Je m'assis dans la cuisine en soupirant. C'est vrai que son frère m'avait fait vivre tout un tas d'expériences comme celle-ci durant nos 8 mois de vie commune. Quelque part, le tumulte et l'imprévu me manquaient, même si je ne voulais pas me l'avouer. C'est pour fuir cette vie que j'avais mis fin à notre relation l'année dernière. Je chassai l'image de son visage d'une main, et m'approchai de mon visiteur.
- Tu penses que tu peux te déplacer ? Je pense que tu serais mieux dans un vrai lit.
Il me jaugea. Je souris.
- Je prendrai le canapé bien sûr, j'aurais trop peur de me réveiller à côté d'un cadavre !
Il grogna.
- Bon, en attendant que tu te décides, tu vas manger un peu.
- Ça va, c'est bon.
- T'es sérieux là ? Laisse-moi t'aider, tu sortiras plus vite.
Il souffla. Je profitai de ce moment de silence pour aller lui chercher une petite assiette. Ce repas était aussi un test, pour voir s'il n'avait pas trop de lésions internes. Je gardai mon portable à portée de main, prête à appeler le SAMU au moindre signe.
Il regarda l'assiette avec dédain.
- Tu veux que je te donne à manger peut-être ?
Je ne pus empêcher un sourire moqueur apparaître sur mon visage. Visiblement agacé, il empoigna sa fourchette, et mis une première fournée dans sa bouche. Il se détendit au contact des lasagnes que je venais de réchauffer. Je l'observai manger jusqu'à la dernière bouchée.
- T'as pas autre chose à regarder ?
Je pouffai.
- Bon, les antidouleurs doivent faire complètement effet, je vais faire ton lit, j'arrive.
Je n'allais pas le laisser dormir dans mes draps, aussi j'entrepris de défaire mon lit entièrement et de sortir du linge propre. Une fois le lit fait, je l'aidai à s'y installer. Je me tenais debout, à côté de lui, un oreiller entre les mains, et restai là à me demander comment le positionner pour passer sa douleur aux côtes.
- Tu comptes m'étouffer dans mon sommeil ? me demanda-t-il en désignant l'oreiller entre mes mains.
Son agressivité me tira un sourire.
- De mémoire pour soulager une côte cassée, il faut placer un coussin sous son dos. Enfin c'est ce qu'on avait dit à mon ex. Mais je sais même pas si c'est bien ça, ni où le mettre.
- C'est bon, j'ai pas mal.
- Ça c'est les médocs, tu vas voir dans quelques heures...
- C'est bon j'te dis.
- Toi qui vois. Je te mets de l'eau et des cachets ici. Abuse pas sur les cachets, et appelle-moi si besoin.
Je me dirigeais vers la porte avant de me retourner.
- Oh, et claque pas s'il te plait, j'ai pas envie d'avoir à expliquer tout ça aux flics.
Je vis l'ombre d'un sourire se dessiner sur ses lèvres, mais il se reprit rapidement.
- Je suis pas fragile, t'étonne pas si demain je suis déjà parti.
- Ça va te faire bizarre de prendre ton petit-dej' avec une fille, prépare-toi ! lui glissai-je avant de fermer la porte.
Il m'avait épuisée. J'attrapai un plaid avant de m'étaler sur mon canapé, et sombrai rapidement.
Je me réveillai en sursaut, haletante. Et s'il avait clamsé dans la nuit ? J'essayai de me raisonner, il allait très bien quand je l'avais quitté, il ne présentait aucun signe de traumatisme fatal. Oui, mais je n'étais pas médecin. Je regardai l'heure. 7:30. Si je le réveillais maintenant, il allait être désagréable. J'avais la curieuse sensation que peu importe l'heure il serait désagréable. Oui, mais il avait besoin de dormir. De toute façon je ne pouvais plus trouver le sommeil.
VOUS LISEZ
Et soudain...
FanfictionCe n'est pas le temps qui compte, l'important c'est ce qu'on en fait.