Chapitre 29

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Je suis réveillée par un bruit strident. Alors que je me relève brusquement et que j'ouvre les yeux, je suis éblouie et forcée à me rallonger. Ce redressement soudain a augmenté mon mal de tête. Finalement, je sens une main sur mon épaule. Je soupire plusieurs fois pour trouver la force d'ouvrir les yeux. J'étais assez anxieuse de séparer mes paupières alors que le soleil m'avait fait un mal de chien. Je devrais pourtant être habituée à ce genre de petite douleur, j'ai connu pire mais je crois que le corps humain ne s'habitude jamais vraiment à souffrir, il apaise juste la douleur déjà présente depuis un moment ou la remplace par quelque chose de plus douloureux.

Après avoir rassemblé le maximum de force dont j'étais capable, j'ouvre les yeux et tombe sur le visage anxieux et préoccupé d'Elise. Elle place un linge humide sur mon front puis entreprend de nettoyer mon visage. Je me laisse faire et ferme les yeux de nouveau. Après de longues minutes, elle arrête ce qu'elle est en train de faire puis me parle :

- Tu as mal quelque part en particulier ?

Je prends quelques secondes pour choisir mes mots et délier ma langue qui est toute engourdie.

- J'ai... j'ai mal partout mais surtout à la tête.

J'ai toujours les yeux fermés mais je l'entends souffler d'impuissance.

- Je t'ai déjà donné quelque chose pour calmer ta tête. Quand on t'a déplacée, tu as murmuré que tu avais mal à la tête et depuis je te donne un cachet toutes les six heures. En général, j'essaye d'économiser les médicaments parce qu'ils sont rares mais tu dois être sur pied pour nous guider alors je fais une exception, me dit-elle avec un sourire las.

- Je suis inconsciente depuis combien de temps ?

- Ça fait une vingtaine d'heures que vous avez été projetés par l'explosion dû aux bombonnes d'oxygène - je suppose qu'elles sont responsables.

Bien. J'ai eu ma première information.

- Chimako va bien ?

Elle souffle de nouveau et je l'entends renifler alors j'ouvre les yeux et vois des larmes menaçant de sortir. Elle les essuie rapidement puis me réponds. Elle n'a pas remarqué que je l'avais vu alors je referme mes paupières.

- Il est en moins bon état que toi... Il ne s'est pas réveillé mais le pire c'est que l'enfant qu'il a sauvé des flammes est mort à cause de la chute.

Je me remets à respirer. Sans m'en rendre compte, pendant qu'elle m'exposait son état, j'avais cessé de respirer. J'espérais être en plus mauvais état que lui. Il a pris le temps de sortir cet enfant au péril de sa vie et finalement il ne sauvera peut-être aucune vie. S'il se réveille, il sera dévasté que l'enfant ne soit pas sain et sauf. Il veut tellement faire le bien qu'il devrait être récompensé... Les gens qui ont été délogés de leur habitat sont maintenant à la rue et ils vont avoir besoin de Chimako, il a sa vie ici. J'y ai réfléchi mais je n'osais pas me l'avouer, je ne peux pas obliger Chimako à me suivre. Je partirai - seule - lorsque je serai sûre qu'il est sain et sauf. J'ouvre les yeux et regarde Elise. Elle a l'air dévasté, elle mérite Chimako plus que moi. Je sais qu'elle prendra soin de lui, plus que je ne saurai jamais faire. Je lui souris timidement et elle se tourne, le visage triste vers les autres. Je suis tout à coup serrée et deux petites têtes viennent entraver mon champ de vision bien qu'il soit déjà réduit. C'est en voyant ces deux petits monstres arriver que je prends conscience que mon ouïe est réduite et je ne les avais pas vu arriver avant par ma position allongée. Il y a une tête rousse ainsi qu'une blonde. Je peux enfin respirer lorsqu'ils lèvent leur visage respectif vers moi ; c'est Lila et Anamin. Je leur chuchote avec la peur de casser ma voix déjà très abimée :

Jusqu'où résister ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant