La journée du lendemain avait été difficile, j'avais peu dormi après les éléments de la veille et tenais à peine debout à 18 heures lorsque j'entamai mon ménage habituel au musée. Après avoir à peu près nettoyé le comptoir, je sortis du du bâtiment, fermant la porte derrière moi.
Je descendis prestement les quelques marches, bien décidée à rentrer chez moi le plus vite possible pour m'affaler sur le canapé. J'étais tellement concentrée sur mes plans pour le soir que je ne remarquai pas tout de suite la silhouette pourtant imposante d'Hakim, adossé à un lampadaire, les bras croisés.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis venu voir si tu allais bien.
Il n'était jamais venu au musée, je ne pensais même pas qu'il savait que je travaillais ici. J'avais dû lui en glisser quelques mots au détour d'une conversation sans vraiment faire attention.
- Ça va.
Un de ses sourcils se hissa, interrogateur, et je compris vite que je ne couperai pas à une petite explication sur que qu'il s'était passé la veille.
- Il m'a ramené, je suis rentrée, fin de l'histoire.
- C'était qui ?
J'aurais aimé ne plus parler de cet épisode, mais il semblait déterminé à connaitre le fin mot de l'histoire.
- Mon beau-frère. Le mari de ma sœur, Camille.
Il eut un geste de recul.
- T'as un condé dans ta famille et tu me l'as pas dit ?!
- C'est pas ma famille. Je pensais que tu l'avais compris ça, crachai-je entre les dents.
Ses yeux s'écarquillèrent de colère.
- Un putain de flic dans ta famille, répéta-t-il.
J'haussai le ton contre mon gré.
- Et s'il n'avait pas été mon beau-frère, il en serait où Sam maintenant ?!
- C'est pas la question, trancha Hakim, sec.
- Alors je veux bien essayer de comprendre, c'est quoi la question ? Parce que là je vois pas. Tu ne peux pas me tenir responsable des erreurs d'une famille, à qui je ne parle même plus !
- Le problème c'est que t'as pas jugé utile de m'en parler.
- Non, c'était pas utile non. Tu crois vraiment que j'allais prévoir qu'il allait débarquer comme ça ?
Il ne me répondit pas, mais son regard noir de jais me poignarda le cœur.
- C'est pour ça que tu es venu ? Pour me renvoyer les erreurs de ma famille ? Parce que tu vois, j'en suis plus consciente que n'importe qui. Alors oui, elle me dégoûte, oui, si je pouvais je préférerais mille fois avoir eu une mère dont je pouvais être fière, mais bordel je l'ai pas choisie, et j'en peux plus que ça me retombe toujours sur la gueule. J'en peux plus de la culpabilité qu'elle jette sur mes épaules.
Je repris difficilement ma respiration.
- Ma mère, mes frères et sœurs, ils sont élitistes, traditionalistes, racistes et vraiment cons. Tu le savais. Si t'es pas capable de m'accepter quand même, je vois pas ce que tu fais là.
Je repris le chemin de mon immeuble sans attendre de réponse et entendis le pas lourd d'Hakim derrière moi. Il gardait ses distances mais je pouvais sentir sa présence à la fois exaspérante et réconfortante. Exaspérante, parce que j'avais besoin d'être seule, je lui en voulais d'avoir réagi ainsi et n'étais pas prête pour une nouvelle confrontation. Réconfortante parce que c'était le signe qu'il n'était pas encore prêt à me laisser tomber, et peut-être même le signe d'une certaine forme d'affection.
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Et soudain...
FanfictionCe n'est pas le temps qui compte, l'important c'est ce qu'on en fait.