Chapitre 4

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Je suis réveillée par un remue-ménage autour de moi. J'ouvre un œil, j'aperçois plein d'ombres s'activer. La panique s'empare de moi, j'ai dû mal à respirer et mon cœur bat vite. Je me relève et m'assoie sur mon lit, je regarde autour de moi comme si ce que je voyais ne faisait pas parti de mon monde. Soudain, un visage familier mais tellement étranger à la fois se place devant moi. Il murmure des paroles mais je ne les entends pas, je n'entends que mon cœur battre. Cette même personne me prend par les épaules et encre son regard dans le mien puis peu à peu j'entends ce qu'elle me dit :

- Hé ! Respire et expire. Concentre-toi là-dessus.

Elle me répète ça en boucle mais ce n'est qu'au bout de la dixième fois que ses paroles prennent le dessus sur l'écho de mon cœur. Je regarde cette personne et son nom arrive enfin à mon cerveau comme si les portes bloquant l'arrivée des informations s'étaient ouvertes.

- Annabelle ?

- Ouf ! Tu es enfin maître de toi ! J'ai eu peur Célia ! Tu avais l'air paniquée lorsque je t'ai vu te lever brusquement alors je suis venue te voir et tu faisais bien une crise de panique, m'explique-t-elle.

- C'est bizarre, je n'en ai jamais fait auparavant !

- Tu sais Célia, tout ça c'est beaucoup de stress alors c'est normal ne t'inquiètes pas. Bon moi faut que j'y aille, les autres doivent m'attendre.

Elle s'écarte et part en direction de la porte avant de la franchir, elle se retourne :

- Prépare-toi, ils risquent de venir te chercher dans pas longtemps. Bonne chance et courage, tu vas y arriver. On y a survécu alors pense-y lorsque ça ne va pas.

Elle passe la porte en me laissant ces paroles pas rassurantes. De quoi parlait-elle ? Je n'avais pas peur jusqu'à présent mais apparemment ce ne sera pas quelque chose de facile... J'ai intérêt à être forte.

Annabelle était très jolie hier, ces grands yeux marron et violet avec de longs cils noirs sont très captivants. Mais là, elle était encore d'une beauté différente, presque surnaturelle. Et sa tenue, je ne la remarque que maintenant en me remémorant les dernières minutes, elle portait une robe très courte avec un grand décolleté. Je n'en avais jamais vu de mes propres yeux, seulement sur des images. Ça lui allait bien mais je voyais à la façon dont elle se tenait, qu'elle n'était pas à l'aise. Je ne sais pas où allaient toutes ces personnes mais je ne sens rien de bon qui vaille.

Hier après mon échange avec Thomas, j'avais fermé les yeux et m'étais endormie donc je n'avais pas pu me laver comme je l'avais prévu. Je me lève et rassemble mes forces pour fouiller dans le coffre aux pieds de mon lit où sont toutes mes affaires. J'y déniche un sweat gris où un signe bizarre est cousu et prends un jean noir avec des chaussettes, une brassières et un boxeur.

Une fois dans la salle des douches, je me déshabille et me place sous l'eau tiède du jet, un bout de savon sale est dans la douche

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Une fois dans la salle des douches, je me déshabille et me place sous l'eau tiède du jet, un bout de savon sale est dans la douche. Je crois que je n'ai pas le choix que de l'utiliser si je veux retirer la saleté encrassée sur ma peau. Lorsque je sors de la douche et que je veux m'habiller, je me rends compte que tous les habits que j'ai pris dans le coffre sont marqués du même symbole. Je ne me sens pas bien dans ces habits, j'ai l'impression de les avoir volés, qu'ils ne m'appartiennent pas. J'aimerais tellement retrouver les habits que ma mère achetait pour moi grâce au marché noir. J'étais au courant pour ce que faisait subir le gouvernement si des actions bizarres tournaient autour de nous alors je savais ce que risquait ma famille si on me découvrait mais je ne pensais pas que ce serait si dur. Je me souviens d'une personne qui aidait beaucoup mes parents dans leurs tâches quotidiennes et qui les tenait au courant des derniers ragots sur les personnes du bas. Je n'ai jamais su qui était ces personnes « du bas », j'avais posé la question à mon père alors que ma mère était partie comme à son habitude une semaine par mois, et il a juste répondu que ma mère avait de bons contacts avec eux. Je lui avais demandé si elle était avec eux au moment où nous parlions, il avait hoché la tête très rapidement et c'était tellement discret que je n'étais pas sûre de sa réponse mais en tout cas il avait l'air désolé qu'elle soit avec eux. Je ne sais pas si ces personnes sont gentilles ou s'il faut s'en méfier comme la peste mais ma mère était avec eux alors ils ne doivent pas être si mauvais.

- 427, lève-toi !

