J'ai croisé de nombreuses personnes pendant ma course en direction du versant de la colline, je suis donc suivie par une dizaine de personnes. Je n'ai pas ralenti ma course alors j'entends certains haleter. La fillette me suit avec dévouement, sa main n'a pas quitté la mienne. Je n'ai pas non plus desserré ma prise, je suis sûre que sa main est rouge par la pression que j'y exerce. Je me retourne régulièrement pour voir si elle tient le coup, elle transporte avec elle une bombonne d'oxygène ce qui doit être difficile par la lourdeur et peut entrainer un essoufflement plus rapide si elle a besoin d'une assistance pour respirer. Je devrais ralentir la cadence mais j'en suis incapable, j'appréhende avec crainte le moment où la fumée aura pris tout l'oxygène ou encore si le feu atteint une source inflammable.
Nous progressons dans les égouts, le bruit des pas dans l'eau est le seul écho que j'entends, tout le monde veut sauver sa vie. Je vois des jeunes garçons porter des plus vieux pour les aider à s'en sortir. Je me retourne rarement vers ceux au loin pour éviter de me déconcentrer et mener le groupe à bon port, je suis à la tête de la file, je n'ai pas le droit de me tromper et emmener les autres dans un cul de sac. Cependant, je me doute que beaucoup d'entre eux souffrent de cette course folle vers une direction qu'ils ne connaissent même pas. J'ai entendu une jeune femme essayant de faire entendre raison aux autres lorsque je suis arrivée et que je leur ai intimé de me suivre en courant. Elle disait qu'il ne fallait pas me suivre, que je ne savais moi-même pas où j'allais. Je l'avais entendu de nouveau lorsqu'on courait et de peur qu'elle décourage les autres, que je manque ma promesse envers Chimako, j'ai accéléré pour qu'elle puise ses forces dans la course et non dans la parole. Mon stratagème a bien marché, je ne l'ai pas entendu depuis. Ça doit faire cinq minutes, tout au plus, que nous courons mais j'ai l'impression que ça fait des heures. J'ai l'impression de ne pas voir le bout de ce tunnel. Je commence à ressentir les symptômes d'une claustrophobe. Je regarde régulièrement à gauche, à droite mais je ne vois que les mêmes parois sales qui m'entourent.
Finalement, un rait de lumière se fait apercevoir à une vingtaine de mètres de ma position créant quelques rares acclamations. Je reconnais ensuite un tas de déchet dans lequel j'avais failli marcher la première fois où j'avais déambulé ici. Cette vision familière me rassure et me redonne courage et espoir. Sans m'en rendre compte, j'accélère la cadence. Je me rends compte de mon erreur quand Lila faille à tomber. Je la rattrape de justesse, ralentissant notre course. Heureusement pour moi, nous étions dehors sur la colline lorsque ses pieds se mélangèrent.
Les personnes que j'escortais, arrivent petit à petit, les plus jeunes sont rouges sous l'effort d'avoir dû trainer une personne moins encline à courir avec autant de passion.
Sentir le vent frai ainsi que la brume qui commence à tomber, me fait du bien et me fait me sentir vivante. Rien ne vaut l'odeur de l'extérieur à mes yeux. Lorsque je me tourne vers le groupe de personne et que je fais face au débouché du tunnel, une vague de chaleur vient caresser mon visage me faisant prendre conscience que les égouts se sont transformés en four géant. Peut-être que les gens ne sont pas seulement rouges à la suite de l'effort mais aussi par la chaleur étouffante et écrasant qui régnait dans le dédale. Je dois alors me trouver dans le même état, rouge et essoufflée.
Je sens une petite main tirer le bas de mon sweat, je baisse les yeux et tombe sur Lila. Je m'accroupie à sa hauteur et lui souris gentiment.
- Tu vas bien ? Pas trop fatiguée ?
Elle secoue la tête de droite à gauche puis s'affale au sol. Je lui souris encore puis prends la manche de mon sweat pour lui essuyer le front où une légère couche de sueur s'était matérialisée. C'est à son tour de me gratifier d'un sourire. Ce sourire qui plisse ses magnifiques yeux bleu ciel me réchauffe le cœur, j'ai l'impression de voir ma... non ce n'est pas possible.
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Jusqu'où résister ?
Ficção CientíficaDans un monde où les Hommes ont le contrôle sur la génétique. Dans un monde où Ils supervisent les naissances pour ne créer que des personnes similaires avec le même physique et des pensées réduites, respectant les règles strictes de la société qu'I...