Je m'éveillais doucement, bercée par la lumière tamisée du petit matin, prenant le temps de contracter chacun de mes muscles pour les désengourdir.
Je pris soudainement conscience que je n'avais pas dormi seule, et fouillai les draps du bout des doigts à la recherche de l'homme qui avait partagé mon lit. Rien.
J'ouvris les yeux, soudain bien alerte, et constatai ma solitude. Il était parti. Peut-être avait-il regretté le réconfort qu'il m'avait offert la nuit dernière. C'était même certain. Après tout, il n'y avait rien entre nous, je n'attendais rien de lui, il n'attendait rien de moi.
Il avait pourtant été doux, réceptif, j'avais presque eu l'impression de redevenir femme dans ses bras. Je m'étais presque laissée aller sous sa peau. J'avais presque oublié mes blessures passées. Peut-être, était-il resté, mes plaies auraient finies par se refermer.
Mais je ne pouvais pas croire qu'avec une expérience aussi limitée, je puisse être capable de l'attacher à moi. Il avait connu trop de filles, embrassé trop de bouches, effleuré trop de cous pour accorder de l'importance aux quelques heures que nous avions partagées.
Je rougis d'embarras imaginant avec précision l'indifférence voir le mépris qu'il me portait. Je l'avais presque mis à la porte, puis lui avais sauté dessus, toute lunatique que j'étais. Mon comportement, l'incohérence de mes propos, de mes actions, il m'avait sûrement prise pour une folle, et moi-même j'avais du mal à me reconnaître dans l'absurdité de mes manières.
Je soufflai un bon coup.
Ça n'était qu'un coup de folie. Après tout, qui était-il pour me juger ? Il n'était qu'un figurant de ma vie, j'allais finir par l'oublier rapidement, lui ferait de même, et dans quelques mois plus rien ne resterait de cette nuit. Et c'était peut-être mieux ainsi.
Je jetai un coup d'œil à mon réveil : 7.30, j'allais être en retard. Je me dégageai brusquement de la chaleur de ma couverture et me précipitai mollement vers la cuisine pour me faire chauffer un café. La vision trouble, je n'avais vu pas la masse immobile plantée au beau milieu de la cuisine et me la pris de plein fouet.
Le corps lourd d'Hakim se retourna vers moi.
- Putain j'en ai partout !
Il tenait dans sa main une tasse à café à moitié vidée, tâchée du liquide brun sur les rebords, et écarta du bout des doigts son sweet trempé de sa peau.
- Désolée, je croyais que tu étais parti.
Ses yeux interloqués se posèrent sur moi.
- Tu voulais que je parte ?
- Non !
Mon interjection avait été plus forte que prévue. Fier, il contracta le haut de son corps avec un petit sourire entendu.
- Oh, ça va... me défendis-je.
- J'ai fait du café, m'ignora-t-il, me montrant sa tasse à moitié vide.
Je m'excusai rapidement en grimaçant et me ruai sur la cafetière, me rappelant soudain que j'étais en retard.
- Tu es pressée ?
- Il faut que j'aille au boulot aujourd'hui.
Ce fut à son tour de grimacer.
- T'inquiète bichon, ce soir j'ai prévu de rester collée à toi.
Je sentis une tape à l'arrière de ma tête « Bichon, t'es sah là... ».
J'étouffai mon rire dans ma tasse de café brûlant et grignai quand le liquide chaud incendiait mes lèvres.
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Et soudain...
FanfictionCe n'est pas le temps qui compte, l'important c'est ce qu'on en fait.