Le petit garçon dont je connais le nom maintenant, Anamin, m'a beaucoup surprise par ces résonnements. Après avoir parlé de ses doutes sur quoi faire de sa vie, nous avons discuté de nos vies passées et de nos projets. Je lui ai raconté mon séjour de quelques mois dans le baraquement, je lui ai même parlé de Thomas que j'évitais de nommer depuis que j'étais partie. Depuis mon départ, j'ai évité de nommer ou même de penser aux personnes que j'avais laissé. Je lui ai parlé de mes parents et de tous les bons moments passés ensemble et que lorsque les costumes noirs ou noirs - comme il nomme les Attrapeurs - sont venus chez moi un matin et m'ont arrachée à ma merveilleuse vie.
Pendant que je contais ma vie, je ne détachais mon regard des hautes tours qui me faisaient face et lui m'écoutait avec attention sans broncher. Il devait sûrement avoir compris que ce n'était pas facile pour moi de partager tout ce que je gardais enfoui et qu'un rien pourrait m'empêcher de raconter la suite. Nous avons ensuite parlé de ce qu'il a vécu, sa mère a été tué devant les yeux de son grand frère, Hyungi, qui n'avait ce jour-là que sept ans et Anamin, deux ; leur père les a donc élevés seul. Il m'a aussi posée de nombreuses questions sur ma façon de tenir le coup ; il a, de plus, trouvé inadmissible que Thomas embrasse une fille devant mes yeux malgré notre rapprochement ce même jour. Nous avons traité des sujets assez sensibles et sérieux mais il a su me faire rire et moi de même. Nous avons passé un bon moment ensemble sans tous les problèmes qui nous empêchent de voir la vie du bon côté.
Je suis maintenant seule dans mes pensées ; Anamin s'est endormi sur mes cuisses à même le sol. L'herbe fraiche par la brume qui tombe depuis que le soleil est parti et les faibles lumières des appartements restant, me bercent et me calment. Je n'ai pas dormi alors je vois le soleil repointer le bout de son nez, il doit être entre cinq et sept heures du matin. Je ne suis pas au meilleur de ma forme et mon ventre fait trembler tout ce qui est présent en moi par sa dévorante faim. Je n'ai toujours pas mangé depuis mon départ et mes forces se sont définitivement fait la malle. Malheureusement, mes mauvaises pensées n'ont pas eu la présence d'esprit de faire de même et me laisser me reposer sans réfléchir, ce que je n'ai pas fait depuis des lustres.
Je n'arrive pas à mettre le doigt sur la raison pour laquelle j'ai adhéré au système du gouvernement, dès que je fouille plus loin dans mes souvenirs je me heurte à un mur de glace sans possibilité de le franchir. J'essaye mes mille et une idées mais rien n'y fait. J'essaye, de plus, de comprendre ce pourquoi ils m'ont gardée un mois et demi et ce qui agit en moi, dans mon cerveau, sans que je fasse quoi que ce soit. C'est un automatisme que je ne contrôle pas, ce qui me frustre beaucoup. Comme lorsque je me suis trouvée encerclée par les bras de l'homme dans la ruelle et où pour mon esprit était une évidence de poser ma main, comme je l'avais déjà fait sans m'en rendre compte auparavant, pour écarter l'homme et ses idées malsaines. Je me souviens encore parfaitement de ce que j'ai ressenti en lui et quels effets cela avait sur moi. Je me sentais à ma place. C'était naturel. J'ai eu l'impression de l'avoir fait des centaines de fois, comme quelque chose de mécanique. Ces pensées me menèrent à un souvenir encore enfoui très loin qui m'était jusque-là hors de portée :
VOUS LISEZ
Jusqu'où résister ?
Science-FictionDans un monde où les Hommes ont le contrôle sur la génétique. Dans un monde où Ils supervisent les naissances pour ne créer que des personnes similaires avec le même physique et des pensées réduites, respectant les règles strictes de la société qu'I...