Mystère résolut, la veste était la sienne.
Je m'y emmitouflai un peu plus et le détaillai. Il n'était pas désagréable à regarder. Son air sombre avait presque disparu, les yeux clos il semblait beaucoup plus paisible. Cependant, même endormi, il gardait un air solennel, son corps droit, l'arrière du crâne posé contre la vitre, le visage lisse, neutre, comme toujours, il avait plus l'air de réfléchir à la vie que de dormir réellement. Décidément, il ne se détendait jamais vraiment.
J'abandonnai l'idée de me bouger et me rendormis presque immédiatement.
Mon sommeil fut de nouveau dérangé par la lumière qui essayait de s'infiltrer sous mes paupières. Je passai une main sur mon visage et ouvris difficilement les yeux. Il faisait jour. Je baissai le regard à la recherche de mon chien, mais la place qu'il occupait quelques heures auparavant était vide.Dans un sursaut je relevai le buste, soudain complètement acclimatée à la lumière, et m'aperçus il avait migré aux pieds du maghrébin qui le caressait.
- Je vais finir par te faire payer un loyer.
Je souris à sa remarque.
- Rêve pas trop, je suis très bien chez moi.
Je me dégageai de sa veste et la lui tendis en le remerciant.
- Garde-là, tu vas avoir froid.
Je le regardais interloquée.
- Pour ce matin, précisa-t-il. Je suis pas du genre à donner mes sappes gratos.
Sa proposition m'arrangeait puisque j'étais effectivement frigorifiée sans son cuir doublé.
- Pourquoi Boy ? demanda-t-il.
- Pourquoi tant de questions ?
Il haussa un sourcil. Je soupirai.
- C'est pas son prénom d'origine. Quand on l'a pris, mon ex l'avait appelé Booba. Je trouvais ça débile. J'ai contracté son nom en Boo et c'est devenu Boy.
- Booba... il a pas du tout une gueule de Booba.
C'est vrai qu'avec son pelage blanc, tacheté de noir, de marron, et de touches de gris, ses yeux bleus et doux, il n'avait rien d'un Booba.
- Il ne voulait pas de lui à l'origine. Il voulait un Pitbull.
- Et ça t'as fait peur ?
- Oui.
Il sourit en secouant la tête.
- Ce ne sont pas les chiens qui sont dangereux, ce sont leurs maîtres.
- Justement.
Il me lança un regard interrogateur. Il était complètement exclu que je continue cette conversation.
- J'ai faim, t'as un truc à manger ?
Une heure plus tard, je repris le chemin de mon appartement, Boy gambadant joyeusement à mes côtés. A peine arrivée, je pris mon sac et partis en direction du musée. Il était 9.30, j'allais probablement ouvrir avec quelques minutes de retard. Je pressai le pas, heureusement que le métro était presque vide le dimanche matin.
Les portes du musée étaient déjà ouvertes. J'entrai, silencieusement, cherchant des yeux l'intrus, et repérai une sacoche en cuir posée sur le comptoir, à côté d'un manteau type French coat.
- Tu es en retard.
Je me retournai dans un sursaut. Mon responsable, les bras croisés, avait l'épaule appuyée sur le chambranle de l'ouverture vers le musée.
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Et soudain...
FanfictionCe n'est pas le temps qui compte, l'important c'est ce qu'on en fait.