C'est un garde comme ceux qui sont chargés de nous emmener au réfectoire même s'il a l'air plus menaçant. Je me lève en vitesse et me place toute droite au bord de mon lit. D'une voix forte il continue :

- Je n'hésiterai pas à me servir de mon arme alors tu vas avancer tranquillement devant et ne tenter aucun geste insensé jusqu'à ce qu'on arrive.

Je m'exécute et avance d'un pas tranquille. J'aimerai pouvoir m'enfuir en courant mais je ne sais pas où aller surtout que je me retrouve dans ce même couloir où j'ai rencontré pour la première fois madame Yonguet. J'avance fébrilement et sûrement trop lentement à cause de mes jambes flageolantes par de la peur de ce qu'il va suivre, parce que je sens le canon de l'arme se loger entre mes deux omoplates et appuyer comme pour me dire d'accélérer la cadence. Nous marchons une dizaine de minutes dans le couloir sans fin jusqu'à une porte avec écrit « interdiction d'entrer ». Durant notre marche, j'ai pu apercevoir une ligne rouge recouvrant les murs, le sol et le plafond, comme si elle délimitait quelque chose et nous l'avions dépassée. L'homme toque à la porte et au bout d'une minute, quelqu'un nous invite à entrer. Il s'écarte et fait attention à ne pas m'effleurer pour que je puisse passer le pas de la porte. Je l'entends se refermer derrière moi et je comprends que je suis maintenant seule sans rien pour me rattacher au dortoir à l'autre bout du couloir. Je me décide donc à avancer, qui qu'ils soient je n'en ai pas peur. Je traverse un petit couloir qui déverse sur une grande pièce lumineuse avec au centre une table d'expérience avec des machines tout autour. Un petit homme trapu avec des lunettes griffonne sur un petit calepin tout en examinant les écrans d'ordinateur avec attention. Je ne sais pas quoi faire, il n'a pas l'air d'avoir remarqué ma présence alors je pourrais m'éclipser discrètement mais je ne sais pas comment sortir de cette enceinte et surtout qu'il doit y avoir des gardes. S'ils mettent la main sur moi, je suis bonne pour me faire directement exécuter et je ne leur donnerais pas ce plaisir. Je tousse légèrement pour attirer son attention sur moi. Il sursaute et regarde dans ma direction, soudain il s'active, rassemble ses papiers, éteint les ordinateurs et essaye de faire de l'ordre dans son bazar. Puis il pose ses yeux sur moi alternant ses regards avec une liste posée sur le bureau.

- Euh... tu ne devais arriver qu'à 10h30... Il y a eu un changement de programme ?

Il me demande ça comme si j'étais au courant de toutes leurs histoires !! J'aperçois une horloge sur le mur immaculé du fond : elle affiche 10h32. Je lui fais un signe de tête vers l'horloge. Il se retourne puis me regarde lentement. Tout à coup, il me fait sursauter en faisant de grands gestes tout en mettant en route les machines autour de la table. Il est paniqué et commence à trembler, je l'entends murmurer les même paroles en boucle : « Vite, vite ! S'ils l'apprennent je suis couic... » Après de longues minutes où il s'affaissait, il se tourne enfin vers moi mais ne me regarde pas vraiment. Il me désigne la table au centre de la pièce. Je ne bouge pas, c'est hors de question que je fasse office de rat de laboratoire ! Il regardait les écrans des machines puis se dirige vers la table mais il s'arrête en n'y voyant personne. Il reporte son attention où il m'avait vu quelques secondes auparavant. Il me détaille de la tête au pied mais en évitant mon regard ce qui a le don de m'énerver.

- Je ne vais pas vous manger ! Vous n'êtes pas obligé d'éviter mon regard, je ne suis pas Méduse, je ne vous transformerez pas en statue !!

Il a l'air déboussolé comme si je l'avais pris de court.

- Mmh, mmh... Euh, vous pourriez prendre place sur la table... Je dois faire des tests sur votre... enfin vous, m'explique-t-il en bafouillant.

Il a l'air aussi à l'aise que moi à ce moment là alors je me détends et m'approche doucement de la table. Je prends place, la table est froide contre mon dos malgré le sweat que j'ai. Il met des patchs sur mes tempes puis approche une seringue remplie d'un liquide bleu océan. Je l'arrête de la main.

- C'est quoi ça ? dis-je en désignant la seringue.

- Oh... je n'ai pas l'habitude d'expliquer ce que je fais... Ce liquide va... stimuler votre... subconscient.

- Ça ne va pas me tuer ?

- Ha ha, non non, ha ha.

J'avais l'impression que ce que je venais de dire était très drôle alors que j'étais très apeurée et pas sereine. Il plante l'aiguille dans mon bras et je me sens partir, pas dans le sens que j'étais en train de mourir mais plutôt comme si j'étais très fatiguée que je m'endormais contre mon gré. J'essayais de résister mais c'était peine perdue.

Jusqu'où résister ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant