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- Ce soir, soirée chez Sam, déclara Hakim une fois arrivé à hauteur de mon immeuble.

- Je bosse demain, je suis claquée...

- J'te ramènerai chez toi.

Un de mes sourcils s'arqua. Pourquoi tenait-il à ce que je vienne ?

- Je viens te chercher dans une heure.

- Ça va, je connais le chemin.

- J'ai assez de soucis comme ça, j'vais pas te laisser marcher seule en plus.

Il y avait décidément quelque chose d'étrange dans son comportement. Son instinct de protection exacerbé me rendait méfiante.

- Tout va bien pour toi Hakim ?

- Comme toujours, tu crois quoi ?

Il pointa son doigt dans ma direction.

- Dans une heure, tu pars pas sans moi.

Je lui souris avec plus de tendresse que prévu, mais son ton devenu soudainement autoritaire le rendait touchant.

Comme prévu, une heure plus tard je dévalai mes escaliers. Hakim était là, un casque de moto dans les mains.

- C'est quoi ça ? fis-je en désignant l'objet.

- On appelle ça un casque, répondit-il dans un rictus. C'est fait pour protéger les petites têtes comme la tienne.

- Je pense que je peux encore marcher sans mettre ma « petite tête » en danger, répliquai-je.

Il s'approcha le moi et enfila le casque sur ma tête.

- Sauf qu'on ne va pas marcher aujourd'hui.

Il serra la sangle autour de mon cou et me fit grimper sur une cylindrée avant de prendre place devant moi.

- T'es sûr de toi là ?

- Tu flippes un peu là, non ?

- Non.

Oui.

- Accroche-toi.

Je devinai son sourire moqueur mais passai outre, posant une main molle sur son ventre, gênée par ce contact imprévu.

- Accroche-toi vraiment, tu vas pas me casser.

Je souris à sa remarque. Ça, c'était sûr. Je serrai mon étreinte autour de lui et, après avoir longuement fixé un point invisible de l'autre côté de la route, il démarra son engin et s'inséra dans la circulation parisienne.

J'essayais de paraitre détendue à l'arrière de la bête, lui, serpentant entre les voitures à vive allure, moi, agrippée à lui, la tête enserrée dans le casque étroit. Je contrastais ridiculement avec son assurance et son aise à chevaucher et dominer le monstre vrombissant sur lequel nous étions assis.

Quelques minutes plus tard, nous arrivions à destination, entiers. Je descendis maladroitement de la bécane et m'éloignai de quelques pas, histoire de mettre de la distance entre moi et l'engin maudit. D'une main tremblante, j'essayais sans succès de me défaire du casque et finis par m'énerver sur l'attache, la secouant dans tous les sens.

Il me regardait en souriant ouvertement.

- Putain !

Ayant pitié de moi, il s'approcha finalement de moi.

- Laisse-moi faire.

Ses doigts habiles me dégagèrent du casque en une seconde, et je pus enfin retrouver une respiration normale. Il m'ébouriffa légèrement les cheveux.

Et soudain...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant