux pas qu'il souffre. Il ne peut déjà pas rejoindre sa famille dans la friperie.
Mais si, il le peut ! Il emmènera aussi Lila avec lui et elle sera en sécurité. Je ne sais pas pourquoi je m'inquiète autant pour elle ; c'est mon instinct qui me dicte qu'elle est importante pour moi et qu'elle était pour mes parents. J'ai depuis longtemps pris l'habitude de m'y contenter et il m'a souvent sauvé la vie.

- Chimako l'équipe 2 est prête, crie un homme.

Il se lève pour procéder à la vérification. Puis quelques instants plus tard je les vois s'élancer dans la forêt en contre-bas.
Je me lève à mon tour et me place en face de l'homme que j'aime mais à qui je ne peux le dire de peur qu'il ne m'empêche de faire ce que je dois.

- Tu vas retrouver les femmes de la friperie avec lesquelles tu vis et tu prends Lila avec toi. Ce n'est pas une suggestion, c'est un ordre. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

- Je ne peux pas et toi non plus. Tes parents...

- Quoi mes parents ? Chimako je te demande seulement une chose... Va t'en, s'il te plaît. Tu ne peux pas rester et encore moins mettre la vie en danger d'une petite fille qui ne connaît rien encore à la vie.

- Cette petite fille comme tu l'appelles est ta sœur Célia.

Ma sœur ? C'est donc elle dont parlait ma mère dans sa lettre. Ce petit être que j'ai détesté du plus profond de mon être pour avoir pris ma place. Je comprends mieux maintenant pourquoi je ne pouvais m'empêcher de faire attention à elle. Je n'arrive pas vraiment à me rendre compte de ce qu'il se passe et je n'ai pas le temps de décortiquer la chose puisque j'entends une détonation venant du sud. Les hommes de madame Yonguet arrivent de l'autre côté de la colline ce qui nous laisse le temps de lever le camp. Je laisse mes peurs et doutes de côté pour donner des ordres aux différents groupes. Tant pis pour l'idée de les faire partir à différents intervalles, on a plus le temps. En moins d'une minute les sacs de chaque équipe sont vérifiés par Chimako et moi ; et les équipes sont élancés sur le flan. Ils ont reçu des directives pour réussir à s'en sortir le plus longtemps possible, certains iront rejoindre des amis dans le dédale de rues, d'autre vagabonderont.
Il ne reste maintenant sur la colline que Chimako qui tient la petite Lila par la main et moi, nous sommes tournés vers l'horizon priant pour nous sortir de tout ça.
Je me retourne rapidement, nous ne pouvons pas nous attardez ici. J'aurai voulu que les deux s'incrustent dans un groupe pour être à l'abri mais quand je me suis rendue comme qu'ils étaient encore là, le dernier groupe était déjà en bas de la colline. Je dois alors faire avec, mais je ne m'avoue pas vaincue dès qu'ils dormiront je partirais à la recherche de madame Yonguet pour aller finir le travail que j'ai commencé — sortir les enfants du baraquement.

Jusqu'où résister ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant